Zero in condotta
Autres titres: Double zéro de conduite
Real: Giuliano Carnimeo
Année: 1983
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 91mn
Acteurs: Tiziana Altieri, Antonella Lualdi, Gianfranco Barra, Attila Borzini, Federica Borzini, Orsetta Gregoretti, Elena Sofia Ricci, Alan Gerbi, Dario Ghirardi, Angelo Maggi, Ornella Pacelli, Marco Piemonte, Giacomo Rosselli, Annabella Schiavone, Sebastiano Somma...
Résumé: L'Italie dans les années 60. Un groupe de lycéens mené par Renato surnommé Speedy Gonzales (l'homme qui éjacule plus vite que son ombre) est en dernière année de lycée et doit bientôt passer le bac. Mais ils sont bien plus intéressés par les filles et jouer les cancres que par les révisions surtout Renato qui ne peut s'empêcher de tomber amoureux de ce qui porte jupons...
La comédie scolastique aurait fait les beaux jours d'un certain cinéma populaire italien dés le milieu des années 70 avec la longue série des "Collégiennes ", "Lycéennes" et autres "Profs" dans lesquels s'illustrèrent entre autres la juvénile Gloria Guida, Edwige Fenech, Anna Maria Rizzoli et Nadia Cassini d'un coté, Alvaro Vitali, Renzo Montagnani, Gianfranco D'Angelo, Lino Banfi et Mario Carotenuto de l'autre. Si le genre brilla durant presque cinq longues années force est de reconnaitre que la comédie scolastique, à l'instar de la sexy comédie, n'avait plus grand chose à dire et à prouver à l'aube des années 80. Elle tenta de survivre à la
lente agonie de ce cinéma populaire sous la houlette de réalisateurs qui eux mêmes essayaient de garder la tête hors de l'eau mais dans la majorité des cas les tentatives de redonner un peu de souffle à ces comédies juvéniles en leur apportant la fraicheur des années 80 furent vaines, au mieux bien insipides. Zero in condotta qui n'est en rien un remake du célèbre Zéro de conduite de Jean Vigo en est un nouvel exemple.
Après s'être illustré dans le western puis tenté une incursion dans le thriller Giuliano Carnimeo s'est dés le milieu des années 70 orienté vers un cinéma plus populaire en signant quelques gentilles comédies dont une avec Edwige Fenech (La signora gioca bene
a scopa?) avant d'entamer une série de sexy comédies oubliables dés 1979 (La vamp du bahut, La championne du collège...). C'est avec Zero in condotta qu'il débute la décennie suivante de manière encore plus oubliable. Résumer ce film tient en deux lignes. On suit les tribulations d'un groupe de lycéens dont c'est la dernière année au lycée. Les examens de fin d'année approchent mais nos trublions, plus précisément trois d'entre eux, sont plus intéressés par les filles et faire enrager leurs professeurs notamment de mathématiques, Mr Gelmetti, que par leurs révisions. Parmi eux il y a Renato surnommé Speedy Gonzales, il est éjaculateur précoce, qui tombe amoureux toutes les cinq minutes. Renato à qui ses parents
serrent pourtant la vis a des vues sur Anna Maria mais rien n'est facile. Après bien des pitreries il finira par avoir son bac un peu aidé par Gelmetti. Le scénario est d'une simplicité extrême, l'intrigue est tout aussi simpliste. C'est le scénariste qui aurait mérité un joli zéro pointé pour un tel manque d'imagination. En fait durant quasiment 90 minutes on assiste à une série de gags usés jusqu'à la corde, vus et revus, tant et si bien qu'ils n'en sont même plus drôles, tellement prévisibles en plus. Même ceux qui se veulent triviaux (le cancre qui urine dans le réservoir d'essence, Renato qui défèque dans la voiture du prof pour faire croire que c'est son chien) tombent à l'eau et ne sont ni choquant ni amusant. Et quoi de plus
