Le schiave esistono ancora
Autres titres: Les esclaves existent toujours / Slave trade in the world today
Real: Roberto Malenotti
Année: 1964
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 84mn
Acteurs: Allen Swift (Narrateur)...
Résumé: Le réalisateur nous propose à travers ce reportage un voyage tant en Afrique, au Moyen-orient et en Orient où l'esclavage et la servitude existent encore de nos jours.
Le schiave esistono ancora réalisé par Roberto Malenotti après que Folco Quilici ait quitté le tournage fait partie des ancêtres du mondo africain tels que Jacoppetti et surtout les frères Castiglione le définirent. Malgré un slogan racoleur, Jamais vu à l'écran, la vérité sur l'esclavage, le choc de votre vie, le film de Malenotti est loin d'être un des mondos les plus dérangeants. Il nous entraine bien entendu en Afrique mais également au moyen-orient, en Arabie Seoudite et en Inde là où l'esclavage et le trafic d'esclaves, honte de notre monde civilisé nous précise t-on, existent encore. Inspiré du livre Women slaves, Le schiave esistono ancora s'ouvre sur cette citation de la déclaration des droits de l'Homme, Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude, l'esclavage et le trafic d'esclaves sous toutes ses formes est interdit, une citation ouvertement bafouée dans bon nombre de pays comme va nous le prouver Malenotti.
Si on pouvait attendre d'un tel sujet de nombreuses scènes et images choc disons le de suite, la soif de voyeurisme et de complaisance du spectateur ne sera que bien peu satisfaite cette fois, Le schiave esistono ancora est un mondo plutôt soft. Si on excepte une série de photos d'archive en noir et blanc d'enfants battus, torturés par leur maître, le film de Malenotti ne réserve qu'une seule et unique séquence réellement malsaine et macabre, celle d'une île perdue au milieu de la mer surnommée l'île maudite où se s'est échouée une embarcation d'esclaves dévorés par une armada de crabes. Voir cette immense plage de sable blanc recouverte de squelettes humains et de crânes entre lesquels naviguent lentement des centaines de crabes a quelque chose d'à la fois poétique et funeste, d'effroyablement beau tandis que la voix toujours aussi condescendante du narrateur, Allen Swift pour la version originale, Robert Lamoureux pour la version française, se plait à nous conter le funeste destin de ces hommes.
Pour le reste, on retiendra quelques scènes de maltraitance, un homme se faisant flageller et bastonner de son plein gré dans la rue afin de connaitre son taux de résistance à la douleur, un marché d'esclaves où tous sont soigneusement examinés comme on examine et choisit du bétail,
Au programme également la visite d'un harem agrémentée de l'interview douteuse d'une des nombreuses épouses d'un éminent sheik et quelques danses du ventre dans un pays où la femme doit servir l'homme et le satisfaire, les révoltes populaires afin d'abolir l'esclavagisme et la souffrance qu'elle engendre dans les pays qui le pratiquent alors que dans d'autres être esclave est une coutume de vie qui se perpétue... Signalons pour information que lors de sa sortie, certaines scènes du harem furent jadis amputées par la censure. Malenotti profite également de son pseudo documentaire pour nous faire profiter de rites tribaux africains, une manière détournée afin de nous offrir quelques plans de nu lors de danses rituelles (le rite de la fertilité de la terre). Malgré cette gratuité, Le schiave esistono ancora reste bien pauvre en scènes de nudité et le spectateur voyeur avide de chair copieusement étalée sera bien déçu.
Il s'amusera par contre des commentaires toujours aussi condescendants solennellement déclamés par le narrateur, toujours aussi hypocrites et aberrants, tentant de prouver que l'esclavage et la servitude sont de biens mauvaises choses mais ils ont cependant leurs bons cotés notamment dans les émirats lorsqu'ils visent la femme et sont employés à des fins ludiques pour satisfaire les désirs coupables de l'homme. Si nous sommes aux anges, les féministes quant à elles vont être dans tous leurs états! Mais n'est ce pas là le but inavoué de tout mondo, flatter les bas instincts du spectateur en utilisant les sujets les plus abjects sous couvert journalistique. Odieux mais si délectable.
Il est dommage que Le schiave esistono ancora, joliment souligné par une partition musicale très décalée, n'ait pas été plus en avant dans l'infamie. Il est loin d'égaler des oeuvres telles que Addio zio Tom / Les négriers et de manière plus générale les futurs mondos des Castiglione dont il constitue une sorte de gentil apéritif.