Occhio alla vedova!
Autres titres:
Réal: Sergio Pastore
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Sexy comédie
Durée: 86mn
Acteurs: Giovanna Lenzi, Saro Urzì, Francesca Romana Coluzzi, Edoardo Faieta, Daniël Sola, Ugo Fangareggi, Enzo Cerusico, Pinuccio Ardia, Alberto Sorrentino, Luigi Antonio Guerra, Vittorio Fanfoni, Francesco Bagagli, Roberto Chiappa, Sylva Koscina, Sergio Sagnotti, Maria Grazia Spadaro...
Résumé: La jeune et opulente Concetta est mariée à Oreste, un petit mafioso qui un jour est abattu. Don Vito pour qui il travaillait aimerait récupérer les 100 millions de lire qui lui appartiennent et qu'Oreste détiendrait quelque part. Concetta n'est au courant de rien mais l'idée d'être riche ne lui déplait pas. Plusieurs prétendants aimeraient l'épouser mais les hommes de Don Vito veillent à ce qu'elle ne se remarie pas afin d'être sûrs que les futurs éventuels époux ne s'emparent pas du magot...
Pour les amateurs de gialli le nom de Sergio Pastore évoque surtout l'argentesque Sette scialli di seta gialla, un classique du genre. Pour d'autres, peut-être plus pointus, ce sont ses drames pour la plupart méconnus voire aujourd'hui oubliés qu'ils retiendront de son parcours filmique étendu sur quasiment vingt ans. Avant d'entamer une longue parenthèse de plusieurs années puis d'aborder les années 80 Pastore s'essaya à la comédie, en réalisant en 1975 Occhio alla vedova!, une discrète sexy comédie sicilienne sur fond mafieux.
Quelque part dans un petit village en Sicile. L'opulente Concetta Li Lausi est mariée à un petit mafioso, Oreste, qui travaille pour Don Vito Siracusa, ce qui pour elle n'est pas toujours de tout repos. Mais voilà qu'un jour Oreste est abattu. Concetta se retrouve veuve et n'a plus que ses yeux pour pleurer la disparition de son Oreste. Le jour de son enterrement elle reçoit la visite de Don Vito qui lui apprend que Oreste avait en sa possession cent millions de lires qui lui appartenaient et qu'il aimerait bien sûr récupérer. Concetta lui jure qu'elle n'en avait jamais entendu parler jusqu'à ce jour et qu'elle ignore où Oreste les a caché. L'idée d'être riche ne lui déplait bien évidemment pas et retrouver cet argent lui traverse l'esprit.
Très peu de temps après elle reçoit une convocation du notaire, la même que reçoit le maire Leopoldo Donnarumma. Il s'agit du testament d'Oreste. Ce dernier souhaite que Concetta épouse le vieux maire afin d'être à l'abri du besoin. Concetta n'a pas d'autre choix que d'accepter d'autant plus que son argent ne la laisse pas indifférente. Le soir de sa nuit de noces elle a une idée: se montrer nue face à son nouveau mari afin qu'il meurt d'une crise cardiaque. Le plan fonctionne. Concetta a deux autres prétendants, Marcello un jeune et séduisant fermier originaire de Bologne et Carlo le facteur intrusif et idiot. Mais la mafia veille. Don Vito refuse que Concetta se remarie, craignant que ses 100 millions de lires ne
disparaissent. Deux mafiosi veillent donc discrètement sur elle et empêchent quiconque de l'approcher de trop près. Au final ce ne sera ni Marcello ni Carlo qui épouseront la riche et belle veuve puisqu'en fait elle va découvrir qu'Oreste n'est pas mort. Il s'est réfugié à Marseille sous un faux nom et réside dans un hôtel de luxe. Ils se débarrassent des mafiosi et embarquent pour New-York avec l'argent.
Sergio Pastore n'a rien inventé. La sexy comédie sicilienne a connu bien mieux et plus original également. L'histoire donc de cette jeune et jolie veuve certes inconsolable mais désormais riche courtisée par plusieurs prétendants ne réinvente ni le genre ni ne lui
apporte un peu de sang neuf. Pastore ne sort jamais des sentiers battus. Il se contente simplement d'accumuler les lieux communs sur la culture sicilienne et la mafia et d'user des poncifs du genre sur fond d'intrigue quelque peu tirée par les cheveux. On s'ennuierait presque si le réalisateur n'avait pas un réel sens de la mise en scène. Voilà un premier point qui sauve le film de l'indifférence. Le second atout c'est tout bonnement l'interprétation dominée par l'opulente Giovanna Lenzi et ses faux airs de Ria De Simone, l'actrice fétiche de Pastore, parfaite dans le rôle de Concetta. Sa verve, sa lingerie et ses décolletés généreux donnent à cette comédie tout son piquant aidé en cela par une troupe de joyeux comédiens
incarnant pour certains des personnages plutôt drôles. Concetta est ainsi entourée du vétéran sicilien Saro Urzi dont ce sera un des tout derniers rôle avant sa disparition l'année suivante, Ugo Fangareggi (Carlo le facteur qui annonce régulièrement sa venue à coups de fusil), Enzo Cerusico (Oreste) qu'on a cependant connu plus en forme, Francesca Romana Coluzzi qui joue ici les espionnes pour Don Vito et le séduisant français Daniël Sola (Marcello) dont ce sera l'ultime apparition à l'écran. On notera l'apparition éclair de Sylva Koscina en fin de bande et du générique Alberto Sorrentino dans la peau du vieux notaire atteint de lombalgie qui reçoit Concetta et le maire à son étude, un moment cocasse de
cette pellicule dont le troisième atout est tout bêtement son décor et sa bande originale signée Manuel De Sica. Il est toujours agréable de revoir les magnifiques paysages siciliens joliment mis en valeur ici par une très belle photographie tout comme il est toujours plaisant d'écouter de belles ritournelles et autres mélodies qui fleurent bon le sud de l'Italie. Tout un folklore dont on ne se lasse pas. Beaucoup moins belle, moins bonne (et fofolle aussi) est par contre la partie française tournée à Marseille, grise et terne, qui tranche nettement avec la beauté ensoleillée de la partie italienne. Moins bonne aussi dû à un final peu recherché, un brin décevant, et une bagarre de tartes à la crème dont on aurait pu se passer.
Aussi discrète soit-elle cette sexy farce sicilienne coproduite avec la France n'en est pas pour autant désagréable. Elle se laisse regarder avec un certain plaisir ne serait-ce que pour les courbes de Giovanna Lenzi et son ambiance typiquement sicilienne. C'est peu certes mais c'est déjà pas si mal pour ce petit divertissement à l'italienne aujourd'hui assez difficilement visionnable comme la majorité des oeuvres de son auteur. Une autre raison peut-être de le découvrir. Occhio alla vedova! sera le dernier film que tournera dans les années 70. Après une pause de sept ans il ne reviendra qu'en 1982 avec une série de comédies et un thriller avant de nous quitter prématurément.