The hooked generation
Autres titres: Alligator alley / Senza scampo / Die gierigen
Real: William Grefé
Année: 1968
Origine: USA
Genre: Action / aventures / Acid movie
Durée: 103mn
Acteurs: Jeremy Slate, John Davies Chandler, Willie Pastrano, Steve Alaimo, Cece Stone, Socrates Ballis, Walter R. Philbin, Milton "Butterball" Smith, Lee Warren, William Kerwin, Dete Parsons, Stuart Merrill, Curtis Perdue, Marylin Nordman, Michael DeBeausset...
Résumé: Trois délinquants ont rendez-vous avec leurs revendeurs quelque part au milieu des marécages cubains. Sous acides ils imaginent qu'ils se sont faits dupés et les tuent. Lors d'un contrôle de routine les gardes côtes inspectent leur bateau. Un des voyous, en plein délire, tue un des officiers. Un massacre s'ensuit. Les délinquants s'enfuient en prenant avec eux un jeune couple témoin du carnage. Entre prises de LSD et autres drogues le couple va être l'objet d'humiliations et de maltraitances...
Connu dés le début des années 60 pour son travail dans le domaine de l'exploitation américaine on doit à William Grefé quelques petits fleurons déjantés de l'acid movie dont en 1968 Electric shades of grey / The psychedelic priest et ce The hooked generation réalisé la même année.
Trois délinquants, Daisy, Acid et Dum Dum, ont rendez-vous quelque part sur un fleuve de Cuba avec leurs revendeurs de drogues.
Sous l'effet des acides qu'ils viennent tout juste de prendre ils imaginent que les cubains tentent de les escroquer. Ils les tuent et fuient avec la
cargaison. Ils tombent alors sur un contrôle de routine des gardes-côtes locaux. Même si les voyous tentent de se faire passer pour de paisibles pêcheurs les gardes-côtes montent à bord pour vérifier que tout est en ordre. Nonobstant leur présence Acid se fait un shoot dans la cale. Totalement ébranlé il monte sur le pont et poignarde un des hommes. Les trois hommes massacrent les gardes-côtes et obligent Mark et Kelly, un jeune couple témoin du carnage, à monter sur leur bateau. Ils les font prisonniers, les humilient et violent la jeune fille. Le FBI mis au courant de la tuerie se met à leur recherche. Les délinquants et leurs otages s'enfoncent dans les forêts cubaines et trouvent un temps refuge dans un petit village
autochtone. Acid en profite pour violer une des jeunes villageoises et la tue. Il rejoint ensuite un ashram. Au milieu de toute une communauté hippie sous LSD il s'apprête à se faire un gigantesque trip lorsque les agents du FBI débarquent et l'abattent. Dum Dum et Daisy s'enfuient. Dum Dum est mordu par un serpent et meurt. Daisy résiste et refuse de se rendre. Les otages sont son ultime chance. Malheureusement Mark est grièvement blessé par les agents mais il trouve la force de s'emparer d'une seringue. Il la plante dans le cou de Daisy qui lentement agonise dans les marécages.
Avec le peu de moyens dont il a bénéficié William Grefé a tenté de faire un véritable film
d'action et d'aventures situé au milieu des fleuves, forêts et marécages cubains. En fait le film fut tourné en Floride (comme la plupart des films de Grefé), dans les Everglades. L'illusion est parfaite et ce décor donne à l'ensemble un coté exotique non négligeable et très attrayant. The hooked generation est une petite bande de pure exploitation tout à fait honorable qui fait justement part belle à l'action, la violence et surtout, avant tout aux acides, présents d'un bout à l'autre du métrage y compris dans le choix des noms des trois voyous totalement déjantés. Daisy pour la grosse bague en forme de marguerite qu'il arbore au doigt, Dum Dum pour son adresse à fabriquer des balles marquées à son sceau et surtout Acid, très certainement
celui dont on se rappellera longtemps, celui dont le surnom résume à lui seul la folie du personnage. Non seulement il passe son temps à se faire des shoots, sa seule et unique raison de vivre, en toutes circonstances, en tout lieu, mais une fois complètement stone il devient incontrôlable, se transforme en une sorte de zébulon névrotique survitalisé monté sur ressort, pris d'incessants fous rires, prêts à violer et tuer tout ce qui passe devant lui.
