Hommes entre eux
Autres titres: La photo de mariage / Les hommes entre eux / Men between themselves
Real: Norbert Terry
Année: 1976
Origine: France
Genre: X
Durée: 67mn
Acteurs: Karl Forrest, J.L Lafitte, Givvy Head, J.C Patrick, Michael Henri, Paul Lartviere, Arnaud Degray, Olga Abadacha, Ludwig, Mike...
Résumé: Trois légionnaires partent en permission afin d'assister au mariage de l'un d'eux. Ce n'est qu'une excuse pour se rendre au château de l'amant d'un des bidasses. Dés leur arrivée, ils ne pensent qu'à faire l'amour. D'autres copains sont invités pendant que des inconnus s'ébattent un peu partout dans la campagne. Tous se retrouveront au domaine afin de se livrer à une gigantesque orgie afin de déterminer qui est le meilleur amant. Le week-end terminé, les trois légionnaires rentrent à la caserne avec une fausse photo de mariage...
Le slogan publicitaire du film nous apprenait que Hommes entre eux était le premier film homosexuel français. Voilà qui n'est pas tout à fait exact puisque Philippe Vallois nous avait déjà offert la même année un très bon et original Johan carnet intime d'un homosexuel et Lionel Soukaz après quelques courts son étonnant et très expérimental Ixe pour n'en citer que deux. Hommes entre eux est surtout le premier film gay de l'ex-assistant de Jacques Tati Norbert Terry, certes pionnier du film homo en France, après quelques hardcore hétérosexuels. Si Terry a souvent voulu jouer la carte de l'originalité en mêlant à la pornographie traditionnelle différents styles cinématographiques tel le polar pour Jeune proie pour mauvais garçons le résultat ne fut que très rarement satisfaisant. Si on excepte l'excellent Les phallophiles, la déception est souvent au rendez-vous. Répétitifs, décousus, très mal interprétés, ses films déclenchent plus chez le spectateur une crise de rire qu'un bel orgasme. Bien malheureusement, Hommes entre eux est peut être ce que le cinéaste a fait de pire.
Trois légionnaires partent en permission afin d'assister au mariage de l'un d'entre eux. Ce n'est qu'un joli prétexte pour passer un long week-end entre hommes dans le château d'un ami. Les trois bidasses sont vite rejoints par d'autres hommes. Ces quelques jours de vacances se terminent en une gigantesque orgie dans le parc. Nos trois légionnaires de pacotille n'oublieront pas de ramener une photo de mariage à leur commandant fort dubitatif devant le visage de la supposée mariée. Ce n'est pas ici le propos de départ guère plus ridicule qu'un autre qui laisse bouché bée mais plutôt son traitement. Quel fut donc l'objectif de Terry en réalisant cette série Z pornographique qui bat des records de niaiserie? S'est il seulement rendu compte du ridicule de l'entreprise ou cette franche débilité est elle voulue?
Dés les premières secondes on croit assister à une énième aventure des Bidasses en folie dans laquelle les Charlots auraient été remplacés par trois olibrius dont une folle, jumelle de Tom Pouce, qui ne font guère illusion. Comment peut on imaginer un seul instant que ces trois gringalets chevelus au garde à vous dans un sous sol censé représenter une caserne soient de vaillants légionnaires? Passé l'hilarité des premiers instants, on imagine qu'on ne peut aller que vers une amélioration. Que nenni! Si on a la douloureuse impression qu'un Paul Préboist va débouler à l'écran à tout instant, c'est pourtant à un autre cauchemar que nous allons assister: celui des scènes pornographiques interminables. Accompagnées d'une des plus insupportables musiques de cirque qu'on puisse imaginer que Terry passe en boucle tel un vieux disque usé, elles sont non seulement d'une rare laideur mais d'une vulgarité sidérante. Si les amours masculines ressemblent à ces acrobaties absurdes peut être mieux vaut il mieux être hétérosexuel. Entre laideur, répugnance et clichés campagnards d'une étonnante ringardise Hommes entre eux détient là un joli record.
Terry oublie d'ailleurs très vite son histoire de mariage et s'égare tout azimut. Le film n'a plus ni queue (façon de parler ici) ni tête. Les personnages arrivent, disparaissent, n'ont aucun rapport avec le scénario mais se retrouveront cependant tous au château pour l'orgie finale tandis que le cinéaste multiplie les séquences de sexe dans la campagne, à moto, en voiture, dans une classe de danse classique (!!)... qu'il agrémente d'un humour qu'on espère involontaire. Mal réalisées, mal filmées, répétitives jusqu'à en devenir assommantes, elles ne risquent guère d'exciter le spectateur. Terry a même cru bon d'y ajouter une scène hétérosexuelle entre la vieille châtelaine jouée par Olga Abadacha déjà vue dans Pornographie chez Mme Saint Claude, projection de ce que pourrait être une Béatrice Dalle sexagénaire, et un inconnu aux cheveux gris dont on ne verra jamais le visage enfoui entre ses jambes. On oubliera de mentionner les dialogues lénifiants, l'interprétation digne d'une pièce de théâtre pour fin d'année scolaire en classe de maternelle, la laideur des comédiens très certainement choisis au fin fond d'une quelconque campagne sur lesquels il sera quasiment impossible de fantasmer si on excepte la présence de Karl Forest alias Jean Paul Doux, futur Beau mec de Wallace Potts, un ou deux bel éphèbes (le jeune danseur, le majordome) perdus au milieu de cette congrégation de rustres.
Surnagent deux séquences qui offrent au film son seul et unique intérêt: celle où justement Forrest se donne du plaisir, seul au milieu d'une ruine, tout de cuir noir vêtu et la très longue scène d'orgie dans le parc verdoyant durant laquelle les protagonistes prennent des poses de statues grecques entre deux étreintes brulantes. Très visuelle, tout à fait esthétisante, elle aurait peut être gagné à être moins longue car une fois de plus particulièrement répétitive. Mais au milieu d'un tel désastre, une telle séquence fait figure de chef d'oeuvre d'autant plus que Terry a tenté à travers elle de capter l'essence même de l'imagerie gay traditionnelle.
Si la déception est grande à la vision de Hommes entre eux, elle n'est rien face à l'affliction ressentie lorsqu'on compare les premiers balbutiements du porno gay français et ceux du porno gay américain qui commençait à doucement envahir l'hexagone. Fort heureusement, le niveau remontera assez rapidement grâce des auteurs tels que Jean Etienne Siry, Benoit Archenoul, Michel Sénecal, De Velsa et ces petits chefs d'oeuvres envoutants et totalement fantasmatiques que sont entre autres Johan, Equation à un inconnu, Le sexe des anges, Et Dieu créa les hommes, La chambre des fantasmes... quintessence même de la sexualité masculine magnifiée. C'est la bêtise qui est ici malheureusement magnifiée!