La casa dell'esorcismo

Autres titres: La maison de l'exorcisme / The house of exorcism / The devil in the house of exorcism / Il diavolo e i morti
Réal: Alfredo Leone
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 90mn
Acteurs: Elke Sommer, Roberto Alda, Carmen Silva, Telly Savalas, Alessio Orano, Alida Valli, Espartaco Santoni, Sylva Koscina, Gabriele Tinti, Kathleen Leone, Franz Von Treuberg...
Résumé: Lisa, une jeune touriste américaine, est soudainement prises de convulsions en regardant une fresque représentant le Diable. Elle est conduite à l'hôpital où son état s'aggrave très vite. Son corps change, elle de transforme en une créature terrifiante et obscène. Un prêtre, le Père Michael, est persuadé qu'elle est possédée. On suit le parcours de Lisa et ce qui l'a conduite à devenir cette créature qui vomit crapaud et mélasse verte en proférant des propos orduriers et hérétiques...
Lorsqu'en 1975 sortit sur les écrans La casa dell'esorcismo / La maison de l'exorcisme le mystère quant à la paternité du film resta longtemps une énigme. Qui pouvait donc être ce Mickey Lion dont personne n'avait jamais entendu parlé jusqu'alors? Quel réalisateur apparemment italien avait pu tourner cette étrangeté, véritable imbroglio aussi maladroit qu'incompréhensible mais absolument fascinant, visuellement splendide. La réponse apparut bien plus tard et fait aujourd'hui sourire puisqu'elle est à l'image de ce qu'était le cinéma italien d'alors, une affaire de producteurs financièrement prêts à tout pour faire de


l'argent facile. Voici en quelques lignes la petite histoire de cette désormais fameuse Maison de l'exorcisme. En 1972 Mario Bava, le père fondateur du giallo et de l'épouvante gothique à l'italienne réalisait Lisa et le diable / Lisa e il diavolo, magnifique pellicule qui justement mélangeait subtilement les deux genres et faisait du film un petit chef d'oeuvre, très certainement le dernier film gothique italien. Ce joyau d'ambiguïté, aussi morbide que vénéneux, esthétiquement superbe, n'avait à l'époque trouvé aucun distributeur, Lisa et le diable n'était donc jamais sorti sur les écrans italien. En 1973 sortait L'exorciste de William Friedkin, succès au box office international et source d'inspiration pour de nombreux


metteurs en scène et producteurs, tout frétillants à l'idée de surfer sur la vague des films de possession diabolique. Alfredo Leone qui avait produit le film de Bava eut donc l'idée de demander, plutôt d'exiger du Maitre de remonter son film et d'y greffer une histoire d'exorcisme. Peu enclin à toucher à son bébé Mario Bava se vit coincé et fut obligé d'accepter. Certains acteurs du film furent donc rappelés dont Elke Sommer, l'héroïne principale. Roberto Alda, (le prêtre) vint compléter la distribution. Leone se mit à la mise en scène. Secondé de Lamberto Bava, Giorgio Maulini, Francesca Rusishka, Roberto Natale et un mystérieux Alberto Cittini il tourna les nouvelles séquences qui furent ajoutées au nouveau montage de Lisa et le Diable. La maison de l'exorcisme venait de naitre, fruit de


deux oeuvres collées l'une à l'autre. Furieux du résultat Bava qui refusa de tourner les scènes d'exorcisme et les nus de Carmen Silva par ses convictions religieuses renia la paternité du film et le raya de sa filmographie. C'est donc le nom américanisé d'Alfredo Leone (Mickey Lion) qui fut crédité en tant que réalisateur de ce collage purement financier qui à sa sortie fut descendu par la critique mais connut cette fois un joli succès d'estime auprès du public. Mais que vaut donc vraiment cette nouvelle transposition à l'italienne de L'exorciste?
Il ne faut pas vraiment chercher de logique à l'intrigue. On s'y perd même un peu, beaucoup. Lisa, une jeune touriste américaine, est soudainement prise de convulsions après avoir


regardé une fresque représentant le Diable. Elle est hospitalisée mais son état de santé s'aggrave très vite. Elle vocifère des obscénités, vomit de la bile verte, se contorsionne, son visage se déforme, elle vole. Le Père Michael, le prêtre qui lui a porté secours lors de son évanouissement, devient sa cible. Il est certain que Lisa est possédée par une entité diabolique. Entre temps et c'est là que tout se complique on suit Lisa dans ses souvenirs à moins qu'on ne soit projeté dans une sorte de vérité parallèle censé nous dévoiler le pourquoi du comment de cette possession. La jeune fille erre dans la ville, rencontre un étrange peintre-sculpteur-créateurs de marionnettes qui semble la poursuivre partout où


