Un amore cosi fragile cosi violento
Autres titres:
Réal: Leros Pittoni
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 94mn
Acteurs: Fabio Testi, Paola Pitagora, Daniele Dublino, María Baxa, Gino Santercole, Franco Ressel, Luigi Casellato, Ugo Cardea, Giovanna Di Vita, Franco Bartella, Filippo Tarantino, Gino Casellani...
Résumé: Depuis que son mari est en prison Assunta vit seule avec son fils gravement malade. Elle a pour meilleur ami Gepo, un jeune peintre qui est venu vivre sur l'ile. La jeune femme n'a pas assez d'argent pour soigner son fils qui risque de mourir. Une riche milanaise tombée amoureuse de Gepo lui achète des toiles. L'argent servira à opérer le fils d'Assunta. Violée par son beau-frère Assunta tombe enceinte. Elle avorte clandestinement. A sa sortie de prison son mari est tué par son frère. Gepo est accusé du meurtre...
Inutile de chercher les antécédents cinématographiques de Leros Pittoni puisqu'il n'en a pas. Journaliste et romancier à la base Pittoni se retrouve en 1973 derrière la caméra suite au succès de l'adaptation à l'écran d'un de ses romans, L'istruttoria è chiusa: dimentichi, dirigée par Damiano Damiani, sorti en France sous le titre Nous sommes tous en liberté provisoire. Deux ans plus tard, en 1973, Pittoni décide de mettre lui même en scène un autre de ses romans, Un amore cosi fragile cosi violento, une idée en soi plutôt louable mais qui s'avère ici vite fastidieuse puisqu'on ne s'improvise pas metteur en scène.
Gerolamo Poliziani dit Gepo est peintre. Ecologiste avant l'heure dans l'âme, il a choisi de se retirer dans un petit village côtier, loin des villes, afin de vivre tranquillement de ses peintures et de la pêche. Il est le meilleur ami de Assunta. Depuis que son mari Carmelo a été emprisonné la jeune femme vit seule avec son fils Giorgio gravement malade. L'enfant a peu de chance de guérir s'il n'est pas hospitalisé et opéré en ville. Mais Assunta n'a pas l'argent pour l'y envoyer. La relation qu'entretiennent Assunta et Gepo n'est pas du gout de son beau-frère, un pécheur violent qui a des vues sur la pauvre femme. Une nuit, ivre, il la violente devant son fils. Gepo doit pourtant contenir sa colère s'il ne veut pas s'attirer les foudre du
maréchal qui ne supporte pas la présence du peintre qu'il aimerait voir plus que tout quitter son village. Les gens de la ville ne sont pour lui qu'une source de problèmes qui viennent corrompre les coutumes et traditions ancestrales. Lors d'une fête locale Gepo fait la connaissance d'une riche milanaise qui tombe amoureuse du séduisant peintre. Elle lui achète suffisamment de toiles pour que Gepo puisse payer l'opération de Giorgio. Malheureusement Assunta est enceinte. Elle décide de se faire avorter clandestinement, refusant le fruit de ce viol. Malheureusement la malheureuse meurt en rentrant chez elle au moment même où son beau-frère tue Carmelo de retour au village. L'avorteuse est arrêtée.
Gepo est accusé du meurtre mais il recouvre rapidement la liberté non sans avoir été sommé de quitter au plus vite le village s'il ne veut pas voir les autochtones se retourner contre lui. Les villageois oublient mais ne pardonnent jamais. Seul, brisé, le peintre quitte l'ile et rentre chez lui. Au plus mal il apprend la guérison de Giorgio. Reboosté par l'enfant il décide de retourner sur l'ile. Il y est accueilli avec dignité.
"Un amour si fragile si violent". Avec un tel titre on pouvait s'attendre à une histoire d'amour percutante sur fond de drame humain. Malheureusement le film n'est qu'un simple lacrima movie qui mélange maladroitement plusieurs thèmes sans jamais vraiment les développer,
preuve qu'avec toute la bonne volonté du monde il est difficile de passer du métier d'écrivain à celui de metteur en scène même si c'est pour adapter son propre roman. Peut-être que Pittoni aurait gagné à se faire assister ou à demander à un véritable réalisateur de mettre en scène cette histoire qui 90 minutes durant tente en vain de faire pleurer des rivières au spectateur. Tous les ingrédients sont au menu. On a le lieu, un village maritime qui vit durement de la pêche et des mines de sel, on a les personnages, un séduisant jeune peintre très proche d'une jeune femme dont le mari est absent et le fils gravement malade, un marin jaloux et violent amoureux de la jeune femme, un maréchal incarnant toutes les
valeurs morales de l'Italie traditionaliste et une riche bourgeoise mariée amoureuse du peintre. Ne reste plus qu'à assaisonner l'ensemble d'un zeste d'action: un viol, un avortement clandestin, une arrestation, une once de haine le tout sur fond de pêche et de dur labeur dans les mines de sel où même les enfants suent sang et eau. Voilà un bien joli tableau où pourtant rien ne fonctionne.
