L'amante del demonio
Autres titres:
Real: Paolo Lombardo
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Epouvante
Durée: 74mn
Acteurs: Edmund Purdom, Rosalba Neri, Robert Woods, Nando Poggi, Maria Teresa Pingitore, Carla Manicini, Massimiliano Roy, Maria Vianello, Laura De Benedittis, Maria Teresa Pietrangeli, Giovanna Di Vitta, Bruna Oliveri, Veronica Sava...
Résumé: Helga et ses deux soeurs font escale dans un château réputé maudit. Elles veulent le visiter pour s'offrir de doux frissons. Le gardien des lieux les invitent à rester diner en leur précisant que le Diable sera le quatrième convive. La nuit, Helga se réveille, erre dans le château et découvre un tableau qui la représente. Elle s'évanouit. Elle se retrouve projetée en l'an 1500. Elle doit épouser Johan son fiancé mais le Diable en a décidé autrement puisqu'il veut Helga pour lui seul...
Le cinéma d'exploitation comme le cinéma de genre transalpin ont eu leurs navets, ils ont eu leurs séries Z puis vint L'amante del demonio d'un obscur scénariste-réalisateur, Paolo Lombardo, un film si mauvais et ridicule que non seulement il dépasse et de loin ces appellations mais il est également pour le chroniqueur très difficile d'en parler. S'il fallait le placer dans une catégorie précise le film de Lombardo pourrait se rattacher au filon du cinéma d'épouvante gothique à l'italienne auquel on aurait ajouté une dose de satanisme puisque le Démon est ici un des principaux protagonistes de cette pellicule sans queue ni tête d'une lénifiante bêtise.
Le film début de nos jours. Helga et ses deux soeurs arrivent dans un château qu'elles veulent visiter sans raison apparente si ce n'est celle de s'amuser. Le maitre des lieux leur apparait et les invite à rester diner. Etonnées qu'un quatrième couvert ait été ajouté, l'homme leur explique que c'est le Diable en personne qui chaque soir dine à cette place, une information qui fait beaucoup rire Helga qui part se coucher. Réveillée par l'orage, elle se relève, découvre un tableau qui la représente et se met alors à bruler. Elle s'évanouit. A son réveil, Helga se retrouve au quatorzième siècle entrain de dorer au soleil au milieu d'un champ lorsque son amant la rejoint. Ils doivent se marier mais le Diable en a décidé autrement puisqu'il veut la jeune femme pour lui seul.
Si à la lecture du scénario celui ci est guère original à sa vision il est surtout et avant tout totalement improvisé à l'image même du film. Que reste t-il donc à sauver dans ce brouillon de brouillon? Quasiment rien si ce n'est absolument rien. Entièrement tourné en studio, les décors sont en carton pâte et semblent vouloir s'écrouler au moindre geste. Le pire est très certainement cette taverne microscopique où les acteurs sont aussi à l'étroit que dans une boite à sardines. Encore plus incroyable sont les fenêtres aux vitres en papier cellophane qui frémit dés que les protagonistes passent devant! On retiendra un éclat de rire devant un mobilier très 19ème siècle alors que nous sommes en 1500 mais on éclatera de rire devant les quelques scènes d'action soit quelques combats d'une sidérante mollesse que se livrent les acteurs avec des épées en plastique. D'une absolue incohérence l'histoire mélange diabolisme et vampirisme ce que nous vaut l'apparition de quelques vampires de foire (on
admirera les dentiers en plastique qu'elles exhibent fièrement) que certaines mauvaises langues diraient issues d'un des plus mauvais Jean Rollin tandis que le Diable a quant à lui pris la forme d'un homme pataud revêtu d'une cagoule rouge de bourreau et d'une cape. Il apparait et disparait comme bon lui semble selon un procédé digne de Méliès (le seul et unique effet spécial du film) accompagné d'un bip électronique anachronique proche de la flatulence. Il trouvera tout de même le temps de se chamailler (car on ne peut appeler cela se battre) dans la paille d'une grange avec l'amant d'Helga avant que les flammes de l'enfer (un malheureux mais hilarant feu de paille là encore) n'embrasent les lieux. L'amante del diavolo se permet quelques scènes d'érotisme plutôt drôles mais visiblement fortement coupées. Outre quelques nus féminins assez sages on assistera surtout à une étonnante orgie dans une grotte en papier mâché dont quelques ébats saphiques qui se clôtureront par l'arrivée d'une vampire qui mordra les deux soeurs de Helga.
On oubliera les dialogues d'une insondable bêtise renforcée par un doublage italien absurde, on ne parlera pas de la mise en scène inexistante ni du montage approximatif. Quant aux acteurs, ils semblent être livrés à eux mêmes, désespérément seuls face à une caméra rivée au sol. La malheureuse Rosalba Neri totalement perdue n'a jamais été aussi mauvaise comédienne. Elle surjoue, mime, récite machinalement son texte qu'elle parait inventer sur l'instant tant et si bien qu'elle fait peine à voir. Comment diable Rosalba a t-elle pu atterrir au milieu d'une telle niaiserie qui aujourd'hui la fait mourir de rire notamment pour la scène où elle tire la langue au... Démon!!! Edmund Purdom pourtant en tête d'affiche n'apparait que quelques minutes en début et fin de film, l'oeil rieur, retenant un fou rire bien compréhensible. Quant à la prestation Robert Woods, toujours aussi translucide, elle est tout simplement d'une médiocrité abasourdissante. Il est bon de signaler que Woods assisté de Marco Masi est en partie responsable de la mise en scène que lui délégua Lombardo, un homme si apathique qu'il donnait l'impression d'être en fin de vie se souvient Rosalba, incapable de gérer le tournage. Certains reconnaitront la blonde Maria Teresa Pietrangeli dissimulée ici sous le pseudonyme de Miriam Alex et Véronique Sava non créditée au générique.
Tiré nous dit-on d'une pièce de théâtre de Grand Guignol, L'amante del diavolo est surement un des pires films italiens jamais tourné à coté duquel certains Bis de bas niveau tels que Virus cannibal peuvent facilement passer pour des chef d'oeuvres oscarisés. Puéril, amateur dans tous les sens du terme, consternant, il n'y a strictement rien à sauver de ce film misérable proche du néant si ce n'est la présence de Rosalba qu'on apprécie toujours voir et revoir.
Lombardo récidivera l'année suivante avec le tout aussi désastreux Dagli archivi della polizia, une nouvelle bande nullissime qui tentait de nous immerger dans le monde de l'espionnage.