Il corsaro
Autres titres: Le corsaire des sept mers
Real: Antonio Mollica
Année: 1970
Origine: Italie / Espagne
Genre: Aventures
Durée: 84mn
Acteurs: Robert Woods, Tania Alvarado, Armando Calvo, Cris Huerta, Miguel del Castillo, Ángel del Pozo, Ana María Mendoza, Luis Induni, Juan Amigo, Marina Brengola, Tito García, Giuliano Giunti, Pasquale Nigro, Anna Zinnemann, Fernando Caro, Mariella Palmich...
Résumé: Un boucanier anglais, Jeffrey Brooks, perd son bateau au jeu. Il est arrêté et envoyé sur un navire français afin d'être déposé sur une ile en compagnie d'autres escrocs. Il parvient cependant à s'emparer du bateau. Les malfrats deviennent son équipage Alors qu'ils tentent de trouver des vivres ils sont de nouveau arrêtés. Le gouverneur britannique leur propose alors de l'aider à récupérer les territoires du roi envahis par les espagnols. Brooks et ses hommes acceptent en retour d'un jolie somme en or s'ils réussissent leur mission...
Antonio Mollica a traversé l'univers du cinéma Bis telle une météorite puisqu'il n'a réalisé en tout et pour tout que trois films, deux westerns fauchés dont le bien dispensable Nato per uccidere / Né pour tuer avec l'ineffable Gordon Mitchell, et ce petit film de pirates tourné deux ans plus tard, coproduit avec l'Espagne, qui lui non plus n'aura pas fait date dans les annales du film marin.
Un boucanier anglais, Jeffrey Brooks, vient de perdre son navire après l'avoir joué aux cartes. Pour se refaire une vie et surtout un peu d'argent il se fait passer pour un prêtre et tente de
voler la bourse d'un frère. Il est arrêté et envoyé dans les cales d'un navire français, celui du baron De Rambouillet, où il se retrouve avec un groupe de malfrats, d'escrocs, de pirates et de prostituées. Les malfrats sont destinés à servir d'étalons afin de repeupler l'ile sur laquelle ils seront déposés. Brooks parvient à déclencher une mutinerie, provoque le baron en duel et le tue avant d'être promu capitaine du navire par ses nouveaux compagnons. s'empare du bateau. Le destin aidant Brooks retrouve son navire, le prend d'assaut et parvient à le récupérer. Il doit maintenant calmer son équipage qui souffre du manque de vivres. Brooks fait escale sur une ile et se rend en compagnie de deux de ses hommes dans
une auberge où il est certain de trouver de la nourriture. Ils sont malheureusement faits prisonniers par l'aubergiste méfiant. C'est alors que le gouverneur britannique lui demande à l'aider à reconquérir les territoires de sa Majesté attaqués par les espagnols, les français et les néerlandais. Brooks accepte. Le voilà redevenu pirate mais cette fois au service du roi.
Ainsi couché le scénario semble bien intéressant, truffé de rebondissements aux senteurs iodées. Une fois à l'écran il en va quelque peu différemment. Certes l'intrigue ressemble à celle de bon nombre d'autres films de pirates, Mollica se contentant d'en reprendre la plupart des éléments ce qui en soi n'est pas dérangeant, mais c'est surtout la mise en scène qui
cette fois laisse à désirer. On attend en effet de ce type de pellicule une certaine énergie, un souffle épique qui transporte le public par delà les océans, cette fureur qui donne le sentiment d'être au coeur des batailles et mutineries, ce qui fait souvent ici défaut à ce Corsaire des sept mers. Force est de constater que l'ensemble ronronne. Un léger souffle de vent dans les voiles, rien ou si peu à l'horizon, nos navires glissent sur une mer d'huile et le spectateur au fond de son canapé. Les duels sont d'une regrettable mollesse, les mutineries et autres assauts en parti dénués de punch ou esquivés. En effet lorsqu'ils semblent enfin trouver une certaine énergie, lorsque le film semble enfin enfin décoller
notamment lors de la dernière partie du métrage, ils sont si brefs qu'ils donnent l'impression d'être avortés.
Mollica multiplie des gags vus et revus, souvent téléphonés. Par le biais d'un comique potache Mollica masque surtout le manque d'originalité et l'improbabilité du récit, une façon comme une autre de berner le public. L'humour prend rapidement le dessus transformant Il corsaro en un film pour enfants que n'aurait pas renié Disney. Si on a le rire facile peut être pourra t-on ça et là s'amuser mais difficile de trouver drôles voire amusantes les pitreries et répliques d'une troupe de comédiens qui essaie de faire le clown. Le comique est un art que
ne possède visiblement pas une distribution au rabais. Spécialisé dans le western économique avant d'apparaitre nu, sa virilité jetée en pâture aux regards gourmands du spectateur, parmi ce que l'imbuvable Jess Franco a fait de pire (Maciste contre la reine des Amazones, Les gloutonnes...) l'américain Robert Woods qui incarne Brooks n'a jamais été un grand acteur, encore moins brillé par son charisme. Il est ici un pirate libertin à l'image du film, bien fade et sans grand éclat. Il déclame ses longues tirades de Dom Juan du pauvre sans grande conviction, joue les jolis coeur bas de gamme et les capitaines de frégate d'eau douce, cabotinant sans jamais dépasser le minimum syndical. Autour de lui une pléiade
d'acteurs hispaniques pour la plupart venus eux aussi du western qui tentent de jouer les comiques, Tito Garcia en tête dans la peau du bedonnant McGowan souvent ridicule.
Le corsaire des sept mers n'est cependant pas un mauvais film. Malgré ses nombreux défauts, son rythme nonchalant, un budget qu'on devine étriqué, un jeu d'acteur plutôt fade terne et le manque de crédibilité de l'intrigue le film se laisse gentiment visionner pour peu qu'on soit certes indulgent mais surtout nostalgique de ce type de films. Les péripéties rocambolesques aussi futiles soient-elles s'enchainent sans réel temps mort, les jolis décors marins font illusion tout comme les costumes et quelques scènes notamment de
bataille lors de l'ultime bobine. Il corsaro est en fait idéal un dimanche après-midi de pluie ou une soirée familiale pour amuser et distraire les bambins d'autant plus que la bande est exempte de violence graphique et de sang.
A une époque où le film de pirates était en Italie passé de mode depuis déjà quelques années Le corsaire des sept mers est une toute petite pellicule vite vue vite oubliée, un simple divertissement à apprécier sur l'instant.