Le spie amano i fiori
Autres titres: Des fleurs pour un espion / Capture / The spy who loved flowers / Die höllenkatze des kong-fu
Real: Umberto Lenzi
Année: 1966
Origine: Italie
Genre: Eurospy
Durée: 90mn
Acteurs: Roger Browne, Emma Danieli, Daniele Vargas, Yoko Tani, Marino Masé, Fernando Cebrián, Sal Borgese, Tullio Altamura, Pilar Clemens, Giovanna Lenzi, Gaetano Quartararo, Bruno Ukmar, Claudio Biava, Armando Furlai...
Résumé: L'électroscomètre, une arme redoutable qui peut neutraliser tout énergie sur un rayon de 50 km, a été dérobé. L'agent super 07 est sur l'affaire. Il doit retrouver trois espions qui pourraient mettre l'arme à profit. Il en tue deux mais le troisième surnommé l'espion qui aime les fleurs lui échappe. Accompagné de la journaliste Geneviève Laffont il part pour la Grèce après avoir reçu un énigmatique message codé: "Des roses bleues sont arrivées ce matin"...
Après quelques films de cape et d'épée, une série de films d'aventures et un film de guerre Umberto Lenzi alors à l'aube de sa très longue carrière entame dés 1965 sa période europsy, un filon prolifique né du succès international des aventures des premiers James Bond, Dr No et Goldfinger. Naquit ainsi sur les écrans italiens une pléiade d'agents secrets tous à la poursuite de vilains mécréants et autres espions aux quatre coins de la planète. Lenzi crée ainsi l'agent 008 (A 008 operazione sterminio / Suspens au Caire pour 008) puis Super seven à qui il fait vivre deux aventures Super seven chiama Cairo / Super seven appelle le sphinx et Des fleurs pour un espion avant de donner vie à Kriminal, le célèbre héros de fumetti.
Après avoir posé ses caméra en Egypte pour ses deux premiers eurospy c'est en Grèce que Umberto Lenzi envoie cette fois Super seven alias Martin Stevens. Après qu'il ait réussi à récupérer l'électroscomètre, une invention hyper puissante qui permet de couper l'électricité sur un rayon de 50 kilomètres et donc de plonger une ville dans l'obscurité la plus totale afin de la piller, son chef lui demande d'éliminer trois espions qui pourraient avoir mémorisé la formule de son invention. Super seven parvient sans mal à tuer les deux premiers mais le troisième, un amoureux des fleurs, une boutique de fleurs lui sert d'ailleurs de repère, est bien plus retors. Il part pour Genève où il fait la connaissance de la belle mais intrigante
Geneviève Laffont, une journaliste qui va devenir son alliée. Avec elle il s'envole pour Athènes suite à un étrange message codé qu'il a reçu susceptible de lui faire retrouver la trace de l'espion. Le message disait: Les roses bleues sont arrivées ce matin. L'homme se cache en effet en Grèce derrière le comptoir d'une boutique de fleurs transformée en repère de malfrats.
