Mondo bizarro
Autres titres: Vild sex
Real: Lee Frost
Année: 1966
Origine: USA
Genre: Mondo
Durée: 80mn
Acteurs: Claude Emmand (narrateur)
Résumé: Un petit tour du monde durant lequel on assiste à quelques événements, traditions, coutumes étranges en cette fin d'années 60, le sexe étant le plus souvent en filigrane...
Le plus souvent dissimulé sous divers pseudonymes, Lee Frost reste un des principaux investigateurs du mondo américain avec à son actif quelques dix films du genre coréalisés la plupart du temps avec son compère Bob Cresse. Mondo bizarro tourné simultanément avec Mondo Freudo fait partie de la liste de ces pseudo documentaires mis en scène par l'infernal duo qui cette fois nous entraine dans un voyage au coeur des étrangetés de notre monde, ce monde qu'ils comparent à un fromage envahi de vers! Voilà qui promet sauf que l'excitation de vivre un moment exceptionnel va vite retomber.
De bizarre, d'étrange, de singulier, d'inhabituel disons le de suite il n'y a rien, strictement rien. Tout est mensonger jusqu'au titre mais une chose est certaine: tout est faux, archi faux. Mondo bizarro est un faux documentaire entièrement fabriqué en studio qui n'est contrairement à certains n'est même jamais ni drôle ni amusant encore moins hilarant. Le film s'ouvre sur une caméra cachée dissimulée dans une cabine d'essayage où les femmes se succèdent soit un défilé de donzelles de toute nationalité en petite tenue dont une, de couleur, qui n'arrête pas de se gratter les fesses et une autre qui ne parvient pas à rentrer ses énormes seins dans son soutien-gorge. On part ensuite pour un tour du monde, une
visite des cinq continents pour y découvrir des choses parait-il incroyables. Nous voilà donc aux Bahamas, à Nassau, pour assister à un rite vaudou, une célébration ancestrale durant laquelle un nouveau-né était jadis tué puis démembré pour satisfaire le Dieu de ces peuplades noires... aujourd'hui civilisées précise t-on bien! On ne tue donc plus un bébé mais on égorge un poulet et on danse frénétiquement! Nous voilà déçus... encore plus attristés que le rite soit filmé en caméra caché, de loin, très loin, de surcroit la nuit. On ne voit strictement rien si ce n'est des torches et des silhouettes se déhancher! Absurde et inutile comme le reste du film. Aux Etats-Unis on est témoin d'une séance de drague homosexuelle
avortée car l'homme n'ose pas accoster. Quel benêt! Arrive une caméra cachée dans un salon de massage à Kyoto, c'est interdit de filmer voilà pourquoi elle est cachée. Qu'on ne soit pas trop peiné. Il ne passe rien d'extraordinaire si ce n'est que la Geisha a des pratiques de massage assez brutales et bien peu érotiques. Elle finit par casser des oeufs sur le corps du client pour le transformer en omelette. Ca détend parait-il. On assiste ensuite à un spectacle australien où un fakir s'allonge sur un lit de clous rouillés non stérilisés (c'est important nous dit-on) avant de se transpercer la joue avec une aiguille. Divin prétend-t'on. Peut-être mais malheureusement vu et revu comme ce mangeur de verre qui au restaurant
croque sa gourmandise sur un bruitage exagérément excessif. On y croit bien évidemment. En Italie on bronze seins nus à Pâques pendant que d'autres visitent une galerie d'art dans laquelle sont uniquement exposés des nus féminins. D'autres préfèrent les corps masculins comme cette artiste-peintre pour qui un noir particulièrement musclé mais surtout fort laid pose nu. Milieu d'années 60 oblige l'ombre du Vietnam plane sur l'Amérique et l'art se retrouve également sur les pancartes de jeunes manifestants à travers leurs slogans parfois biens singuliers. Pour finir on fait la connaissance d'un sculpteur-photographe hystérique qui prend des clichés de femmes tout en dansant puis il découpe les photos et assemble les
morceaux pour en faire une sculpture. Nous en sommes au trois-quart du métrage déjà. Voilà qu'arrive enfin le clou du film, la séquence clé, celle qu'on retiendra tous et qui fait que Mondo bizarro mérite d'être vu, une séquence qui surement en choquera plus d'un mais en ravira tant d'autres.
Nous sommes en Allemagne, à Hambourg plus précisément. On y joue sur scène depuis des années un spectacle antisémite d'une saisissante glauqueur en mémoire (honneur?) du nazisme. Une fillette juive jouée par une comédienne à couettes berce sa poupée quand deux soldats SS font irruption dans le grenier où elle est censée se cacher. Ils l'emmènent
dans un bureau où un bel officier borgne l'interroge qui grâce à des bandes audio d'époque parle avec la voix d'Hitler sur fond de bruit de bottes, pour plus de réalisme nous apprend t-on. Elle est frappée, déshabillée, pendue par les mains puis fouettée jusqu'au sang au son de chants allemands. Si l'officier est en transe le public l'est tout autant. Les spectateurs se délectent de ce spectacle, s'en réjouissent. Les yeux brillent, les lèvres se pincent de plaisir, des rictus se forment sur les visages en admiration. L'aspect malsain mais surtout tendancieux de la séquence pourra choquer et déranger un certain public mais elle réjouira sans nulle ombre d'un doute tous les amateurs de nazisploitation qui y trouveront tout ce
qu'ils demandent pour assouvir leur soif de perversion. Un petit régal devenu culte qui d'une certaine façon annonce le futur Spécial camp 7 du cinéaste.
Arrivent les vingt dernières minutes (Frost était-il à court d'idée?) durant lesquelles nous sommes les témoins privilégiés d'une vente d'esclaves dans le désert libanais. Des femmes nues sortent de caisses en bois, sont exposées à de riches émirs qui les tâtent, les inspectent et les achètent. Si c'est une blonde Bingo! c'est le jackpot. L'ultime vente est celle d'un jeune et solide noir joliment musclé qui servira de boy à l'émir anonyme cette fois qui l'achète. Filmé de loin sous forme de caméra cachée puisque la traite des blanches est pour
mémoire interdite à ce jour, répétitif, longuet, cet ultime segment lasse rapidement et donne l'impression de remplissage même si le film ne fait que 80 petites minutes.
Si Mondo Freudo était déjà ennuyeux au possible, loin très loin de tenir les promesses de slogans vénéneux Mondo bizarro l'est encore plus. Rien ne sauve ce faux documentaire de la plus totale insipidité hormis sa séquence nazie jouissive (même s'il manque ce petit viol qu'on attendait tous bave aux lèvres), petit Graal perdu dans une mer d'insipidité. Si on espérait donc un joli fromage nauséabond infesté de vers c'est le film tout entier qui est bien pourri.