Nude odeon
Autres titres: Nudeodeon
Real: Marino Girolami
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Sex mondo
Durée: 81mn
Acteurs: Marina Frajese, Giulio Massimini, Dorothy Flower, Mary Govert, Margareth Harrison, Kerina Mulligan...
Résumé: Le réalisateur nous propose un extravagant tour du monde afin de nous y faire découvrir la sexualité de l'être humain sous toutes ses formes, plus précisément la place de la pornographie dans notre monde moderne...
Seule et unique incursion de Marino Girolami dans l'univers très controversé du mondo movie, plus exactement ici du sex mondo, Nude odeon suit de près les tentatives de Joe D'Amato (Follie di notte et Le notti porno nel mondo) et de Bruno Mattei (Aberration sexual, Sesso perverso mondo violento, Emanuelle e le notti porno nel mondo 2) puisque comme ces derniers il s'agit là encore d'un grand moment d'hilarité à la différence près qu'il est à ce jour resté inégalé dans ce domaine cinématographique bien précis. Nude odeon est en effet une pièce unique, une farce semi pornographique inénarrable, un gag de mauvais goût qui provoquera une suite de crises de fou rire quasi ininterrompue chez le spectateur ébahi par un tel amoncellement d'âneries pseudo érotiques étalé sur 90 minutes.
Comme pour les mondo de D'Amato et de Mattei Nude odeon se focalise sur la sexualité dans notre monde moderne, sur la place que tient la pornographie dans notre société dite civilisée et la manière dont elle est . Et comme pour la plupart de ces sex mondo c'est un tour du monde que nous offre Girolami, un voyage aux quatre coins du globe afin d'illustrer son propos et nous montrer comment la sexualité, le sexe en général, est pratiqué selon les civilisations où l'on se trouve, l'ensemble commenté cette fois non pas par un narrateur mais deux, un homme et une femme qui durant tout le film se renvoie la balle. La femme, espiègle, un peu bête, très naïve, s'étonne de tout ce qu'elle voit, pose des questions d'une idiotie intersidérale, l'homme lui répond de façon toujours très sérieuse, didactique, presque solennelle. Ils forment un duo comique complètement inédit qu'on pourrait surnommer les Guy Lux et Simone Garnier du mondo! Chacun de leurs commentaires, chacune de leurs affirmations et réflexions sont de purs instants de bonheur qui ajoutés aux différentes séquences du film en font un monument de délicieuse bêtise qu'on pense volontaire. Il va de soi que chaque segment du film est totalement fake, joué par des comédiens amateurs choisis pour leur aisance à se mettre nu et non pas pour leur talent qui avoisine le zéro absolu, un véritable défilé de carnaval... du sexe!
La pornographie ne gêne que notre monde occidental, notre société moderne qui s'est mise des carcans dont elle est prisonnière, des tabous qui rendent le sexe et la pornographie répréhensibles, dérangeants et empêchent l'homme de vivre pleinement sa sexualité. On ne peut la peindre, la photographier, la regarder. Les lois et la morale l'interdisent. On peut tout juste en parler ou feuilleter en secret quelques revues X. Quoi de plus naturel pourtant que le sexe et la pornographie. C'est sur cette réflexion imagée part une série de peintures et de sculptures grecques, romaines et étrusques très explicites que s'ouvre le film.
Débute alors à proprement parler le film avec un spectacle érotique très osé, presque fellinien, quelque part à New York, avec un diable au sexe démesuré (un tuyau en plastique dont le bout s'éclaire) qui chauffe et tente de pénétrer lors d'une danse rituelle et un simulacre sodomite une horrible femme obèse au derrière peint rongée par la cellulite.
Nous voilà ensuite en Polynésie où les indigènes font l'amour cinq fois par jour nous informe t-on. Les jeunes prisonniers sont autorisés à sortir de leur geôle pour faire l'amour sur la plage surveillés par un gardien qui les épie dans les broussailles, la langue pendue, l'oeil étincelant, la main sur son entrejambe. C'est au son d'une musique tahitienne ringarde qu'ils s'ébattent mais étrangement l'homme garde son slip mais réussi tout de même à pénétrer sa partenaire. Dieu avec eux, voilà un miracle! Le pauvre gardien qui fait irrésistiblement penser à Louis De Funès chassant les nudistes dans la série des Gendarmes se soulagera lui aussi auprès d'une belle vahiné. C'était urgent!
Et c'est à une revue assez particulière qu'on a ensuite droit, celle de six vahinés en rang d'oignon qu'un indigène en pagne et casquette nazi inspecte en culotte puis nues de façon très intime (une opération dénommée contrôle technique) afin de choisir celle qui le satisfera. Un grand moment de voyeurisme où la femme n'est qu'un simple objet de plaisir qu'on examine mais surtout un édifice de n'importe quoi.
Arrivent ensuite deux des séquences les plus aberrantes de ce sex mondo. En Angleterre nous apprend t-on les cours universitaires sont très décontractés, les élèves doivent être détendus et ne pas se sentir stressés en classe. Ainsi est on autorisé à fumer au tableau, à dormir par terre en chaussettes, à emmener son chien avec soi, à manger, boire et... à forniquer! Un couple improvisé se donne donc du plaisir, se doigtent et se masturbent mutuellement sous la table, une scène exultante à la limite de la pornographie.
