Vacationland
Autres titres:
Real: Todd Verow
Année: 2006
Origine: USA
Genre: Drame
Durée: 104mn
Acteurs: Brad Hallowell, Gregory J. Lucas, Hilary Mann, Michael Dion, Charles Ard, Jennifer Stackpole, Mindy Hofman, Nathan Johnson, Theodore Boulokos, Gregg Anderson, Jono Minelli...
Résumé: Joe a 18 ans. Il vit dans une petite bourgade du Maine qu'il souhaite quitter au plus vite tant il s'y ennuie. Il aimerait faire les Beaux-arts. Joe est homosexuel et vit assez librement sa sexualité au fil de ses rencontres dans les toilettes du lycée. Andrew, son meilleur ami, est le capitaine de l'équipe de foot locale. Il sort avec la pom-pom girl en chef. Joe est amoureux de Andrew qu'il sait homosexuel . Un soir d'ivresse, ils concrétisent leur amour. S'il doit continuer à entretenir sa réputation de parfait hétéro, Andrew découvre lentement le seul endroit réservé aux gay dans ce coin perdu, un bar-discothèque. Tandis qu'Andrew vit assez mal cette vie, coincé entre ses rêves et le jeu qu'il doit jouer, Joe retrouve Tim. Joe avait été jadis témoin du viol de Tim par le patron pour lequel il travaillait au noir alors qu'il n'avait que 10 ans. Si Joe en a gardé des séquelles, Tim est devenu un garçon violent, alcoolique et prostitué. Ce retour inatendu va avoir des conséquences dramatiques sur Joe et Andrew...
Inspiré de la jeunesse de son réalisateur, l'américain Todd Verow, Vacationland est une sorte de semi autobiographie qui très vite prend des allures de romance sur fond de désillusion et de misère. Mais était ce bien là le but premier de Verow qui ne nous avait pas habitué à un cinéma aussi gentillet ce qui risque de déstabiliser ses fans de la première heure.
Spécialiste d'un cinéma gay souvent audacieux et trash, plutôt difficile au premier abord, Verow nous plonge cette fois dans l'univers désenchanté de Joe, un étudiant de 18 ans qui ne souhaite qu'une chose: quitter sa petite bourgade du Maine, Bangor, afin de pouvoir réaliser ses rêves et se sentir vivre.
Sur cette base de scénario qui s'appuie sur l'adolescence du metteur en scène qui lui aussi quitta très jeune son village natal, se greffe outre une histoire d'amour un brin compliquée entre Joe et son meilleur ami, le capitaine de l'équipe de football locale, différentes petites aventures qui, et c'est là le défaut majeur du film, semblent inachevées.
Joe est homosexuel. Il vit son homosexualité au fil des rencontres qu'il fait notamment dans les toilettes du lycée. C'est là qu'il découvre qu'un de ses professeurs est lui aussi gay. Ceci permet à Verow de nous offrir une séquence de sexe d'un homo-érotisme fracassant, puissamment fantasmatique, de plus est une des rares du film. Son meilleur ami, Andrew, est également homosexuel mais il le vit plus difficilement. Sa notoriété et sa place de capitaine d'équipe l'oblige à avoir une petite amie, la pom-pom girl en chef, afin d'être le plus
irréprochable des hétérosexuels. Malheureusement, un soir d'ivresse ils vont conclure cet amour secret et vivre pleinement leur relation en espérant un jour pouvoir s'en aller loin de cette région mortuaire. Andrew va alors explorer les rares lieux réservés aux homosexuels dans ce bourg perdu, soit un bar discothèque minable où se retrouvent drag queens, jeunes gays et vieux pervers. C'est là que Joe va rencontrer par un bien malheureux hasard un garçon qu'il avait vu se faire violer dans un entrepôt par le patron pédophile qui l'employait au noir un été lorsqu'il avait dix ans.
Vacationland parle évidemment du mal de vivre d'une jeunesse qui s'ennuie mais traite aussi de la difficulté d'être gay lorsqu'on est adolescent. Le sujet n'est pas nouveau et ce n'est pas Vacationland qui apportera un peu d'eau neuve au moulin. Bien au contraire. Voilà une romance homosexuelle conventionnelle et sans grande surprise qui devient vite ennuyeuse dont le principal atout est la force de son interprétation et la beauté de ses deux protagonistes principaux, Brad Hallowell et Greg J. Lucas, superbes éphèbes aux muscles saillants tout droit sortis d'un magazine de charme pour hommes.
Pourtant Vacationland fourmillait d'idées intéressantes mais toutes laissées au simple stade foetal car jamais réellement développées. Ainsi oublie t-on la relation calculée et intéressée entre Joe et son professeur qui disparait très vite comme on survole l'environnement familial du garçon représentée par une mère fantomatique, alcoolique et
battue par un énième amant. La soeur de Joe tout aussi désenchantée est également délaissée même si Verow esquisse un semblant d'histoire qui ainsi jetée devient rapidement improbable. comment en effet adhérer au fait que son patron puisse accepter sans rien dure qu'elle vole l'argent de la caisse afin de s'enfuir loin pour commencer une nouvelle vie qu'on devine le temps d'une séquence ratée. La relation entre Joe et Victor, le vieil esthète chez qui il pose, sorte de mentor, est quant à elle beaucoup trop légère puisqu'on arriverait à oublier son existence s'il n'apparaissait pas de temps à autre.
Chacun des personnages vit des aventures que Verow enchaine comme on enfile des perles mais de façon si superficielle qu'on se demande le réel pourquoi de leur présence si ce n'est d'alourdir le scénario. On sourira même parfois face à certaines séquences comme celle où la pom-pom girl chef fait part de son désir de faire l'amour à sa meilleure amie après avoir menacé Andrew de dévoiler son secret s'il ne restait pas avec elle.
Tout est maladroit, mal amené même si on sent la volonté de Verow de vouloir bien faire, de livrer au spectateur une part de lui même et de son difficile passé.
Le plus regrettable est le survol d'une des deux idées principales du film car hormis l'aventure amoureuse de ces deux jeunes désillusionnés qui veulent un jour briller et voir leurs espérances se réaliser, Vacationland traite également de pédophilie. C'est l'histoire d'un enfant de 10 ans abusé par le patron pour lequel il travaillait au noir. Joe fut témoin du viol et en a gardé des séquelles. Il va retrouver par hasard le garçon devenu depuis prostitué et alcoolique. Si le fait est tiré du réel passé du réalisateur, Verow l'occulte trop pour le banaliser et finalement délaisser ce personnage lors d'un final qui se veut romantique.
On cherche en vain le message que Verow a voulu faire passer et c'est une voix-off accompagnant les ultimes images qui nous l'apprendra sur fond de coucher de soleil. Quelque soit la difficulté ou l'atrocité des événements qu'on traverse, il faut en tirer partie et toujours aller de l'avant car il y a toujours pire. Voilà une conclusion qui laissera songeur dans un tel contexte et ne fera que renforcer la déception du spectateur.
Pratiquement dénué de toute scène de sexe, tout aussi timide quant à la nudité, Vacationland est certainement le film le moins convaincant de Verow qui nous avait habitué à beaucoup mieux et surtout à un déferlement de films coup de poing audacieux et particulièrement difficiles. C'est déçu qu'on sort de la vision de Vacationland qui avait tout pour être une oeuvre douloureuse et passionnante.