Ursus il terrore dei Kirghisi
Autres titres: La terreur des Kirghiz / Ursus la terreur des Kirghiz / Hercules prisoner of evil / Ursus el terror del Kirguistan
Real: Antonio Margheriti / Ruggero Deodato
Année: 1964
Origine: Italie
Genre: Peplum
Durée: 90mn
Acteurs: Reg Park, Ettore Manni, Mireille Granelli, Furio Meniconi, Lilly Mantovani, Maria Teresa Orsini, Serafino Fuscagni, Giulio Maculani, Ugo Carboni, Claudio Scarchilli, Piero Pastore, Gaetano Quartararo, Claudio Ruffini...
Résumé: Un monstre sème la mort sur les terres d'Ursus, chef des Kirghis, et de Zerteli, chef des Tcherkis. Zeretelli entend bien se servir de la présence de cette créature pour annihiler les hommes d'Ursus et tuer ce dernier afin de régner en maitre absolu sur toutes les terres de la région aux cotés de la future reine Aniko malheureusement pour lui amoureuse de Ursus. Surgit alors le frère de Ursus Ylo...
Si Ursus il terrore dei Kirghisi est souvent considéré comme le premier film qu'ait dirigé Ruggero Deodato, cela n'est pas tout à fait exact. Le film fut en effet réalisé à quatre mains, Deodato ayant été secondé par Antonio Margheriti avec qui le jeune metteur en scène avait auparavant travaillé sur quelques uns de ses films. Du fait que Margheriti avait alors gagné une solide réputation dans le métier grâce à ses antécédents filmographiques sa présence sur le plateau devait être limitée. C'est ainsi que les deux réalisateurs se partagèrent le travail, Margheriti se consacrant avant tout aux effets spéciaux et au visionnage des rushes. Il
fut également responsable des deux premières semaines de tournage tandis que Deodato se retrouva derrière l'objectif durant les deux dernières semaines. Il quitta le navire alors que le film était en phase de production et clame haut et fort aujourd'hui qu'il n'a jamais considéré ce film comme l'un des siens et avoue même ne l'avoir jamais vu. Ce sont pour des raisons uniquement contractuelles que Margheriti est crédité au générique comme seul metteur en scène et Deodato comme assistant réalisateur.
Ursus, chef du clan des Kirghiz, est en guerre contre celui des Tcherkis mené par le cruel Zereteli qui n'a qu'une idée en tête, écraser Ursus et les siens afin de devenir Grand Khan et
régner sur la totalité des terres auprès de Aniko, la future reine qu'il souhaite épouser. Un énigmatique monstre sanguinaire doué d'une force surhumaine nommé le Vautour fait des ravages dans les deux clans. Zereteli compte bien s'en servir pour l'aider à détruire Ursus et ses hommes. C'est alors que débarque Ilo, le frère de Ursus. Celui ci tombe amoureux de Aniko ignorant qu'elle est de son coté éprise de Ursus qu'elle voit en secret dans une grotte. Soupçonnant cette idylle Zereteli tente de les surprendre. Il parvient à capturer Ylo et enferme Aniko dans la grotte ignorant que le vautour s'y cache également. Blessé par le monstre Ursus ne peut venir à leur secours. Ylo réussit à s'évader. Ursus guéri par un mage est de
nouveau prêt à combattre. Après une dure bataille Zereteli est vaincu. Reste aux deux frères à sauver Aniko des pattes du monstre. Ils ignorent encore que c'est Aniko qui grâce à la magie noire a donné vie à cette créature afin d'avoir Ursus à elle seule et de pouvoir régner en maitre absolu sur toute la région.
Deodato avoue volontiers que le peplum n'a jamais été son genre malgré son travail sur Ursus nella valle dei leoni de Carlo Ludovico Bragaglia. Ce désamour se ressent dans cette cinquième et ultime aventure de Ursus, un héros mythologique moins populaire que Hercules et Maciste, à qui il manque cette fois un peu trop de souffle. Dire que Ursus ennuie
serait injuste il est tout simplement sans réelle surprise et dénué de véritable suspens. Si le fameux monstre anthropomorphe proche du loup-garou de par l'apparence et les transformations devait être la vedette du film, mal traité il perd toute sa saveur et surtout toute son aura de mystère. Il est en effet très facile de deviner son identité également révélée à travers le titre. Ne reste plus qu'à attendre à quoi sont dues ces métamorphoses, des explications guère convaincantes car mal amenées qui viendront lors des ultimes minutes. Margheriti introduit des notions de sorcellerie, de magie noire, d'outre magique plutôt incongrues qui rendent le récit quelque peu incohérent. Les transformations / apparitions "schyzophréniques" du monstre paraissent alors tirées par les cheveux pour celui qui se veut un tantinet rigoureux.
Difficile également de cerner où se situe réellement cette histoire qui du péplum n'en garde que quelques petits éléments dont Ursus lui même, être mythologique à la force herculéenne. Sommes nous en Italie, en Grèce ou plus vers les pays de l'Est, les frontières russes, comme le laisserait supposer certains noms et termes utilisés et certaines influences. Nous avons en effet deux tribus aux noms barbares, les Kirghiz et les Tcherkis, un roi appelé le Grand Khan, des terres aux noms plus latins comme le territoire de Meriva et des danses cosaques. Les costumes n'aident guère à se repérer puisqu'ils évoquent tour à tour le péplum italien traditionnel, des tendances plus slaves (les guerriers de Zereteli) ou
plus orientées moyen-orient (Aniko) quand ils ne sont pas par instant anachroniques. Difficile donc de classer cette petite pellicule hybride qui tente de mélanger péplum, film d'action historique (la partie finalement prédominante) et film d'épouvante.
Quant à la mise en scène elle alterne de bons moments à des passages plus insipides. On sent la différence entre les séquences tournées par Deodato, plus faibles, et celles faites par Margheriti, plus énergiques, des inégalités de narration qui nuisent au bon déroulement du métrage. L'interprétation n'a rien d'exceptionnelle. Chacun donne ce qu'il peut, ni plus ni moins. Une chose est cependant certaine, le choix du culturiste anglais, ex-Monsieur univers, Reg Park dans le rôle d'Ursus n'est pas le plus judicieux. Révélé dans le rôle d'Hercule dans Hercule contre les vampires de Mario Bava Park traine sa silhouette pataude et son visage
inexpressif tout au long du film, le brushing impeccable, donnant souvent le sentiment qu'il s'ennuie... et nous ennuie donc par la même occasion. Ettore Manni, également producteur du film, relève fort heureusement le niveau d'un cran aux cotés de son épouse d'alors la française Mireille Granelli dans le rôle d'Aniko et parvient même à faire oublier Reg Park souvent relégué au second plan.
La terreur des Kirghiz est un simple un petit divertissement hybride plutôt translucide mais jamais ennuyant, pas forcément très inspiré, dont on retiendra essentiellement quelques scènes (les attaques du monstre, le cataclysme et la chute des eaux...), une jolie
photographie aux couleurs chatoyantes (la grotte secrète) au travers de laquelle on reconnait la patte de Margheriti et quelques plans d'action sympathique notamment lors de l'ultime bobine. Le film reste cependant une gentille curiosité pour les fans de Deodato et les inconditionnels de Margheriti.
Pour information il existe une version salace de ce Ursus enrichie d'inserts pornos joliment intitulée La vie érotique de Ursus.