La seconde se déroule aux USA. Lors d'une fête estudiantine filles et garçons s'amusent à crever des ballons, les yeux bandés, à quatre pattes dans un vaste salon sous le regard attentif de la maitresse des lieux qui veille au bon ordre flanquée de son serviteur noir. Le jeu étant plutôt ennuyant, tous se déshabillent et s'adonnent à un autre jeu plus éducatif, la découverte anatomique du corps, qui en quelques secondes se transforme en une formidable orgie appelée ici communication de groupe, un entremêlement de corps qui se mélangent auquel ne résistera pas la propriétaire de l'appartement. Elle les rejoindra telle une couguar des temps passés et s'offrira simultanément aux six jeunes garçons sous l'oeil déconcerté et gourmand du serviteur de couleur qui ressemble étrangement à l'effigie de la marque Banania.
Nous voilà transposés en Scandinavie où des jeunes hommes se proclament "masculinistes" en opposition aux féministes ou l'illustration de l'égalité des sexes. Ils se maquillent, s'entretiennent, se font poser des bigoudis, dans des salons de beauté pour hommes où ils peuvent même avoir droit à un petit plus nommé "service spécial". Un bel éphèbe nu sous sa blouse, le gracile Marcel, se propose de le sucer pendant que le client se fait tailler la barbe, il disparait sous la blouse de l'homme et s'acharne sur son sexe. Une scène mémorable d'un ridicule sidérant. Si la narratrice les traite de PD (sic!), le narrateur la rappelle à l'ordre. Ce ne sont pas des PD mais des "masculinistes"!
La nécrophilie est au menu du film. A Mexico on célèbre la mort. Eros et Thanatos sont définitivement unis. Un couple revêtu d'une combinaison de squelette danse sur une tombe avant de se déshabiller entièrement et forniquer fiévreusement sur le monument funéraire au son d'une guitare hispanisante. On attend en invités d'honneur les Gipsy kings!
Pas de mondo sans un détour en Afrique noire et c'est à un étalage de racisme à peine déguisé auquel on s'apprête à s'assister, propre à ce type de cinéma. Il n'y a rien de plus obscène qu'un noir qui imite un blanc s'exclame la narratrice lors d'un défilé de mode, une réflexion soutenue par le narrateur qui s'empresse d'enchainer sur la séquence suivante après un petite visite du continent afin de montrer combien l'africain est primitif. Nous voilà entrain d'assister à la nuit de noces d'une jeune africaine dont le corps est enduit de vaseline par sa mère. Puis elle s'occupe du mari qu'elle doit sexuellement préparer en le massant puis en lui faisant l'amour devant sa fille afin que celle ci soit une experte. L'épouse, très excitée, se donnera ensuite à son mari devant sa mère radieuse. On est une fois de plus à la limite de la pornographie, les ébats sont torrides, le sexe du marié visiblement raidi, le tout filmé de manière assez frénétique au son d'une musique funk très années 70.
On terminera cette petite visite par un rituel tribal particulièrement violent durant lequel des enfants en bas âge sont lancés tels des ballons de bras en bras, les receveurs étant armés de longs couteaux. S'ils se ratent l'enfant sera empalé!
Toujours au programme des naturistes danoises prises sous l'orage, un segment qui prouve que même les sans abris ont eux aussi des besoins de sexe qu'ils doivent satisfaire (il fallait oser), l'utilisation de godemichés lors d'ébats lesbien, la solution radicale quand un homme ne réussit pas à pénétrer une femme dans une voiture c'est qu'une autre voiture la percute, le choc résout le problème et la visite de geysers prés desquels des caravanes sont placées afin que les touristes, excitées par la boue en ébullition, puissent se soulager en compagnie de noirs très bien membrés.
Nude odeon se clôturera par une séquence appelée le coït atomique. Après avoir dégusté une glace en forme de champignon nucléaire, un couple fait l'amour de manière si explosive que toute la chambre se met à trembler, tout s'effondre, le sol s'enflamme au son des mitraillettes et des bombes. L'orgasme atteint, le couple peut souffler dans une chambre en ruines. L'époux retrouvera ses lunettes sous le sexe de sa compagne! Comme quoi ce qu'on mange influence nos performances sexuelles!
Dans le vaste univers du sex mondo Nude odeon est sans aucun doute un des plus hilarants si ce n'est le plus hilarant. Il va sans dire que Girolami l'a tourné sans se prendre au sérieux une seule seconde même s'il tente de nous induire en erreur en jouant la carte du sérieux avec un non sérieux jubilatoire appliqué et si hypocrite. Nude odeon est une inénarrable farce de mauvais goût dont les commentaires sont aussi irrésistibles que les séquences qu'ils accompagnent, une pièce d'anthologie, un des plus incroyables sex mondo, une parfaite illustration du concept même du genre, un moyen de contourner la censure à une époque où la pornographie était encore interdite en proposant sournoisement un faux documentaire sur la sexualité en y incluant des séquences pratiques à la limite du hardcore arrosées d'une goutte de racisme latent afin de satisfaire le pornophile.
Nude odeon enchantera et fera saliver un public voyeur adepte de complaisance obscène avec sa succession incessante de gros plans de sexes et de derrières gorgés de désir en pleine action ou simplement détaillés dans toute leur splendeur. A noter parmi une distribution anonyme, la participation d'une superbe Marina Frajese à l'aube de son sacre.
Produit hautement inflammable à consommer sans limite mais en combinaison ignifuge afin d'éviter toute combustion spontanée, le film de Marino Girolami est tout simplement un must du genre.