Difficile d'accrocher à un récit où les différents protagonistes sont tous unidimensionnels. Difficile de s'intéresser à cette histoire qui très vite génère ennui et lassitude faute à une mise en scène mollassonne, bien trop lente pour susciter le moindre petit sursaut. Pittoni ne
fait qu'aligner des clichés, de jolies images vides de toute émotion sur un scénario dénué de psychologie, peu crédible et surtout confus tant tout se mélange sans grande cohérence. On voudrait y croire mais comment accrocher à des caractères tous plus transparents les uns que les autres, de simples stéréotypes qui s'acharnent en vain à vouloir nous faire vivre leur drame quand certains sont inutiles (la bourgeoise milanaise qui semble être là juste pour donner quelques billets et offrir au film quelques nus).
Quant aux différents sujets sociaux que Pittoni voudrait traiter ils ne sont que simplement survolés, jamais approfondis, et deviennent vite tout bonnement secondaires. Parmi les plus
intéressants il y a la difficulté à faire changer les moeurs dans une Italie conservatrice et particulièrement moralisatrice incarné par ce village côtier du sud, le rejet qui en découle, la violence que peut engendrer la tentative de faire évoluer les esprits, d'introduire des idées nouvelles, modernes. Egalement au programme la peinture du travail au quotidien dans les mines de sel, un véritable bagne où même vieillards et enfants doivent se rendre pour survivre et les avortements clandestins pratiquées par des femmes qu'on payait (on pense soudainement à Qu'avez-vous fait à Solange dans lequel on retrouvait Fabio Testi). Que de beaux thèmes qui restent tristement à l'état d'ébauche et tombent souvent à l'eau tant ils sont
mis en scène de manière anodine et impersonnelle.
L'interprétation est à l'image du film, translucide, peu convaincante et surtout sans âme. Fabio Testi est beau, viril, ténébreux mais trop inexpressif. Il donne l'impression de passer son temps à prendre la pose, la mâchoire serrée, les muscles bandés tandis que Pittoni ne cesse de le déshabiller afin d'exposer son torse (on a au moins une bonne raison de ne pas s'endormir). Sa reconstitution du chemin de croix du Christ lors de laquelle il incarne Jésus est très certainement une des moins percutantes que le cinéma ait offert peu aidé par la mise en scène d'une platitude extrême de Pittoni. Maria Baxa, sous employée, ne sert à rien
si ce n'est de nous offrir un plan de nu intégral lors d'une séance de plage. Seuls la touchante et très belle Paola Pitagora donne corps à son rôle et trouvera grâce auprès du spectateur, ainsi que Franco Ressel, impitoyable maréchal qui tire haut la main son épingle du jeu.
De Un amore cosi fragile cosi violento, produit par Ovidio G. Assonitis, on retiendra surtout et avant tout la beauté de ses décors naturels de Lipari, ses plages sauvages, ses mines de sel, son village, seul élément que la caméra de Leros Pittoni exalte réellement et quelques scènes disséminées ça et là qui rehaussent le niveau et donnent enfin au film une tournure
dramatique, brutale qu'on aurait aimé retrouver bien plus souvent: le viol de Assunta devant son enfant malade, son avortement clandestin et sa mort, l'agression de son mari, les têtes à tête entre Gepo et le maréchal. Malheureusement cela ne suffit pas à le sauver de l'échec. Cela lui donne tout simplement un minimum d'intérêt.
Quant au coté larmoyant propre au lacrima movie on versera difficilement sa larme cette fois à moins d'être un véritable coeur d'artichaut que la mort d'une simple mouche ferait éclater en sanglots. Les scènes entre Testi et l'enfant (un insipide Franco Bartella) ne fonctionnent pas vraiment. Chacun fait son travail mais l'émotion n'est pas au rendez-vous. Tout comme
faire rire faire pleurer est tout un art. Des tonnes de violons, ceux ici de Daniele Patucchi, et des gros plans sur des visages tristes ne suffisent pas toujours à la créer.
Faute à une réalisation bien insipide et mollassonne, un jeu d'acteur global bien peu convaincant et des thèmes certes intéressants mais trop peu développés l'intensité dramatique du récit, sa force, s'en trouvent grandement amoindries. Au bout du compte Un amore cosi fragile cosi violento ne fonctionne jamais vraiment et finit par devenir ennuyeux, au mieux il indiffère. Ne subsistent que son décor et quelques scènes intéressantes. Trop peu pour faire de ce lacrima movie une réussite. Dommage!
On retrouvera le nom de Pittoni quelques années plus tard en tant que scénariste cette fois puisqu'il est à l'origine d'un brillant teensploitation, Eden no sono, où comment deux adolescents fugueurs décident de vivre nus, tel Adam et Eve, seuls sur une plage, et le sympathique drame adolescent Professione figlio / Bugie bianche, deux occasions d'admirer la beauté d'un des plus séduisants lolitos du cinéma Bis transalpin, Ronnie Valente, et profiter de fabuleux nus juvénile intégraux.