Lucky Bastard
Autres titres:
Real: Everett Lewis
Année: 2009
Origine: USA
Genre: Drame
Durée: 90mn
Acteurs: Patrick Tatten, Dale Dymkoski, Timothy Cole, Johnny Kostrey, Norma Louise, Nina Manni, Nathan Sutton, Jane Fleiss, Ivar Brogger, Lorin Doctor, Clint Keepin...
Résumé: Rusty a tout pour être heureux. Il est jeune, beau, sportif, amoureux de son compagnon et mène une vie d'architecte aisée. Lorsque son ami part en voyage d'affaires, Rusty rencontre par hasard Denny. Entre eux c'est le coup de foudre. Va naître une passion sexuelle destructrice. Denny, looser à la dérive, atteint du sida et dépendant à une drogue dure nommée Crystal va tenter d'entrainer Rusty dans son univers. Rusty, réticent, le suit tout de même jusqu'à se détruire lui même...
Réalisé par Everett Lewis, metteur en scène spécialisé dans le film indépendant, à qui on devait déjà FAQs et Luster, Lucky bastard est l'histoire d'une véritable passion homosexuelle entre deux personnages totalement opposés qui menera le jeune héros vers une inéluctable descente aux Enfers.
Rusty a tout pour être heureux: il est jeune, beau, sportif, amoureux de son ami et mène une vie aisé d'architecte. Choix personnel: il vit dans une chambre d'hôtel. Rusty est l'incarnation de l'ami/amant rêvé. Lorsque son ami doit s'abstenter pour un voyage d'affaires, Rusty va faire une rencontre inattendue au détour d'un magasin, celle de Denny. C'est le coup de foudre immédiat, l'irrésistible attraction charnelle. Ils se donnent l'un à l'autre dans les toilettes, mélant leur plaisir avec fougue et passion. C'est le début d'une relation houleuse et destructrice pour Rusty qui par amour mais est ce de l'amour va suivre Denny dans son univers qui n'est pas le sien: celui de la drogue et du sexe.
Rusty est l'antithèse de Denny. Secret, il cache un passé trouble. Atteint du Sida, il est également dépendant d'une drogue dure trés puissante, le crystal, qu'il se procure auprés de dealers monnayant son corps. Il va pousser Rusty à en prendre lui assurant que sa capacité sexuelle et sa soif de sexe seront ainsi décuplées.
Qu'est ce qui peut unir ces deux êtres totalement différents? Le sexe. Leur relation est ou semble être uniquement sexuelle. Tout deux sont sur la même longueur d'onde dans leur intimité et Rusty va découvrir à travers cette liaison une facette de sa personnalité, une face sombre et cachée, qu'il ne connaissait pas ou du moins ne pouvait vivre avec son compagnon.
De son bel héros, Lewis en fait une sorte d'anti-héros gay atypique dont on comprend mal les motivations et réactions. C'est là le défaut majeur du film. Comment un homme comme lui a t'il pu tomber amoureux d'un être comme Denny ( même si le coup de foudre ne s'explique pas)? Qu'est ce qui l'unit à ce point à Denny, looser à la dérive, hormis le sexe? Quelles sont ses motivations et pourquoi détruit il ainsi sa vie pour lui? Autant de points que Lewis survole tout comme il laisse à l'état végétatif le voyage introspectif de Rusty qui aurait permi de mieux nous éclairer. Rusty reste trop à l'état d'ébauche au point de devenir un personnage transparent auquel on ne parvient jamais à accrocher, pour lequel on éprouve aucun véritable sentiment. L'histoire en pâtit obligatoirement et le film perd beaucoup en force.
Lewis a par contre brossé un portrait plus profond de Denny, seul personnage qui possède une certaine épaisseur, une réelle dimension émotionnelle et porte en lui toute la déchéance de l'homme au détour de brillantes scènes.
En faisant se dérouler le film à Los Angeles dont le soleil masque souvent une grande mélancolie Lewis tente ainsi d'ajouter une vaine note de désespoir supplémentaire au film, appuyé par une partition musicale tout aussi triste. On reste malheureusement trop dans le superficiel et une fois la boucle bouclée, Rusty retournera à sa vie d'avant aussi facilement qu'il s'était épris de Denny. Tout est bien qui finit bien, trop bien même et c'est ici d'autant plus frustrant.
Le jeu sans relief du brun et athlétique Patrick Tatten ne joue guère en sa faveur écrasé par l'interprétation de Dale Dymkoski particulièrement vivant et crédible dans son personnage de looser.
Certes Lucky bastard est un joli film dont il émane une certaine émotion mais Lewis n'a pas su lui donner de véritable âme, cette force émotionnelle, cette passion destructrice qui était pourtant l'essence même du film. En ce sens, Lewis a raté son objectif.