Incontro
Autres titres: Amor anonimo
Real: Piero Schivazappa
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 97mn
Acteurs: Massimo Ranieri, Florinda Bolkan, Claudio Giorgi, Mariangela Melato, Leonard Mann, Glauco Onorato, Pippo Campanini, Barbara Pilavin, Daniela Goggi, Marco Bonetti...
Résumé: Claudia, une bourgeoise trentenaire, fait la connaissance du jeune Sandro, tout juste 20 ans, lors d'une soirée mondaine. Ils couchent ensemble mais pour Claudia se n'est qu'une aventure d'un soir. Elle est mariée à un homme d'affaires qui la délaisse mais ne souhaite pas le quitter par peur de le faire souffrir. Pour Sandro il en va tout autrement. Il tombe fou amoureux de Claudia. Même s'il sait qu'elle est mariée il s'accroche. Les deux amants se rapprochent, Claudia a besoin de l'innocence et de la fraicheur du jeune homme. Lorsque son mari rentre de voyage leur relation se complique du moins pour Sandro...
Essentiellement connu pour son excellent et étrange Femina ridens qu'il réalisa en 1969 Piero Schivazappa s'est avant tout fait connaitre à la télévision dés le début des années 60 en tournant un nombre impressionnant de séries et autres téléfilms. Sa carrière au grand écran resta assez limitée, une toute petite dizaine de films en tout et pour tout dont Incontro, un drame romantique tourné en 1971.
Claudia Ridolfi est une séduisante bourgeoise à l'approche de la trentaine. Elle est mariée à Stefano, un homme d'affaires bien trop souvent absent qui la néglige. Plus souvent seule
qu'auprès de son époux Claudia s'ennuie. Lors d'une partie de action-vérité organisée pendant une fête mondaine Claudia doit avouer à quel invité elle aimerait faire l'amour. Embarrassée elle choisit à tout hasard Sandro, un ravissant jeune homme d'une vingtaine d'années. Ils quittent la fête et couchent ensemble. Sandro tombe immédiatement amoureux de Claudia qui pourtant ne souhaite pas le revoir. Sandro met tout en oeuvre pour la retrouver. Claudia finit par céder à la tentation et se laisse séduire. Elle veut pourtant rester fidèle à son époux qu'elle refuse de quitter afin de ne pas lui faire de mal. Séduite par la fougue et la jeunesse de son amant Claudia accepte leur relation mais pour elle les choses sont claires.
Il n'y aura rien de plus entre eux. Sandro se plie à son désir espérant secrètement qu'elle quitte un jour Stefano pour qu'ils puissent enfin vivre ensemble. Lorsque Stefano rentre d'Afrique tout se complique. Sandro voit ses espoirs s'évanouir. Alors qu'il est au plus mal Claudia lui annonce qu'elle a pris quatre jours de congés afin qu'ils puissent partir et profiter de ces instants. Pensant qu'elle quittera enfin son mari après ces quatre jours Sandro tombe une fois de plus de haut. Elle préfère le quitter pour rester avec Stefano qui a deviné que sa femme a un amant, une situation qu'il accepte sachant qu'elle n'est pas vraiment heureuse avec lui. Déchirée entre l'amour qu'elle éprouve pour son jeune amant et la peur de faire
souffrir son mari Claudia se sent prisonnière. Incapable de supporter l'idée que celle qui l'aime ne lui appartiendra jamais Sandro commet alors l'irréparable.
On le sait désormais depuis très longtemps la bourgeoisie s'est toujours noyée dans un océan d'ennui. Incontro n'en est jamais qu'une énième représentation à une époque où le cinéma italien n'en finissait plus de mettre en scène ces drames bourgeois. Le film de Schivazappa en reprend le schéma traditionnel, celui du couple de bourgeois en prise crise existentielle dont la vie monotone va soudainement exploser avec l'arrivée d'un bel amant.
D'un coté on a une épouse frustrée, délaissée qui pour tromper son ennui assiste à des fêtes mondaines aux parfums de débauche (la partie humiliante d'action-vérité), de l'autre un mari le plus souvent absent qui espère voir sa femme heureuse dans les bras d'un autre homme, chacun ayant peur de se quitter car l'amour subsiste encore entre eux, au milieu un jeune amant fougueux, innocent et romantique, qui n'en peux plus d'espérer que celle qui l'aime soit un jour à lui. La parfaite relation triolique qui mène au drame inéluctable. Schivazappa ne va pas chercher plus loin. Il se contente d'appliquer la recette à la lettre. C'est peut être là le défaut majeur du film dont le titre à lui seul le résume. A aucun moment il
n'a pensé à donner une quelconque épaisseur à ses personnages, d'en approfondir l'aspect psychologique. Incontro prend très vite l'allure d'un joli roman-photo dont on suit l'intrigue de manière plutôt détachée tant il est difficile de s'attacher à ses protagonistes, de partager leur désespoir, leur amour, leurs émotions. Tout est cousu de fil blanc, il n'y a aucun suspens et le final tragique aussi prenant soit-il semble être convenu donc peu surprenant. Tout est ici routinier, d'une linéarité exemplaire, privé de tout pathos. Trop anodin, Incontro se noie tout bonnement dans la production d'alors.
Mais anodin ne veut pas forcément dire ennuyant. Ce petit drame bourgeois a son charme et
se laisse visionner sans difficulté, cela grâce en premier lieu à son interprétation. Florinda Bolkan qui n'a jamais autant ressemblé à Eva Czemerys (la grande spécialiste de ce type de film) est à la hauteur de son personnage d'épouse bourgeoise, belle, charismatique, investie. Massimo Ranieri, tout juste 20 ans, tout auréolé du succès de son premier film Bubu de Mauro Bolognini, est une véritable bouffée de fraicheur, un jeune romantique un peu naïf, au charme angélique. Le duo fonctionne malgré le manque de force dans leur rôle respectif. Notons l'apparition remarquée de Mariangela Melato qui dans un numéro de future épouse blasée très drôle. Autre bel atout de cette petite bande les très belles musiques de
Ennio Morricone sans oublier de jolis extérieurs qui rappellent là encore ceux d'un roman-photo et quelques scènes de nu toujours très pudiques mais qui nous donnent l'occasion d'admirer nos deux protagonistes en tenue d'Eve et d'Adam ou la petite touche d'érotisme indispensable à tout bon film italien d'alors.
Incontro n'aura surement pas révolutionné le cinéma de genre italien. Aujourd'hui bien oublié ce petit drame bourgeois empreint d'un bon zeste de romantisme perdu au beau milieu d'une abondante production du même acabit est un simple divertissement sans aucune
prétention qu'on regarde gentiment le soir, une bonne infusion à la main, un petit gâteau dans l'autre avant d'éteindre la lumière et de s'envoler au pays des rêves.
C'est beau, c'est frais, bourré de bons sentiments et de romantisme fleur bleue mais les histoires d'amour finissent mal en général (c'est pour ça qu'on les aime) et c'est la larme à l'oeil qu'on ira se coucher.