Avec de tels spécimens impossible de s'ennuyer, la folie du scénario devait être à la hauteur de leur défonce. Ils ne pouvaient donc être que trafiquants (et consommateurs de stupéfiants). Rien de plus normal que l'intrigue repose sur une vente de marchandises qui
tourne mal (du moins dans l'esprit brouillé par les acides des trois gus). En moins de quinze minutes Grefé déclenche un véritable massacre, preuve de la démence de ses protagonistes. Qui dit exploitation dit voyeurisme et complaisance. Les seringues se plantent donc dans les veines et le sang coule à flots, sans pitié dans l'ambiance moite des Everglades. Ne cherchons guère de logique à tout cela, tout est dans l'excès. Ainsi donc le jeune couple otage n'a guère d'utilité mais il permet de multiplier les scènes d'humiliation et de maltraitance. Mark passe son temps en maillot de bain moulant, Kelly en bikini à fleurs, obligée de danser et exciter nos malfrats avant d'être violentée.
The hooked generation enchaine les séquences culte et c'est ce qui fait tout son intérêt, le rend réellement jouissif. Parmi elles hormis celles déjà citées, la rencontre avec le gros trafiquant noir dans son décor psychédélique orange flashy, le viol et le meurtre de la villageoise dans les marécages par un Acid aux sens déchainés... . Culte aussi la séquence où Acid, en manque, cherche à se faire un shoot avec tout et n'importe quoi alors que les gardes-côtes fouillent le bateau. Impensable, énorme, génial. Tout aussi culte celle de l'ashram où vit la communauté hippie. Que tous soient complètement stone à l'arrivée de Acid est déjà phénoménal mais sa mort est un petit délice, un moment digne des meilleurs
trips hallucinogènes au cinéma. Ecroulé au sol après avoir été blessé par la police il revit tous les meilleurs de sa vie de junkie qui défilent dans son esprit rongé par le LSD. Entre images kaléidoscope, flous multicolores, grands angles déformants et représentations de Jésus (en ces temps là on aimait croiser Dieu) nous sommes bel et bien en 1968, dans un bel exemple de hippie movie déjanté, et c'est heureux que Acid quitte ce monde. La drogue étant présente d'un bout à l'autre du film c'est tout naturellement d'une seringue que Daisy trouvera la mort mais malheureusement pour lui pas lors d'un trip mais plantée dans son cou. L'outil de ses délires aura été son arme fatale lors de la longue poursuite dans les
marécages, pas très crédible, assez invraisemblable. Mais on s'en moque. The hooked generation n'est pas en quête de vérité mais de sensations délirantes.
L'interprétation est à la hauteur de la démence du scénario. On ne peut qu'applaudir la performance du malingre John Davis Chandler dans la peau de Acid. Grand spécialiste des rôles de méchants et autres personnages névrosés il fait quasiment à lui seul tout le film, éludant ainsi ses partenaires certes tout aussi déments mais moins volubiles. Jeremy Slate, une des "gueules" des séries télévisées américaines, est Daisy. L'ex-champion de boxe Willie Pastrano est Dum Dum qu'un serpent à sonnette mordra en plein visage, une
scène aussi inattendue que drôle quant à l'attitude du voyou. Le bellâtre et futur producteur de musique Steve Alaimo très bien en valeur en maillot moulant est Mark. La blonde et inconnue Cece Stone est simplement l'atout féminin car il en fallait un. Pas de hippie-movie sans une bande originale adéquate. On a ainsi droit à un petit concert de rock psychédélique performé par les Bangle (pas le groupe féminin des années 80 bien sûr!) et un accompagnement musical tout aussi psychédélique qui ravira les amateurs.
The hooked generation sorti en double programme avec Electric shades of grey / The psychedelic priest est un réel petit plaisir coupable qui mêle avec adresse exploitation, acid
movie et action, un mix réussi joliment porté par nos trois voyous qui dans leur démence arrivent même à nous être sympathiques tant ils sont violemment drôles et shootés aux divers acides. Voilà un petit programme qui plaira aux férus du genre et ravira sans nul doute les amoureux de cette époque bénie senteur patchouli plongée au coeur de vapeurs pourpres.
Vive les années 70. Vive le psychédélisme. Vive les cheveux longs. Vive les trips hallucinogènes. Vive le cinéma de continuer de la faire vivre par delà les temps.