The acid eaters
Autres titres:
Real: Byron Mabe
Année: 1968
Origine: USA
Genre: Comédie psychédélique
Durée: 62mn
Acteurs:
Résumé: Un groupe de business men et de yuppies organise un voyage dans le désert afin de tromper leur ennui. Ils découvrent une pyramide gigantesque composée de cubes de LSD. Ils décident de l'escalader tout en ingurgitant l'acide. Ils finissent par pénétrer à l'intérieur où Satan en personne les y attend...
Acteur metteur en scène l'américain Byron Mabe a réalisé dés le milieu des années 60 une poignée de petits films de pure exploitation délirants, des productions underground farfelues de bien mauvais gout parfois, toutes teintées d'un érotisme qui n'est pas sans rappeler les bons vieux nudies. Des monstres humains d'un cirque du fétide She freaks aux extra-terrestres exubérants de The space thing en passant par les pirates lubriques de The lustful turk et le psychopathe des montagnes de The bushwackers Mabe a su créer un univers de folie dans lequel les genres se mélangeaient avec saveur. Réalisé en 1968 The acid eaters
comme son titre l'indique est une incursion dans le monde du cinéma psychédélique alors très à la mode, une folie solaire comme seul Mabe pouvait en imaginer.
Afin de briser leur ennui, un groupe de yuppies et d'hommes d'affaires se réunit chaque vendredi dans le désert afin de tenter d'y trouver un peu d'excitation et surtout une mystérieuse pyramide nommée la pyramide blanche.. Après s'être baignés et organisé une séance de body painting ils se mettent à sa recherche. Ils traversent le pays à moto, multiplient les aventures bizarres et finissent par découvrir la fameuse pyramide dressée au milieu de nulle part. L'édifice est composé de gros cubes de LSD. Ils décident aussitôt de
l'escalader, s'arrêtent en plein parcours pour faire l'amour sur les rebords des parois tout en ingurgitant de gros morceaux d'acide. Ils pénètrent finalement à l'intérieur de la pyramide. Ils y rencontrent le Diable en personne qui, tout frétillant, les y attendait. Une des jeunes femmes entame une danse tribale, les couples s'enlacent pour le plus grand plaisir du Diable qui les invite à la luxure. Cela se termine donc par une orgie.
Un tel scénario ne pouvait que nous réjouir tant il semble diaboliquement alléchant et surtout délirant. Force est de constater que les promesses sont loin d'être tenues. The acid eaters est une sorte de comédie grotesque surréaliste sans queue ni tête, à mi chemin entre le
cartoon (pour les cartons explicatifs) et l'absurde (pour l'humour et les gags à la Benny Hill). Que l'intrigue n'est aucun sens n'est pas en soi une gêne. Plus embarrassant est qu'elle soit réduite à son minimum. Un tel sujet débouchait sur un univers visuellement riche, extravagant, délirant ouvert à tous les débordements. The acid eaters aurait pu être un véritable trip sous acides ce n'est au final qu'une série de sketches idiots qui n'ont que peu de rapport avec l'histoire elle même. Hormis un ou deux gags plutôt originaux (les sables mouvants) l'ensemble ne décolle jamais vraiment.
En fait Mabe semble gravement manquer d'imagination. peut être est ce lui qui aurait eu
besoin d'un peu d'herbe magique pour stimuler son esprit. Malgré une durée étonnamment courte (62 minutes) The acid eaters ennuie plus qu'il ne distrait tant il traine en longueur et accumule les scènes qui sentent le remplissage. Après une ouverture qui ressemble à une cour de récréation (la baignade, le body painting) et un cat-fight qui finit dans les sables mouvants (sous lesquels un chef indien et un grand-père jouent aux échecs) il ne se passe rien. Mabe nous balade nonchalamment à moto à travers le pays en accommodant le tout de quelques gags cartoonesques interminables (la douche dans la foret). On attend les yeux à demi-clos la découverte de la fameuse pyramide qui arrive enfin lors des vingt dernières minutes.
Ce qui devait être le clou du spectacle s'avère si décevant. L'idée d'un édifice fait de LSD qu'on ingurgite tout en l'escaladant était franchement démentielle, propice à bien des délires d'autant plus qu'à l'intérieur y règne le diable. Peu inspiré Mabe se contente de montrer un univers multicolore très 60s au milieu duquel trône un diablotin hilare en déguisement de carnaval, une fourche en plastique à la main pour piquer les fesses des visiteurs. En fait il s'agit de l'un d'entre eux. Quelques embrassades en bikinis, seins nus sur une rambarde, un joint, une interminable et ennuyeuse danse tribale. Voilà ce qui attend le spectateur à l'intérieur de cette pyramide en polystyrène avant de conclure, Satan oblige, sur une note de
luxure sous acide, une partouze générale juste après que le démon farceur ait grâce à quelques cubes de LSD réalisé le voeu de chacun des invités. La drogue et les paradis artificiels sont la clé de tous les rêves, on le savait déjà surtout en ces années bénies. Une fin réellement prometteuse mais avortée qui laisse donc sur sa faim le spectateur frustré tant le concept était excellent mais laissé à l'état d'embryon. The acid eaters est un délire d'un bout à l'autre frustrant, une déception aux couleurs psychédéliques jouée par une troupe
d'acteurs tous plus laids les uns que les autres mais qui se dévêtissent très vite du moins les femmes pour s'exhiber la gorge à l'air. Les amateurs de gros seins seront ravis et c'est peut être là un des rares atouts du film.
Ceux qui aiment l'humour par l'absurde pourront peut être rire mais de manière générale cette bande dessinée pour adultes risque surtout de faire flop faute à son manque d'imagination et surtout l'ennui et la frustration qu'elle génère tant elle n'exploite jamais à fond son extraordinaire potentiel. Les amateurs de psychedelic movies n'y trouveront jamais
vraiment leur compte encore moins les fans de musique rock estampillée fin années 60, The acid eaters se noie la plupart du temps dans une bande originale aux sonorités rock jazzy souvent fastidieuse. Demeure une petite curiosité d'exploitation ébouriffée complètement farfelue, un gag multicolore sex drug and rock'n'roll qui malheureusement passe à coté de son sujet pourtant si riche. Voilà certainement la plus grosse déception à la découverte de ce bubble gum psychédélique.