Climax
Autres titres: Climax: Amenaza en las aulas
Réal: Francisco Lara Polop
Année: 1977
Origine: Espagne
Genre: Drame / Drugsploitation
Durée: 100mn
Acteurs: Annie Belle, Teresa Gimpera, Javier Escriva, Beatriz Rossat, Tony Fuentes, Andrès Isbert, José Franco, Manuela Camacho, Pilar Barrera, David Lara, Virginia Mataix, Pilar Munoz, Pilar Gomez Ferrer, Manuel Zarzo, Yelena Samarina...
Résumé: Issue d'un milieu d'un milieu bourgeois Ana, 17 ans, est délaissée par ses parents qui ne soucient guère de ses problèmes. Elle se réfugie dans la drogue. Envoyée dans un pensionnat de jeunes filles elle continue cependant à prendre des drogues de plus en plus dures jusqu'au jour où elle fait une overdose...
Du cinéaste scénariste producteur espagnol Francisco Lara Polop bien peu de choses nous sont arrivées en France où son oeuvre reste franchement méconnue. Du thriller d'épouvante (La mansion de la niebla) au polar (La patria del rata...) en passant par le drame Francisco Lara Polop s'est attaqué avec succès à différents genres durant une carrière qui s'étala sur quasiment vingt ans. Après avoir été en 1977 un des premiers à avoir donné sa chance à Victoria Abril (Obsession) Polop débauche la française Annie Belle, alors au sommet de sa gloire en Italie, en lui offrant le rôle principal de son nouveau film Climax, un drugsploitation
mâtiné de drame social.
Ana a dix-sept ans. Issue d'un milieu bourgeois, c'est une adolescente comme bien d'autres à la différence près que la jeune fille souffre de sa situation familiale. Sa mère la considère encore comme une enfant à qui elle doit rendre sans cesse des comptes. Son père, un politicien en vue, ne se soucie que de sa réputation et délaisse sa fille à qui il demande de toujours faire attention à ce qu'elle fait ou dit. Ana étouffe. Elle trouve un peu liberté et de répit auprès de ses camarades de classe et de son petit ami. Ana fait la fête, elle fume de la marijuana. Elle oublie ainsi sa vie quotidienne. Un soir son petit frère découvre un joint, le
fume et faillit se noyer en tombant à l'eau. Ana est envoyée en pension dans une école pour jeunes filles censée la remettre dans le droit chemin. C'est cependant tout le contraire qui se produit. La drogue circule à la pension et Ana en consomme régulièrement avec ses camarades. Elle découvre également qu'une des professeurs est lesbienne et entretient une relation avec une des élèves. L'enseignante lui demande de garder le secret et la fait chanter d'autant plus qu'elle a des vues sur Ana. Des drogues douces aux drogues dures il n'y a souvent qu'un pas. Ana commence à prendre de l'héroïne. Devenue dépendante elle gâche les occasions que la vie lui offre. Elle perd ainsi son travail de modèle nue chez un peintre
excentrique. Un soir Ana fait une overdose. Elle est sauvée in extremis. Avec l'aide de son petit ami elle décide de se désintoxiquer dans un centre spécialisé après avoir appris la mort par overdose de son amie Cristina et de son copain.
Le cinéma espagnol ne fut pas en marge pour parler des problèmes de la jeunesse en cette fin d'années 70. Entre délinquance et drogue nombre de réalisateurs donnèrent leur vision de l'Espagne d'alors de manière plus ou moins percutante. Le film de Polop s'il n'est pas un des meilleurs exemples, n'en est pas pour autant dénué d'intérêt. Certes l'histoire de Ana ne restera pas gravée dans la mémoire du spectateur encore moins dans les annales du
cinéma mais le cinéaste a suffisamment de ressources pour rendre plaisante une histoire somme toute assez banale. On retrouve le schéma classique de ce type d'intrigue. Une jeune fille d'origine bourgeoise délaissée par ses parents se réfugie auprès de son cercle d'amis qui l'initie à la drogue tout aussi présente dans les institutions (la pensionnat de jeunes filles). On reste dans le classique tant dans le fond que dans la forme. C'est peut être là que le bât blesse. Polop ne développe pas assez son intrigue qui manque de psychologie et de profondeur. L'univers familial de Ana est un univers fantôme où les parents ne sont que de simples caricatures, trop peu présents. Ana n'est qu'une jeune fille comme tant d'autres
dont on a eu mal à partager la souffrance. Difficile de s'attacher à son personnage dans de telles circonstances dont on suit passivement la descente aux enfers. Superficielle, l'intrigue n'est qu'une intrigue lambda à qui il manque une véritable intensité dramatique, celle qu'un tel scénario était en droit d'attendre. On frise même par moment l'absurde (la scène ratée du petit frère de Ana qui fume son joint et tombe dans la piscine). Le climax annoncé par le titre se fait donc désirer et ce n'est finalement que lors des vingt dernières minutes qu'on atteint enfin un certain degré d'intensité lors de l'overdose de Ana, des effroyables délires cauchemardesques qui l'accompagnent et des ses conséquences. Voilà qui est peu pour un
film qui n'est cependant pas à bouder. Loin de là.
Malgré une certaine lenteur la mise en scène est correcte, Polop a du métier et un évident savoir-faire tant et si bien que Climax n'ennuie jamais vraiment, surtout dans sa deuxième partie, la plus réussie, d'autant plus que l'interprétation est loin d'être inintéressante, à commencer par Annie Belle, totalement méconnaissable ici. Dissimulée sous une sage perruque brune couvrant sa célèbre coupe garçonne couleur neige elle est une Ana tout à fait convaincante mais malheureusement assez avare de ses charmes cette fois. Point de nus audacieux pour Annie si ce ne sont que quelques nus dorsaux ou quelques plans plutôt
sages au grand regret de ses fans. Teresa Gimpera, la star de l'érotisme ibérique, interprète sa mère. Teresa n'a aucune scène de nu ici. Elle se contente de choyer Ana et de beaucoup fumer comme la plupart des protagonistes. Leur présence suffit néanmoins à donner à cette pellicule quelques jolies couleurs. Quelques scènes retiendront également l'attention (l'overdose finale bien sûr, le clou du film, les scènes de shoots plutôt réussies accompagnées d'une solide musique rock, la scène d'amour entre Ana et son petit ami, le peintre excentrique et l'univers du pensionnat de jeunes filles assez bien représenté...).
Totalement inédit, oublié des distributeurs DVD, Climax est un drugsploitation espagnol plutôt inoffensif, anodin tant dans sa tentative de dénonciation sociale que dans les images qu'il montre. S'il se fond dans la production d'alors l'amateur prendra cependant un plaisir certain à le découvrir via les quelques diffusions sur les chaines érotiques ibériques ne serait-ce que pour le charme magnétique d'Annie Belle et ses quelques séquences choc.