La volpe dalla coda di velluto
Autres titres: In the eye of the hurricane / El ojo del huracan / Lusty lovers
Real: Maria José Forqué
Année: 1971
Origine: Italie / Espagne
Genre: Giallo
Durée: 95mn
Acteurs: Jean Sorel, Analía Gadé, Rosanna Yanni, Tony Kendall, Maurizio Bonuglia, Julio Peña...
Résumé: Ruth, une richissime héritière, et Michel sont sur le point de divorcer. Elle ne supporte plus la vie commune avec son mari. Elle a invité son amant, Paul, à venir la rejoindre dans leur immense villa côtière à la grande colère de Michel. Alors que Paul vient tout juste de s'installer, d'étranges évènements vont se produire dans la vie de Ruth. Ce sont tout d'abord les freins de sa voiture qui lâchent puis elle faillit mourir noyée après une défaillance de ses bouteilles d'oxygène au cours d'une séance de plongée sous-marine. Ruth soupçonne alors Paul de vouloir la tuer. Elle découvre finalement avec horreur que son amant avec l'aide de sa maitresse et de Michel a mis au point un complot afin de se débarrasser d'elle. Ruth à la merci du trio va tenter de renverser la situation à son avantage par un habile et cruel stratagème...
Si le titre fait référence à la trilogie animalière de Dario Argento, cette coproduction hispano-italienne s'inscrit cependant en droite ligne dans le prolifique filon des sexy gialli de Umberto Lenzi ouvert deux ans plus tôt avec Orgasmo. On y retrouve en effet le schéma type de ce style de films à savoir une riche héritière au centre d'un machiavélique complot ourdi par son entourage afin de s'emparer de son argent le tout arrosé d'un érotisme plus ou moins osé sur fond de splendides décors maritimes.
La victime est ici Ruth, une riche jeune femme en instance de divorce d'avec Michel. Elle invite son amant, Paul, à venir vivre avec elle dans sa splendide villa côtière. A peine installée, d'étranges évènements mettent la vie de Ruth en danger. Les freins de sa voiture lâchent soudainement puis elle faillit mourir noyée lors d'une séance de plongée sous-marine suite à une défaillance de sa bouteille d'oxygène. Ruth découvre alors que Paul avec l'aide de son mari et de sa maitresse ont mis au point un stratagème diabolique afin de se débarrasser d'elle et hériter de sa fortune. La malheureuse va alors tenter de retourner la situation à son avantage grâce à un habile subterfuge.
Si le scénario n'est pas très original puisqu'il se contente de reprendre tous les éléments récurrents au genre La volpe dalla coda di velluto n'en est pas pour autant un giallo totalement inintéressant. Bien au contraire. S'il est plutôt lent à démarrer, il ne se passe quasiment rien durant les trente premières minutes qui se contentent d'asseoir la relation
amoureuse passionnée entre Ruth et son bel amant, une façon de faire une fois plus la peinture acide d'une haute bourgeoisie qui trompe son ennui à travers ses fantasmes extra-conjugaux, les pièces de l'intrigue se mettent doucement en place dés la seconde moitié du film. Dés lors Forqué accumule de façon toujours cohérente les divers rebondissements. C'est une succession de coups de théâtre à laquelle on assiste dés lors qui mettent en lumière la terrible machination dont Ruth est victime. Si le complot fort classique en lui même ne surprendra guère les habitués du genre, beaucoup plus étonnant est le chantage sexuel qu'exerce la maitresse de Paul sur la pauvre Ruth apportant ainsi à l'histoire ce soupçon de perversion si agréable. La perfide jeune femme l'oblige donc à coucher avec son amant offrant ainsi au spectateur de merveilleux ébats trioliques aussi sensuels que cruels qui se termineront par une succulente scène de fétichisme rarement vue dans ce type de film. Elle se met en effet à lécher le pied de sa rivale puis lentement remonte vers ses cuisses. Voilà de quoi ravir tous ceux qui font du pied leur objet de fantasmes.
La volpe dalla coda di velluto se transforme en une sorte de jeu du chat et de la souris, à savoir qui se jouera de l'autre et avalera sa proie, brillamment mis en scène par un Forqué imaginatif qui joue de son objectif comme un virtuose joue de son instrument pour mieux faire tomber les masques derrière lesquels se cachent les protagonistes ce qui nous vaut par instant de surprenants jeux de caméra. Les quatre protagonistes sont tels des fauves qui se cherchent, se défient, toujours prêts à bondir pour mieux détruire son ennemi mais au fil des nombreux retournements de situations chaque félin peut se transformer en proie potentielle. C'est là encore un des atouts de ce joli sexy giallo qui verra sa principale victime triompher de ses bourreaux lors d'un final aussi cruel que cynique ou tel est pris qui croyait prendre.
Entièrement tourné sur la côte d'azur et les côtes adriatiques, le film de Forqué, très élégamment mis en scène, bénéficie de superbes décors maritimes le long desquels flâne, s'aime et se déchire chacun des personnages au son d'une très belle partition musicale
lounge de Piero Piccioni fortement estampillée années 70 dont un thème principal absolument envoutant. Il bénéficie également de décors intérieurs de rêve particulièrement luxueux magnifiquement mis en valeur par une photographie solaire. Plus curieux est la sagesse dont fait preuve le cinéaste quant à l'érotisme qu'on pourrait presque qualifier ici de prude si on excepte la fameuse séquence de fétichisme. Forqué semble appliquer la règle du Cachez ce sein que je ne saurais voir puisque inlassablement il masque avec tout ce qu'il peut, une tige, une feuille, un voile, un objet quelconque, la poitrine dénudée de ses actrices et le fessier de Jean Sorel qu'on avait heureusement admiré dans toute sa splendeur trois ans auparavant dans L'adorable corps de Deborah. Si le procédé est amusant il devient assez rapidement frustrant plus particulièrement dans ce style de film où l'érotisme est un des éléments pilier. On savourera tout de même certains très beaux moments dont la longue séquence du baiser entre Ruth et son amant, suspendu par les pieds à une branche d'arbre. Original et acrobatique! Aussi sages soient elles, on reconnaitra tout de même le talent de Forqué pour avoir su insuffler un tel degré de sensualité dans ses scènes d'amour, toutes plus belles les unes que les autres.
Autour de l'inévitable Jean Sorel, toujours aussi sexy et bon acteur, on retrouvera deux actrices espagnoles de charme, la blonde Analia Gadé et la rousse Rosanna Yanni. Beaucoup plus étrange et mystérieux est le personnage qu'interprète Maurizio Bonuglia qui n'a jamais été aussi séduisant. Meilleur ami de Michel il traverse le film sans réelle justification. Sa présence n'est en fait jamais expliquée, il est tout simplement le témoin à distance des manigances de ces quatre lions qui comme nous attend le dénouement de cet affrontement... peut être pour mieux profiter de la survivante comme le laisserait entrevoir les ultimes images. N'était il pas autrefois chasseur de fauves? Toute coïncidence ne serait peut être pas entièrement gratuites.
Si le titre italien ne trouve aucune explication, point de renard à la queue de velours ici à moins que l'animal ne symbolise la perfidie de la rousse Rossana Yanni, il ne fait que s'inspirer des gialli de Argento, La volpe dalla coda di velluto est un très sympathique sexy giallo aussi solaire que vénéneux qui se laisse voir avec grand plaisir. Peut être moins tortueux que les oeuvres de Lenzi qu'il copie, le film du vétéran José Maria Forqué n'a pourtant rien à leur envier. On ne peut donc que le conseiller à tous les amateurs du genre... et les autres!