elle va. On la voit commettre le meurtre d'un homme avec qui elle avait rendez-vous mais qu'elle ne connait pas. C'est le portrait du pantin grandeur nature que transportait avec lui le sculpteur quelques minutes plus tôt. Elle monte dans une voiture où se trouve déjà un couple. Ils tombent en panne et trouvent refuge dans un étrange manoir perdu au milieu de nulle part tenu par une comtesse aveugle, son fils Max et leur majordome Leandro qui n'est autre que le sculpteur de pantins autrement dit le Diable lui même. Entre deux exorcismes on comprend plus ou moins que Max a tué sa femme après qu'elle l'ait trompé avec l'amant de sa mère. Depuis, il gardait son corps dans une chambre secrète, protégé par sa mère


qui voue à ce fils assassin un amour inconditionnel. Lisa serait le sosie de la défunte et c'est l'esprit de cette dernière qui aujourd'hui posséderait la pauvre Lisa. A la mort de Max, défenestré par les pantins qui ont pris vie, et de sa mère, le prêtre exorcisera à son tour la maison. Lisa est délivrée du mal. Elle s'en va.
Ceux qui ont vu Lisa et le diable auront plus de facilité à comprendre ce recyclage du moins à situer les personnages, notamment celui de la comtesse aveugle et de son fils Max qui en étaient les principaux protagonistes avec celui du sculpteur/majordome. A partir de la folie nécrophile de Max et de l'amour inconditionnel que lui voue sa mère Leone a réécrit un tout


nouveau scénario afin d'y intégrer une histoire d'exorcisme. Ce serait l'esprit de la défunte épouse qui posséderait la pauvre Lisa. Il ne faut peut-être pas chercher plus loin. Mais que vient donc faire le Diable ici? Il aurait été judicieux que ce soit Satan qui en effet possède notre jeune touriste puisqu'il veut l'emmener en Enfer avec lui d'après ce qu'on peut comprendre. L'identité du sculpteur/majordome est ici très claire: il est le Démon contrairement à son personnage dans Lisa et le diable, bien plus subtil et surtout ambigu. Il ne faut pas trop réfléchir, simplement prendre l'intrigue telle qu'elle arrive. Il ne faut chercher ni cohérence ni logique. Leone a assemblé les pièces du puzzle comme il le pouvait pour


assurer une certaine continuité au récit mais tout est si maladroit que le film en devient presque incompréhensible. Certains diraient que La maison de l'exorcisme est un vrai foutoir. On colle comme on peut, on colmate les trous tant bien que mal, on passe d'un espace-temps à un autre via de longs flashbacks appartenant pour la quasi totalité au film de Bava. C'est un bordel mais quel bordel!
La maison de l'exorcisme scintille de tous ses feux grâce aux séquences appartenant à Bava, superbes, flamboyantes, magnifiquement photographiées et mises en scène avec un sens de l'onirisme, de la poésie macabre assez extraordinaire, l'ensemble sublimé par les


musiques de Carlo Savina. En fait tout ce qui faisait la force de Lisa, un thriller gothique absolument fabuleux. Fades paraissent donc les séquences tournées par Leone, plus précisément les scènes de possession et d'exorcisme soit 90% de ce qui fut rajouté. Le producteur vénal fait dans la facilité et n'a fait que reprendre L'exorciste et les déformations corporelles et physiques de Linda Blair pour les adapter à son histoire. Elles fonctionnent parfaitement tant au niveau des effets spéciaux plutôt réussis qu'au niveau du langage ordurier qu'emploie Lisa. Rien ne manque, tout est là. Il faut voir Elke Sommer voler à travers les airs pour sauter sur le prêtre, marcher à l'envers, vomir une sorte de mélasse verte fluo


ou cracher des grenouilles! Il aurait été amusant de savoir comment Leone a réussi à convaincre l'actrice de reprendre ce rôle pour la transformer en une incube aussi ordurière. Il serait aussi intéressant de savoir si Elke eut recours à une doublure comme ce fut le cas pour Telly Savalas pour certains plans de dos. Un film de possession sans nudité n'étant pas imaginable Leone nous gratifie d'un nu frontal audacieux, celui de la femme du prêtre, ignoble tentatrice, qui apparait sur le lit de Lisa lors d'un exorcisme.
Il est difficile de juger un tel film. Ce patchwork pelliculaire est loin d'être un mauvais film. On


peut cracher sur de tels procédés vénaux mais il faut reconnaitre que La maison de l'exorcisme a son charme. Grâce aux séquences originelles de Bava bien sûr qui lui assurent cette magnificence visuelle, ce charme poétique. Pour en profiter pleinement mieux vaut revoir bien entendu l'original, le superbe, flamboyant et surréaliste Lisa et le diable. Vu comme un simple film d'exorcisme le puzzle de Leone fonctionne parfaitement. Il est même bien meilleur que d'autres "sous Exorciste" transalpins et peut facilement se positionner en haut de panier.