Vudu sangriento
Autres titres: La vengeance du zombie / Voodoo black exorcist
Real: Manuel Cano
Année: 1974
Origine: Espagne
Genre: Horreur
Durée: 86mn
Acteurs: Aldo Sambrell, Eva Leon, Fernando Sancho, Alfredo Mayo, Tanyedka Stadler, Alexander Brahan, Ricardo Rodriguez, Enrique Del Rio, Maria Antonia Del Rio, Louis Marin, Kess Bridge...
Résumé: Il y a mille ans un prêtre vaudou a été condamné à mort. Sa compagne a été quant à elle décapitée. Le corps du prêtre fut alors enfermé dans un sarcophage. Aujourd'hui le fameux sarcophage s'apprête à être ramené aux Etats-Unis sur un navire effectuant une croisière. Suite à un spectacle donné sur le bateau la momie revient à la vie et commence à faire des victimes. Elle rencontre Sylvia, parfait sosie de sa fiancée d'antan, la femme décapitée. La momie va se venger à travers elle...
Si aujourd'hui on se souvient de l'espagnol Manuel Cano ce n'est pas vraiment pour sa filmographie poussive des plus anodines à l'exception du singulier et délirant El pantano de los cuervos mais pour un fait divers tragique qui survint en 1970 lors du tournage de Tarzan y el arco iris, l'un des deux Tarzan qu'il réalisa, lors duquel les deux acteurs principaux, Steve Hawkes et surtout Kitty Swan, se retrouvèrent prisonniers des flammes. Si Steve Hawkes s'en sortit malgré de graves brulures l'accident couta la carrière de Kitty Swan, brulée sur 90% du corps. Défigurée elle se retira définitivement des feux de la rampe et préféra à jamais disparaitre après que des photos de son agonie furent publiés par les tabloïds, des clichés
disponibles ici dans notre antre.
Vudu sangriento distribué en France sous le titre La vengeance du zombie fut tourné quatre ans plus tard après que Cano ait décidé de terminer son Tarzan. De la jungle africaine on passe cette fois aux mers tropicales quelques part sur une ile africaine où se pratique le vaudou, là ou un puissant sorcier à été condamné à mort et tué lors d'un rituel.
Il y a quelques mille ans Gueté Nibo a tué un homme par amour pour sa belle, Kénia, menacée par un pêcheur. Lors d'une cérémonie vaudou la jeune femme a été décapitée. Quant à Gueté Nibo il fut empoisonné au curare puis enfermé dans un sarcophage. On ne
saura jamais comment mais un millénaire plus tard le professeur Kiesling vient de découvrir le sarcophage de Gueté Nibo. Il le ramène aux Etats-Unis à bord d'un paquebot sur lequel de nombreux touristes ont pris place. Des incantations prononcées par une troupe de danseurs vaudous venue distraire les passagers va malencontreusement ressusciter la momie. Guété Nibo reprend apparence humaine et commence à tuer. Kiesling ravi de cette résurrection se propose de l'aider. Il le fait passer pour son assistant, le docteur Craig. Parmi les passagers du navire Gueté Nibo fait la connaissance de la belle Sylvia, le sosie de sa bien aimée Kenia. Il tombe sous son charme et décide de venger à travers elle la mort de Kenia. Il ne peut agir
que lorsque les rayons cosmiques lui redonnent apparence humaines ce qui complique un peu sa tâche. Alors qu'un commissaire aux méthodes assez expéditives nommé Dominguez enquête sur le bateau la momie fait de nouvelles victimes jusqu'au moment où Dominguez découvre la vérité et brule au lance-flamme Gueté Nibo. La malédiction n'est pas pour autant levée. Gueté Nibo reviendra dans mille ans assouvir sa vengeance.
