Emanuelle: perche violenza alle donne?

Autres titres: Emanuelle autour du monde / The degradation of Emanuelle / Confessions of Emanuelle / Emanuelle around the world / Black Emanuelle around the world / Emanuelle vs violence to women
Réal: Joe D'Amato
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 90mn
Acteurs: Laura Gemser, George Eastman, Karin Schubert, Brigitte Petronio, Marino Masé, Ivan Rassimov, Don Powell, Paola Maiolini, Paola D'Egidio, Gianni Macchia, Randy West, Maria Luisa...
Résumé: Emanuelle et son amie Cora commencent un reportage sur la violence contre la femmes à travers le monde. Cela les entraine aux quatre du globe. Après la découverte d'un temple du plaisir géré par un étrange gourou en Inde et avoir fait la connaissance d'une jeune fille qui a été violée à Rome, Emanuelle découvre un réseau de traite des blanches. Elle va tenter de le démanteler au péril de sa vie...
Troisième opus des aventures d'Emanuelle mis en scène par Joe D'Amato, Emanuelle: perche violenza alle donne est un des meilleurs si ce n'est le meilleur épisode de la série avec Emanuelle en Amérique.
Si à chacun des épisodes précédents D'Amato envoyait notre séduisante reporter dans une région précise du globe, c'est à un véritable tour du monde auquel il nous convie cette fois, premier atout de ces nouvelles escapades érotiques.
De New York à Téhéran en passant par Rome, l'Inde ou encore Hong-Kong, Emanuelle autour du monde nous offre un magnifique périple aux quatre coins de notre planète. Emanuelle saute d'un continent à l'autre avec une aisance sidérante aussi facilement qu'on tourne la page d'une bande dessinée ou passe d'un chapitre au suivant lors de la lecture d'un captivant et ludique roman d'aventures.Après le charme de tous ces paysages, c'est sous le charme de l'éternelle et surtout irremplaçable Laura Gemser qui une fois de plus incarne l'infatigable Emanuelle que le spectateur tombera, plus ravissante que jamais et surtout bien décidée à démanteler tout un réseau de traite des blanches. La beauté irradiante de Laura plus resplendissante que jamais constitue le deuxième atout de cette aventure trépidante.
Le troisième atout de ce nouvel opus: son sujet. On y retrouve la volonté d'Emanuelle de combattre pour l'égalité des sexes et le respect des droits de la femme tout en continuant à prôner la liberté sexuelle. On se trouve plonger cette fois au centre d'un trafic de jeunes filles au coeur même d'un réseau de prostitution internationale où les malheureuses victimes sont à la merci d'hommes d'affaires et de politiciens haut placés. Ce sujet délicat fut souvent au centre des épisodes d'Emanuelle réalisés par Joe D'Amato. On remarquera avec plaisir cette amorce qui annonce les futurs films d'horreur du réalisateur marqué par son goût habituel pour la perversion. Si on excepte le passage à tabac et le viol de Cora ou celui plus suggéré de Maria, on notera surtout l'introduction de ce cauchemardesque personnage qui semble tout droit sortir d'un giallo. Portant chapeau et minerve, le visage abominablement défiguré, sa silhouette se découpe dans l'ombre tandis que ses yeux sans vie luisent dans la nuit tels ceux d'un démon. Fidèle à lui même, D'Amato agrémente son film de quelques séquences de perversions sexuelles récurrentes au cinéma d'exploitation transalpin qui feront la joie de l'amateur dont deux zoophiles plutôt audacieuses: celle où un serpent phallique glisse sur le sexe d'une fille enduite de lait qu'il pénétrera et celle où un berger allemand en pleine érection tente de copuler avec une prisonnière avant de devoir sodomiser son propriétaire. Ces deux scènes le plus souvent censurées ou expurgées des plans les plus osés ont été réinsérées dans leur intégralité dans le métrage à l'occasion de la sortie du nouveau DVD italien.
L'érotisme omniprésent est particulièrement beau et raffiné. Joe D'Amato nous délecte ainsi de quelques très belles scènes hétérosexuelles ou saphiques dont celle où Emanuelle initie son jeune sauveur aux plaisirs du sexe dans le placard de la chambre où sa belle-mère est entrain de se donner voluptueusement à la bonne. Magnifique est également la séquence où Emanuelle et son amie font l'amour à l'émir sans oublier la visite du palais des orgies où une prêtresse initie les adeptes au Kamasutra à l'aide de divers objets et phallus géants.
On savourera aussi cet humour constamment présent, léger et malicieux à l'image d'Emanuelle plus piquante et volubile que jamais. En cela la séquence avec le gourou, grand maître du coït prolongé mais bassement mercantile, est un vrai régal. Notre Jésus Christ factice interprété par un George Eastman fort drôle restera tout penaud et surtout particulièrement déconvenu de n'avoir pu satisfaire l'insatiable Emanuelle qui ne pourra s'empêcher de le titiller.
Mis en scène avec une étonnante aisance, Emanuelle: Perche violenza alle donne se laisse regarder comme on lit une jolie bande dessinée pour adultes ou un passionnant roman d'aventures réservé aux plus de 18 ans. Emanuelle autour du monde est bel et bien un film ludique qui sous ses airs désinvoltes traite de choses sérieuses. La magnifique partition musicale signée Nico Fidenco et la chanson thème Picture of love apportent la touche finale à cette réussite du genre où on retrouvera avec joie outre Laura Gemser et George Eastman, Karin Schubert dont c'était la troisième participation à la série, Ivan Rassimov, Brigitte Petronio, Gianni Macchia mais aussi Paola Maiolini et Paola D'Egidio.