ennuyant qu'une comédie qui à aucun moment ne réussit à faire décrocher ne serait-ce qu'un petit sourire? Ou est donc la grande époque des Gloria Guida et des Edwige Fenech? Ou est donc cette folie, cette bonne humeur, ce coté si "osé" qui définissait le genre? Et ne comptez pas sur le coté coquin pour vous raccrochez à quelque chose. Il n'y a pas la moindre trace d'une petite culotte nulle part, pas un seul nu, pas même un sein délibérément ou non dévêtu. Rien! Nothing! Nada! Niente! On drague, on se court après, on crie, on danse beaucoup en soirées ou en clubs mais on ne fait rien d'autre pendant 90 minutes. Et le spectateur s'ennuie et s'énervera de voir Renato / Speedy Gonzales (même cette trouvaille
d'éjaculateur précoce n'est pas drôle car tellement mal utilisée) passer son temps à courir et sauter dans tous les sens, se prendre des gifles par son père. Encore plus étrange est l'anachronisme dont fait preuve cette comédie censée se dérouler en 1961 (ce qui aurait pu être original) mais nos lycéens sont bizarrement habillés dans le plus pur style années 80 et les décors ne font en rien penser à ces années là! Seule la bande originale composée de standards du rock 50s/60s tend à montrer que nous sommes bel et bien à l'époque de nos grands-parents et non en 1983, c'est aussi un des rares points positifs du film.
Que dire de la distribution et de l'interprétation? Carnimeo semble avoir mis un point
d'honneur à rassembler un groupe de comédiens tous plus physiquement ingrats les uns que les autres qui ont tous visiblement dépassé l'âge de jouer les lycéens, l'insupportable Angelo Massi en tête (Renato), vite énervant à force de s'exciter et courir dans tous les sens. Giacomo Rosselli (Gino) et Ennio Antonelli connaitront par la suite une certaine renommée grâce à la très populaire série I ragazzi della Terza C. Le carnassier Sebastiano Somma, ex-modèle pour roman-photo, se fourvoiera par la suite dans quelques productions érotiques (A 16 ans dans l'enfer d'Amsterdam, La fille aux bas nylon) avant d'entamer une carrière exclusivement télévisée. Quant à la plupart des actrices (toutes portant un surnom: la fétide,
le glaçon bouillant, la chaudasse, la sainte...) elles ne connaitront qu'une très courte carrière cinématographique dans des productions bis de bas niveau (Iron warrior, Urban warriors...). Signalons la présence de la pauvre Antonella Lualdi en fin de parcours recyclée ici en épouse frustrée s'offrant un petit jeune, notre Renato / Speedy Gonzales, sur fond de Mina (qui chante justement Renato).
Tourné dans des décors miséreux souvent laids qui témoignent de la pauvreté du budget Zero in condotta ouvrait l'ère d'une nouvelle génération de comédies scolastiques souvent insipides, fades, (très) peu imaginatives ou originales, une série de films qui
malheureusement tournait à vide, reflet de ces années 80 qui voyaient le cinéma de genre mourir à petit feu. Si certaines comédies connaitront le succès (Il sapore del mare) la plupart passeront inaperçues. C'est le cas de ce Double zéro de conduite et de Chewingum de Biagio Proietti que le film de Carnimeo annonçait plus ou moins.
Tout au long des années 80 la comédie juvénile tout comme la sexy comédie a connu certes bien pire que Zero in condotta. Produit par Luciano Martino le film de Carnimeo est tout bonnement fade et insipide, d'une évidente pauvreté tant technique que scénaristique, souvent mal amené mais il pourra en faire sourire (rire?) certains, du moins les plus indulgents ou les plus légers d'entre eux. C'est déjà ça. Avec cette comédie Giuliano Carnimeo bouclera de manière bien terne son parcours cinématographique puisque suivront en effet les très mauvais Ratman et Computron 22, deux séries Z alimentaires dont il peut rougir. Alors, élève Carnimeo, zéro de conduite? Pour une telle fin de carrière oui et avoir si mal repompé le gag du sexe dans la boite de pop corn génialement amené dans la tout aussi génial La boum de Pinoteau.