Laura... a 16 anni mi dicesti si
Autres titres:
Real: Alfonso Brescia
Année: 1983
Origine: Italie
Genre: Lacrima movie
Durée: 90mn
Acteurs: Carmelo Zappulla, Laura Romano, Biagio Pelligra, Benedetto Casillo, Gianni Ciardo, Michele Esposito, Francesca Rinaldi, Luigi Uzzo...
Résumé: Gino est amoureux de Laura, 16 ans. Mais leur famille respective s'oppose à leur amour. Mineure Laura ne peut rien faire. Un ami de Gino lui propose de les aider à fuir à Venise. Arrivés sur place Gino est arrêté et condamné à dix ans de prison. Désespérée Laura accepte le chantage que lui fait alors Tito. Si elle l'épouse il lui promet que Gino sera libéré le jour même des noces. Ce n'est qu'un mensonge. Dix ans plus tard Laura est toujours mariée à Tito. Ils ont une fille. Laura retrouve par hasard Gino lui aussi devenu père. Leur amour renait lentement à la grande colère de Tito...
Après deux décennies de bons et loyaux services, Alfonso Brescia, solide artisan de la série B transalpine qui toucha un peu à tous les genres possibles et imaginables avec un professionnalisme certain, arrivait en fin de carrière lorsqu'il réalisa Laura... a 16 anni mi dicesti si (littéralement Laura... à 16 ans elle me dit oui). Avec un tel titre on pouvait s'imaginer un petit teensploitation comme il s'en faisait encore quelques années plus tôt. Que nenni. Il s'agit en fait d'un pur lacrima movie napolitain (les mélodrames larmoyants italiens) qui clôt ainsi la période napolitaine du cinéaste débutée six ans plus tôt avec une
série de polizeschi suivie d'une poignée de lacrima movies menée par l'incontournable Mario Merola, grand ami du réalisateur. Si Merola est cette fois absent du générique il est remplacé par le jeune Carmelo Zapulla, chanteur de variétés né à Syracuse qui poussa la chansonnette dés l'âge de 9 ans.
Gino Esposito, un jeune pêcheur napolitain, est follement amoureux de la Laura, la fille d'une famille qui depuis bien des années est en guerre avec la sienne. Laura n'a que 16 ans. Mineure il lui est impossible de vivre son grand amour avec Gino. Un jour alors qu'ils s'embrassent tendrement sur une plage le père et le frère de Laura passent à tabac Gino lui
rappelant que jamais il n'aura Laura. Tito, le meilleur ami de Gino, lui propose de l'aider. Il lui fournit des papiers et suffisamment d'argent pour que les deux amoureux fuient à Venise. Arrivés à l'hôtel que Tito leur a réservé Gino est arrêté par la police et condamné à 10 ans de prison. Désespérée Laura se confie à Tito. Ce dernier lui propose un marché et lui avoue aussi qu'il a toujours été amoureux d'elle. Si elle accepte de l'épouser il lui promet que Gino sera libéré le jour même des noces. Ainsi mariée Laura pourra faire ce qu'elle veut par la suite. Elle accepte mais Tito lui a menti. Gino n'a jamais été libéré. Dix ans plus tard Gino travaille dans sa boutique de cassettes vidéo. Il a un fils, Duccio, aujourd'hui adolescent. Il
l'élève seul, sa femme l'ayant quitté. Il retrouve par hasard Laura venue séjourner quelques jours à Naples avec Tito, son mari, et leur fille Lisa. Se revoir ainsi fait renaitre les sentiments entre eux. lentement Laura se rapproche de Gino. Elle devient aigrie vis à vis de Tito qu'elle commence à rejeter comme elle rejette de plus en plus ce mariage forcé. Tito découvre que Gino est à l'origine de ce changement de comportement. Il décide de se venger en posant une bombe dans la boutique du garçon. Il ignore que Duccio et sa fille sont seuls à l'intérieur. Si Tito meurt lors de l'explosion Duccio est quant à lui grièvement blessé. Laura le veille jour et nuit. L'adolescent s'en sort. Laura et Gino se retrouvent enfin.
D'Alfonso Brescia on était en droit d'attendre mieux, beaucoup mieux qu'une simple pellicule proche du téléfilm. Sans aucune originalité il se contente de suivre les règles de base du lacrima movie napolitain: une histoire d'amour larmoyante qui ressemble ici à Roméo et Juliette, avec des enfants, beaucoup de bons sentiments et les inévitables chansons napolitaines qui rythment l'ensemble. Tout va vite, très vite, aussi vite que dans un banal téléfilm justement qui en plus défie le temps. Les deux amoureux sont séparés au bout de dix minutes puis se retrouvent dix ans plus tard en l'espace de quelques secondes et sans aucune transition. Les années ont passé mais aucun d'eux n'a changé physiquement. Un
miracle napolitain? Laura a juste troqué sa mini jupe contre des tailleurs ultra chics de bourgeoise coincée. Leurs enfants quant à eux ont bien 13/14ans. Peu importe le physique et les anachronismes, on est là pour pleurer. Malheureusement une fois encore l'intention tombe à l'eau tant l'interprétation est fade. Carmelo Zapulla (le parfait sosie de Claude Barzotti) s'il sait chanter ses chansons d'amour est un piètre acteur, dénué de charisme et incapable de faire naitre la moindre émotion à travers son jeu. Quant à Maria Romano (à ne pas confondre avec Maria Rammuno, star éphémère du X) quelle mouche a donc piqué Brescia pour lui confier le rôle de la jeune Laura? Si elle n'a plus vraiment le physique de
son personnage son jeu est en plus une catastrophe. Totalement inexpressive, raide comme un i, stoïque en toute circonstance Maria, le visage fermé, a tout d'une statue. Venue du WIP (Pénitencier de femmes, Révolte au pénitencier de femmes) Maria Romano finira sa brève carrière d'actrice en apparaissant dans Thor le guerrier et L'ultimo guerriero. Difficile, très difficile voire impossible dans ces circonstances d'éprouver la moindre émotion à la vision de ce lacrima movie dont les seules larmes qu'il fera verser seront des larmes de déception. Pour enfoncer un peu plus le clou ajoutons à cet insipide duo la présence de l'insupportable Michele Esposito découvert auprès de Merola dans I figli... so' pezzi 'e core et la boucle est
bouclée. Précisons que notre adolescent tout frisé a une scène de nu inattendue et totalement gratuite, mais qui s'en plaindra, puisque son père lui donne encore le bain à son âge car cela lui fait plaisir! Brescia apporte une touche d'humour inutile avec notamment la présence du chauffeur de taxi mais ce qui est surtout drôle c'est l'incroyable inertie de Maria Romano toujours aussi inexistante même lors de ces quelques scènes humoristiques.
Invraisemblable d'un bout à l'autre Laura... a 16 anni mi dicesti si est un mélodrame familial comme on adorait en faire à cette époque mais l'ensemble est d'une telle platitude, réalisé et joué sans conviction, qu'on reste malheureusement au niveau zéro dramatiquement parlant.
Même les plans de Naples encore moins de Venise en plein carnaval n'arrivent pas à nous faire un peu rêver ni même les chansons mièvres de Zapulla contrairement aux envolées de Mario Merola. Un joli titre, une histoire qui promettait mais la mise en scène et les personnages sont si insipides qu'il s'effondre en quelques minutes.
Par la suite après un petit break de trois ans Alfonso Brescia reviendra à la mise en scène avec le troisième volet des aventures de Ator, The iron warrior, puis un film d'action, Fuoco incrociato, et enfin quelques séries Z avant de prendre sa retraite bien méritée.