El vicio y la virtud
Autres titres:
Real: Francisco Lara Polop
Année: 1975
Origine: Espagne
Genre: Drame
Durée: 86mn
Acteurs: Teresa Gimpera, Lynne Frederick, Juan Ribo, Miguel Ayones, Eva Leon, José Vivo, Manuel De Blas, Fernando Hillbeck, Pilar Corales, Teresa Almandros...
Résumé: Miguel et Alberto, deux amis, sont invités à passer quelques jours dans la vaste demeure d'une affriolante bourgeoise, Lina, qui vit seule avec sa fille Rosa. Lina, femme entreprenante et libertine, s'éprend très vite d'Alberto avec qui elle couche. Sa fille est son total opposé. Innocente, elle tient à sa virginité et refuse catégoriquement les avances de Miguel. Fatigué de son comportement, Miguel lui fait comprendre après une ultime dispute qu'il n'attendra pas indéfiniment. Les deux garçons quittent la maison le lendemain de leur querelle. Rosa découvre alors la vraie nature de sa mère. Désespérée, elle tente de mettre fin à ses jours...
Prolifique réalisateur espagnol trop méconnu en France, Francisco Lara Polop a tout au long de sa carrière touché à de nombreux genres dont l'érotisme souvent teinté d'un nuage de souffre. Au vu du titre, on pense ici de suite à l'oeuvre du Divin Marquis, Le vice et la vertu, qui fut régulièrement adapté au cinéma mais c'est cependant vers Guy de Maupassant qu'il faut se tourner cette fois puisque El vicio y la virtud est librement inspiré d'une de ses nouvelles, Yvette, l'histoire d'une jeune fille prude qui préfère le suicide plutôt que de devenir une femme mondaine débauchée à l'image de sa marquise de mère. Elle sera sauvée par un bellâtre
qui la convoitait depuis longtemps et duquel elle s'amourachera.
Le film de Polop reprend cette intrigue en la transposant dans l'Espagne des années 70. Deux amis, Miguel et Alberto, passent quelques jours à la campagne dans la jolie demeure de Lina, une bourgeoise bien peu vertueuse. Elle vit avec sa fille, Rosa, qui est tout le contraire de sa mère. Rosa est pure et innocente, elle rêve du grand amour. Dés l'arrivée des deux garçons, Lina s'amourache d'Alberto avec qui elle ne tarde pas à coucher en évitant que Lina le remarque. Miguel est quant à lui très attiré par Lina avec qui il flirte. La jeune fille refuse d'aller plus loin et panique à l'idée qu'il l'embrasse. Si la liaison entre Lina et Alberto
ne connait aucune ombre, Miguel commence par être irrité par l'attitude fleur bleue de la jeune fille. Alors qu'ils sont à un bal de village, il essaie de l'étreindre et de l'embrasser lors d'une danse. Elle se sauve en pleurs. Furieux, il la rattrape, lui avoue son envie de lui faire l'amour mais également sa lassitude de toujours devoir attendre. Les deux amis quittent la demeure le lendemain. Miguel tente d'oublier Rosa dans les bras de Berta alors que Rosa découvre les moeurs de sa mère lorsqu'elle la surprend avec son amant. Désespérée, Lina ne cesse de penser à Miguel. Elle finit par faire une tentative de suicide lors d'une réception donnée par sa mère à laquelle sont invités Miguel et Alberto. Lorsqu'ils découvrent le corps
inanimée de Rosa, ils tentent de la ramener à la vie. C'est dans les bras de Miguel qu'elle reprendra conscience. Rien n'empêchera désormais qu'ils s'aiment.
Au vu du scénario on comprend vite qu'on est face à une sorte de mélodrame d'un autre âge qui de sulfureux n'a que le titre. Ceux qui espéraient une petite série salace pimentée de quelques scènes érotiques croustillantes seront sévèrement déçus. Particulièrement bavard, El vicio y la virtud tarde à démarrer. D'une lenteur excessive, il ne se passe quasiment rien durant les trente première minutes et lorsque le film semble enfin commencer c'est pour mieux se transformer en une pâle copie d'un quelconque roman-photo, multipliant les
clichés les plus édulcorés. Incarnation caricaturale de la vertu poussée à l'extrême, Rosa devient vite insupportable et prête souvent à rire notamment lorsqu'elle admire, béate, des couples de tout âge s'enlacer et danser tendrement l'un contre l'autre lors d'un bal populaire comme on oserait plus en imaginer aujourd'hui... ou en imaginer tout court! On peut comprendre son petit ami!
On ne se rattrapera guère sur l'érotisme d'une sagesse exemplaire. A peine y dévoile t-on un sein, la nuisette est de mise et le vice est illustré par une simple guêpière et quelques ébats incroyablement tièdes d'une bourgeoise pourtant très chaude qui montre bien peu. On
imagine, on suggère mais dans un tel contexte tout semble vain. Polop ne prend cette fois aucun risque et donne vie à un film aseptisé, mollement dirigé. L'ennui s'installe rapidement et les minutes semblent s'éterniser. Les campagnes espagnoles sont peut être très jolies, la vaste demeure de Lina également mais cela ne fait pas un film.
Reste la présence de la pulpeuse Teresa Gimpera, actrice fétiche du cinéma érotique ibérique, qui a rarement été aussi sage et hésite même à se déshabiller. Affublée d'une coupe à la Playmobil, elle ne parvient même pas à enflammer l'écran. On sera content de
revoir la douce Lynne Frederick, toujours aussi belle et diaphane, qui incarne la pureté mais ce statut d'innocente nymphette la rend malheureusement vite exaspérante. A leurs cotés, la beauté latine de deux bellâtres, le blond Juan Ribo et le brun Miguel Ayones qu'on surprendra tous deux rapidement en slip, qui par la suite connaitront une longue carrière à la télévision espagnole. Une affiche qui malheureusement ne relève pas le niveau de ce mélodrame érotique rythmé par une partition musicale hideuse d'une ringardise étonnante aussi anodin que transparent qu'on aura très vite fait d'oublier. Voilà une belle déception au vu des promesses que laissaient augurer le titre et ses flamboyantes références littéraires.