Scacco alla mafia
Autres titres: Echec à la mafia / Defeat the mafia
Real: Lorenzo Sabatini
Année: 1968
Origine: Italie
Genre: Noir / Giallo / Polar
Durée: 90mn
Acteurs: Victor Spinetti, Pier Paolo Capponi, Maria Pia Conte, Néstor Garay, Luciano Pigozzi, Micaela Pignatelli, Carmen Scarpitta, Paolo Giusti, Margarita Puratich, Luigi Bonos, Enzo Fiermonte, Mariella Palmich, Franco Borelli, Angela Goodwin, Aldo Berti...
Résumé: Susan Palmer, une héroïnomane américaine qui travaille pour Agostino, un petit boss de la mafia romaine, est retrouvée morte à l'aéroport de Rome après qu'elle ait remis à deux hommes d'Agostino deux valises remplies de drogue. En outre les valises ont été échangées avant leur remise par un certain Niki. D'Agostino, furieux d'avoir été doublé, veut absolument récupérer sa marchandise. Un inspecteur des narcotiques mène l'enquête sur cette mort étrange. Pendant ce temps la meilleure amie de Susan fait la connaissance d'Arthur, un soi disant cousin de Susan...
Derrière l'énigmatique pseudonyme anglophone Warren Kiefer se cache un tout aussi mystérieux Lorenzo Sabatini, coauteur du Castello dei morti viventi de Luciano Ricci, et metteur en scène d'un rarissime film érotique psychédélique inspiré de Sade Mademoiselle de Sade e i suoi vizi. C'est peu dire que Sabatini n'aura guère laissé de trace dans les annales du cinéma de genre transalpin et ce n'est pas Scacco alla mafia qui changera les choses tant cette petite pellicule frise l'amateurisme malgré quelques idées qui ça et là émergent de cet océan d'ennui.
Susan Palmer, une jeune américaine, est héroïnomane et travaille également pour un certain Frankie Agostino, un petit boss mafieux et trafiquant de drogues romain. Elle se rend à l'aéroport de Rome où elle doit remettre deux valises remplies d'héroïne à deux hommes de Agostino. Elle ignore que la police les surveille. Elle les remet aux deux sbires mais entre temps les valises ont été discrètement échangées par un certain Niki Velour qui s'enfuit avec la marchandise. Les sbires d'Agostino sont arrêtées mais vite relâchées puisque les valises ne contenaient que de la poudre blanche. Quant à Susan son corps est retrouvé sans vie à
l'aéroport. Suicide ou assassinat? Furieux Agostino entend bien remettre la main sur la drogue. Un agent des narcotiques américain, Scott Luce, est sur l'affaire. Il va interroger tous les proches de Susan dont sa meilleure amie, Jenny Palmer, qui de son coté fait la connaissance d'un certain Arthur Hardigan, le cousin de Susan ou du moins c'est ce qu'il prétend. Au fil de l'enquête tous les proches de Susan et ceux qui de près ou de loin sont mêlés à ce trafic de drogue sont assassinés. Le tueur et cerveau de toute cette affaire n'est autre que Arthur, pièce maitresse de cette affaire, en réalité le neveu de Agostino qui voulait
prendre la place de son oncle à la tête du réseau.
Difficile de résumer ce film puisque l'intrigue grossière n'a ni queue ni tête. Mélange maladroit de film noir, de polar et de giallo Scacco alla mafia ennuie dés les premières minutes par le parti pris du réalisateur à utiliser la voix off de certains personnages afin de commenter ce qu'il filme, un procédé très étrange qui donne ici l'impression que Sabatini n'a trouvé aucun autre moyen pour dérouler le fil de son intrigue déjà très légère à la base. Autant dire qu'au bout de dix minutes la technique devient fatigante puis énervante pour
devenir assommante d'autant plus que Scacco alla mafia est également très bavard. Il ne se passe quasiment rien durant 90 minutes si ce ne sont les rencontres que fait l'agent des stup' qu'il interroge inlassablement. On parle et on parle et on parle encore tant et si bien que le spectateur finit par somnoler fatigué d'attendre un brin d'action. Quant à l'histoire, souvent invraisemblable, brouillonne, pas toujours très claire, elle ne réserve aucune réelle surprise si ce n'est celle très étonnante de réaliser soudain que certaines voix off sont celles de personnages décédés. Les morts nous racontent donc le film de l'au delà!! Quelle bizarrerie
qui ne trouve aucune explication nulle part dans le scénario. Quant aux meurtres tout se passe la plupart du temps hors champ. Il ne faut donc pas compter sur quelque effusion de sang pour booster l'ensemble comme il ne faut pas compter sur l'interprétation pour insuffler au film une once de dynamique surtout pas sur Pier Paolo Capponi dans la défroque de l'agent des narcotiques. Il compte à son actif une seule et unique expression durant tout le récit et semble surtout se demander pourquoi il est venu se perdre dans cette bobine soporifique dirigée de manière trop souvent amateure. La présence de Maria Pia Conte,
Micaela Pignatelli, Carmen Scapitta n'apporte strictement rien pas même un soupçon d'érotisme si ce n'est un rapide plan des seins nus de Maria Pia lors de son viol. Paolo Giusti, le séduisant modèle, prince du roman-photo, (Niki Velour, il fallait oser un tel nom) n'a jamais été peu valorisée mais sa mort à un petit coté trouble non déplaisant. Quant à Luciano Pigozzi, cloué sur sa chaise roulante, il n'a que deux ou trois scènes. On gardera juste en tête la prestation de Victor Spinetti, malgré un physique plus approprié à la comédie, dans le rôle de Arthur, le fourbe neveu, et l'apparition de l'argentin Nestor Garay en
imprésario homosexuel aussi trouble que funeste et débauché. En réalité il est le seul personnage intéressant du film et distille lors de ses scènes quelque chose d'agréablement malsain. Sa galerie d'art décadente vaut à elle seule la vision de cette bande d'un autre temps.
Que reste t-il donc au crédit de Scacco alla mafia du moins pour les plus résistants et les plus cléments, ceux qui auront le courage d'aller jusqu'au bout du métrage sans avoir fait avance rapide ou sans s'être endormis? Outre cet impresario gay aux faux airs felliniens on
retiendra quelques effets de style qui noyés dans cette mer d'insipidité lui donnent un petit air curieux. Exception faite des voix off de personnages décédés qui narrent le récit certains décors assez "pop art" caresseront l'oeil des amoureux de cette période comme les images d'une Rome fin années 60 qui semble antédiluvienne, quelques idées ou plans qui ça et là trouvent une raison d'être (les seringues qui s'enfoncent dans le bras des junkies font toujours effet) et une musique qui passe du jazzy bon marché à des notes plus psychédéliques. Voilà qui est malheureusement bien trop peu pour rehausser le niveau de
l'ensemble désespérément bas. Aujourd'hui totalement oublié (mais qui aurait l'idée d'aller déterrer cette pellicule d'un autre temps des tiroirs où il moisit si ce n'est le Maniaco), uniquement visible en version intégrale via une très vieille vidéo anglaise sous titrée en néerlandais (la version autrefois diffusée sur les chaines italiennes est gravement amputée) Scacco alla mafia est là encore une simple curiosité sans grand intérêt à réserver en priorité aux collectionneurs qu'on visionne une fois pour la culture puis qu'on remet sur son étagère jusqu'au siècle prochain.