L'ultima violenza
Autres titres:
Real: Raffaello Matarazzo
Année: 1957
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 95mn
Acteurs: Yvonne Sanson, Riccardo Garrone, Dario Michaelis, Lorella De Luca, Olinto Cristina, Alberto Lupo, Carlo D'Angelo, Enzo Garinei, Angela Lavagna, Amina Pirani Maggi, Giulio Tomasini, Aldo Silvani...
Résumé: Criblé de dettes Giorgio réclame une fois de plus de l'argent à son père qui le lui refuse. Le même jour le vieil homme constate que des bijoux de famille ont été dérobé dans son bureau. Certain qu'il s'agit de Giorgio qui souhaite les revendre pour en tirer un maximum d'argent il décide de le retirer de son testament. Sa soeur Lisa tente de dissuader Giorgio de faire ça mais ce dernier lui avoue qu'il a également trouvé des lettres compromettantes. Leur soeur cadette Anna serait une bâtarde. Il a bien l'intention de faire chanter son père. Lisa lui avoue alors qu'en fait Anna est sa fille, le fruit d'un viol que son père a toujours tu pour éviter le scandale. Il a élevé Anna comme sa propre fille. Cette révélation va entrainer de nombreuses conséquences au sein de la famille...
Spécialiste de la dramatique italienne des années 30 et 40 Raffaello Matarazzo est en bout de carrière lorsqu'il réalise cet énième drame tourné en noir et blanc, un produit assez représentatif de la filmographie du cinéaste qui cette fois s'est fait assisté d'un tout jeune Silvio Amadio dont c'était ici les tout premiers pas devant la caméra.
Criblé de dettes Giorgio Carani se dispute avec son père Stefano qui refuse catégoriquement de lui prêter une fois encore de l'argent. Furieux Stefano décide de le rayer une fois pour toute de son testament mais Lisa, la soeur de Giorgio, l'en dissuade. Le vieil homme est encore
plus furieux lorsqu'il découvre qu'il a été cambriolé. Ont disparu de précieux bijoux familiaux qui appartenaient à leur défunte mère. Il est certain que Giorgio est responsable du vol. Le patriarche se rend chez son notaire mais il est pris d'un malaise. Le lendemain Lisa visite Giorgio qui lui avoue qu'il est bien l'auteur du vol des bijoux. Il a également découvert des lettres compromettantes qui prouvent que Anna, tout juste 17 ans, la cadette, n'est pas leur vraie soeur, mais une bâtarde, un terrible secret que la famille a toujours su bien cacher. Sous la pression Lisa avoue qu'elle est en fait la mère de Anna, une enfant née d'un viol durant la guerre. Afin d'éviter tout scandale Anna fut déclarée comme la fille de Stefano.
Giorgio est décidé à révéler le secret et interdire à son père toute jouissance des biens qu'il lui appartiennent. Lisa parvient à le faire changer d'avis. Ce serait un désastre pour toute la famille. Pendant ce temps Anna s'amourache du séduisant jeune docteur tout récemment arrivé en ville jusqu'à vouloir l'épouser, une façon également de quitter cet univers de recluse qu'elle supporte de moins en moins. C'est alors qu'au détour d'une conversation Lisa apprend ses véritables origines. Effondrée elle prend le train et s'enfuit.
Le titre comme l'affiche pouvaient laisser présager un thriller. Les vingt à trente premières minutes du film laissaient entrevoir un proto-giallo sur fond de secrets, de testament et de
complots familiaux. Au bout du compte il n'en est rien. L'ultima violenza, c'est ainsi que Lisa nomme le viol dont elle fut victime, n'est en fait qu'un simple mélodrame familial d'un autre temps dans lequel il n'y a ni crime, ni vengeance ni réelle manigance, juste une femme détruite par ce terrible secret qui un jour lui explose en pleine face. L'intention de Matarazzo est de donner à son film une dimension humaine, tragique à travers le personnage de Lisa, une jeune femme constamment sur ses gardes, seule par obligation, contrainte à refuser toute forme de bonheur (y compris d'accepter la demande en mariage du notaire) afin de préserver son secret et pouvoir s'occuper de Anna. Et Lisa doit maintenant affronter les
menaces de son frère prêt à briser le silence pour de l'argent. Autour d'elle gravitent donc un frère mesquin, couvert de dettes, prêt à tout pour s'en sortir sans pour autant vouloir du mal gratuitement à son entourage, une soeur cadette, angélique, innocente, qui désire profiter de la vie comme toute fille de son âge, un patriarche fragile mais déterminé à se débarrasser de son ingrat de fils et un jeune et charmant docteur tout juste débarqué en ville, l'élément indispensable pour la mise en place d'une jolie romance. Le drame familial n'a plus qu'à se jouer et au spectateur de le suivre.
Il faut admettre que la mise en scène de Matarazzo est solide, rondement menée tout
comme l'intrigue notamment durant toute la première partie. Crédible le plan machiavélique de Giorgio tient la route, joliment ficelé, bien amené et intelligemment présenté. C'est une des raisons pour laquelle L'ultima violenza en dépit de son manque total d'action tient en éveil et retient l'attention d'un spectateur curieux de voir où tout ça va mener. Le seconde partie est un peu plus fleur bleue, plus champêtre avec la romance entre la pétulante Anna et son beau docteur et ses clichés campagnards d'un autre âge. Anna c'est un peu Sissi dans les champs juste avant la partie lacrymale où la vérité éclate et quelques autres rebondissements lors du dernier quart d'heure. Mais tout est bien qui finit bien comme dans tout bon roman-photo larmoyant.
L'ensemble est certes très bavard mais jamais vraiment ennuyant pour le peu qu'on aime ce type de mélodrame vieillot bien évidemment. L'interprétation toujours très juste contribue à maintenir l'intérêt malgré ces excès lacrymaux et mélodramatiques typiques de l'époque notamment quant au jeu de la grecque Yvonne Sanson, l'actrice fétiche de Matarazzo. Lorella De Luca, tout juste dix-sept an, la future épouse de Duccio Tessari, est toute mignonne, innocente, la petite adolescente modèle des années 50. Riccardo Garrone est l'archétype même du fils mesquin mais pas trop. Quant à Aldo Silvani on ne peut guère faire
plus théâtral dans son rôle de patriarche furibond. L'amateur reconnaitra au début du film un tout jeune Enzo Garinei qui indique la route au docteur tout juste descendu du train.
Réalisé avec soin L'ultima violenza paraitra bien démodé aujourd'hui mais c'est un exemple type du cinéma de son auteur pour qui souhaite le découvrir. On aime ou on n'aime pas ce genre de drame à l'ancienne mais pour le peu qu'on les affectionne L'ultima violenza est un agréable petit divertissement où les acteurs versent beaucoup de larmes sous les violons de la bande originale signée Mario Nascimbene.