Pour son troisième europsy Umberto Lenzi signe un film somme toute routinier qu'il a lui même écrit. Pas de savant fou ni d'arme nucléaire ici tout tourne autour d'une invention révolutionnaire, le fameux électroscomètre qui pourrait se transformer en une redoutable arme si jamais des esprits mal intentionnés s'en emparaient. Il est donc naturel que le
dévoué Super seven (également épelé Super 07) mette hors d'état de nuire les trois espions qui justement seraient capables de telles intentions, une mission si facile qu'il la refuse au départ. Voilà où le bât blesse. Tout est ici un peu trop facile. En moins de dix minutes notre agent a déjà tué deux des trois espions. Il lui reste donc quelques 75 minutes pour s'occuper du troisième sur lequel repose toute l'intrigue, le fameux espion qui aimait les fleurs. Voilà surtout une bonne occasion pour Lenzi de nous offrir de jolies cartes postales puisque après l'Espagne et sa corrida qui ouvre le film il nous transporte à Paris, à Genève puis sous le soleil d'Athènes, le temps pour notre agent de trouver son homme et de le
mettre hors d'état de nuire tout en ignorant qu'il est lui même la cible principale de cette chasse. Car oui et c'est bien là une des rares trouvailles du film, c'est Harriman le chef de Super seven lui même qui tire les ficelles et s'avère être le grand méchant de l'histoire. Un peu comme si M était devenu l'ennemi de Mister Bond. Hormis cette révélation Des fleurs pour un espion s'endort un peu trop souvent sur ses lauriers puisqu'il ne se passe pas grand chose durant les trois-quart du film contrairement à d'autres europsy plus corsés et surtout plus remuants. Les scènes d'action essentiellement reléguées aux vingt dernières minutes, soit l'ultime bobine, ne sont pas toujours très impressionnantes, elles manquent
d'énergie à l'image même de la mise en scène, un peu trop pépère. A la longue le suspens en pâtit forcément.
Ceci ne veut pas dire que Des fleurs pour un espion est une pellicule ennuyante ou même ratée. Ce troisième europsy signé Lenzi a de bons atouts à dégainer et brille par instant de mille petites touches sympathiques, franchement charmantes. L'ouverture est cocasse voire drôle aussi pétillante que le coca que sirote à la paille la jeune fille qui assiste à la corrida, Super seven à ses cotés. Elle ignore que le bel agent y a glissé un poison et c'est tout naturellement qu'elle meurt de la manière la plus discrète qui soit. Voilà une scène que Bond n'aurait jamais fait à une aussi belle brune. Le bon Lenzi lui a osé. La boutique de
fleurs transformée en repère de brigands, la Dark lady qui ici prend les traits d'une orientale glaciale que Super seven traite même de robot, les magnifiques paysages côtiers grecs, l'ultime bobine, la plus intéressante, qui regroupe les principales scènes d'action... sont autant de points très agréables auxquels on ajoutera une très jolie photographie, de beaux décors tant studio que naturels (la Grèce comme l'Egypte font toujours effet et apportent cette touche exotique très plaisante avec ici en prime une leçon de sirtaki), des dialogues par moment savoureux qui osent une pointe de racisme impensable aujourd'hui (en découvrant qu'un des espions est noir 07 fait remarquer qu'il a l'air très bronzé celui là), un
montage efficace et une réalisation certes ronronnante mais déjà professionnelle d'un Lenzi encore débutant mais prometteur.
L'interprétation est honnête. C'est une fois de plus l'américain Roger Browne, ex-vedette du péplum, qui se glisse dans la peau de Super seven. Comme la majorité des acteurs qui se substituèrent à Sean Connery dans ces transpositions italiennes de l'agent crée par Ian Fleming Browne est viril, a la mâchoire carrée, il est gentleman mais il est loin d'être séduisant. Les toujours solides Marino Masé, Daniele Vargas, Sal Borgese et Fernando Cebrian complètent l'affiche. Quant à la gente féminine elle est dignement représentée par
la blonde Emma Danieli (et sa coupe de cheveux suspecte) et surtout la française d'origine nippone, future épouse de l'acteur Roland Lessafre puis de Roger Laforet, la délicieuse Yoko Tani qui joua toutes les orientales possible et imaginable dans une pléiade de films dés le début des années 50. Elle est ici LA figure du film, la Dark Lady impassible que 07 compare à un robot mais qui mourra cependant en montrant sa face humaine lors d'un baiser d'adieu, une rédemption qui n'est en rien une surprise.
Sans être un chef d'oeuvre du genre Des fleurs pour un espion, à l'instar de ses deux précédents, est un eurospy discret divertissant correctement mené par un Lenzi qu'on prend toujours plaisir à retrouver. Tout simplement une pellicule tout public tant pour collectionneurs, amateurs du genre que novices en la matière.