Vudu sangriento n'est plus ni moins qu'une nouvelle adaptation de la célèbre Momie vue cette fois par l'Espagne, et surement pas une des meilleures, peut être même une des pires! Que dire de ce fourre-tout insensé, ce bric-à-broc sans queue ni tête qui ne s'élève guère
plus haut qu'une banale série Z? Le préambule, autrement dit l'ouverture du film, donne le ton. Il faut évidemment deviner que nous somme mille ans avant le début de l'histoire. Un couple sur une pirogue surgi de nulle part sort de la mer. L'homme et la femme s'aiment. Arrive un pêcheur peu avenant surgi quant à lui de derrière un palmier. L'homme, un prêtre vaudou, le tue par peur semble t-il qu'il ne fasse du mal à sa bien aimée. Il se pourrait que le pêcheur soit en fait le fiancé de la femme découvrant son adultère. Le couple se retrouve au coeur d'une cérémonie rituelle. Ils sont condamnés à mort. Il est amusant de noter que nous sommes au Nigéria. Il est clair qu'on pratique beaucoup le vaudou au Nigéria. L'apparition
d'une fusée lors du générique indique que nous voilà projetés à notre époque sur un paquebot qui transporte le sarcophage de la momie du prêtre. Il est de notoriété publique que beaucoup de sarcophages sont transportés sur des navires effectuant des croisières. C'est ici le cas comme il va sans dire que les momies ressuscitent très souvent au son d'incantations vaudous récitées par une troupe d'artistes danseurs pour soirées bourgeoises! Le prêtre revient donc à la vie aidé par quelques rayons cosmiques et le voila qui déambule sur le bateau soit sous sa forme humaine et glabre, le docteur Craig, soit sous sa forme de zombie au visage granuleux. Zombie, momie, peu importe. Cano mélange un
peu tout comme il se mélange un peu les pinceaux dans un scénario qui ressemble vite à une énorme tranche de gruyère. Il ne faut chercher aucune logique mais on peut compter par contre les invraisemblances et incohérences scénaristiques comme on s'amusera des anachronismes qui truffent le métrage comme ces indigènes, certaines grimées à la suie, qui il y a un millénaire dansent déjà en jupettes blanches et bikinis bariolés! Il ne faut pas beaucoup de temps à notre momie zombie pour s'éprendre de la réincarnation blanche de sa bien aimée. Blanc prend ici toute sa signification puisque les deux personnages sont joués par la même actrice maquillée pour l'occasion au cirage noir et dissimulée sous une perruque afro.
A partir de cet instant plus rien n'a beaucoup de sens. La momie se transforme à son bon gré ou n'y parvient plus sans raison particulière. Les mutations sont en roue libre rythmées par une série de meurtres gentillets pour la plupart hors champ et quelques frayeurs téléphonées. En panne d'imagination Cano comble le vide en montrant et remontrant l'exécution des deux amants filmée à travers un filtre rouge tant et si bien que cette répétition devient rapidement lassante. Pour donner un coté scientifique à l'ensemble Cano n'a pas trouvé mieux que de donner à sa momie une face académique. Il faut l'entendre donner des cours au professeur sur les rites vaudous et les radiations cosmiques responsables de sa
résurrection et de ses transformations. Avec de telles explications les sous doués passeront avec succès le bac. Remercions tout de même le cinéaste d'avoir enfin trouvé la clé d'un mystère sur lequel tant d'hommes se sont penchés. Comment une momie peut elle parler notre langage et s'exprimer dans un jargon scientifique aussi parfait? Simple et c'est la momie elle même qui fournit la réponse: C'est normal! Après trois cent ans passés dans un musée d'archéologie et d'histoire naturelle! Un conseil: ne jamais parler ni même murmurer près d'un sarcophage. une momie entend tout et répète tout!
Comme si cet humour involontaire ne suffisait pas Cano a cru bon d'ajouter la présence d'un
couple, une vieille bourgeoise gironde tireuse de cartes parfaitement stupide et son gringalet de mari, et un inspecteur débonnaire expéditif mais qu'on se rassure, ça ne fonctionne pas. Le final est un petit moment d'anthologie burlesque surtout lorsque la momie, pieds nus, vêtue de sa tunique entrouverte laissant apparaitre subrepticement son slip se bat contre un jet d'eau.
Une mise en scène quelconque voire inexistante ne relève en rien le niveau de cette production ibérique longuette, jamais drôle ni même divertissante qui très vite génère l'ennui. On ne pourra même pas se rattraper sur l'érotisme, absent, encore moins sur les
séquences vaudous, ni envoutantes, ni fascinantes. Cano échoue à créer la moindre ambiance indispensable à ce type de film. Ses rituels ressemblent à une parodie pour club med. Il semble par contre exceller dans l'art de multiplier les zooms hideux et plans ratés, Avec un peu d'attention on remarquera même l'ombre du caméraman dans le miroir lors du meurtre de la danseuse à forte poitrine dans sa loge. A croire qu'il fut hypnotisé par ses seins.
L'interprétation est tout aussi anodine. Glabre pour l'occasion Aldo Sambrell, figure récurrente du western paella et spaghetti, interprète sans aucun charisme la momie mais
nous dévoile son intimité lors d'un rapide nu frontal sur la plage, anticipant ainsi son passage au hardcore en fin de carrière. la rousse Eva Leon joue Sylvia et sa réincarnation sans grande conviction, Fernando Sancho et Alfredo Mayo, deux figures mythiques du cinéma espagnol, sont respectivement l'inspecteur et le professeur.
Accompagné d'une horrible partition musicale si La vengeance du zombie est un pur produit Bis il n'en possède malheureusement pas l'aura comique. Le film aurait pu être drôle, amusant, ludique. Il est ennuyant, triste, soporifique et s'il fait parfois rire c'est bien involontairement. Déconcertant. Sans queue ni tête, cette médiocrité ne trouvera son public qu'auprès des plus tolérants et endurcis... et encore. Peut être que le zombie momie de Cano aurait du disparaitre dans les flammes de son Tarzan.