I racconti romani di una ex novizia
Autres titres: I racconti romani di Pietro Aretino su monache, cortigiane e maritate".
Real: Pino Tosini
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 86mn (cut)
Acteurs: Karin Mayer, Gino Cervi, Francis Blanche, Tanya Lopert, Ezio Sancrotti, Luciana Turina, Laurent Gerber, Claudio Pellegrini, Violetta Fabbri, Sergio Masieri, Pino Carboni, Celine Bessy, Monita Derrieux, Piera Rossi, Anna Recchimuzzi, Giantullio Martin, Umberto Ralepre, Carla Mancini, Bruno Boschetti, Peter Ellis, Victor Poletti, Pierluigi Piro, Siro Pannini, Achille Nicola D'Errico, Piero Bocchi...
Résumé: Un ménestrel chante à ses compagnons de prison l'histoire de Nanna, une jeune vierge envoyée au couvent par ses parents. Elle y découvre la débauche et perd sa virginité. Nanna devient une dévergondée et refuse de rester plus longtemps au couvent. Ses parents acceptent de l'en retirer si elle se marie. Elle accepte, épouse un homme à qui elle fait croire qu'elle est toujours vierge et devient une putain...
Venu sur le tard à la réalisation on doit à l'émilien Pino Tosini quelques fleurons du cinéma trash italien des années 70 dont le morbide La casa delle mele mature et Una donna di seconda mano. C'est à lui qu'on doit également la toute dernière adaptation à l'écran des contes de Pietro Aretino à savoir I racconti romani di una ex novizia distribué une première fois en 1973 puis retiré des circuits de distribution pour cause d'insuccès. La décamérotique ayant connu entre 1973 et 1974 un regain de popularité auprès du public le film fut de nouveau distribué en Italie en 1975.
Un ménestrel, proche ami de Pietro Aretino, est jeté en prison. Accompagné de son luth il chante à ses compagnons de geôle l'histoire que l'Aretino venait de conter au Pape Leone X, celle de la belle Nanna. Jeune et jolie vierge Nanna sent en elle la vocation. Ses parents, à contre coeur, acceptent donc qu'elle entre au couvent. Mais très vite la jeune novice découvre un tout autre monde que celui qu'elle avait imaginé. Il souffle sur le couvent un vent de débauche. Nanna y découvre le désir et la luxure, y prend goût et perd sa virginité. La jeune novice s'est transformée en putain. Elle n'a vraiment pas la vocation. Elle demande donc à ses parents de l'aider à en sortir mais pour cela Nanna devra se marier. Elle épouse un
ivrogne laid et joueur. Grâce à un habile stratagème que lui a conseillé sa mère afin de lui faire croire qu'elle est toujours vierge, un oeuf rempli de sang caché dans son vagin, Nanna se fait passer aux yeux de son mari pour une sainte épouse. Mais celui ci veut maintenant la "jouer" au jeu. Ayant eu vent des plans de son époux Nanna le jour venu se fait remplacer par une putain et quitte l'affreux bougre. Libre Nanna vit désormais de la prostitution, un petit commerce fort lucratif que gère sa mère. Le vice étant héréditaire Aspasia la fille de Nanna aujourd'hui adulte est elle aussi une putain attirée par l'argent, un business que Nanna gère à son tour comme le faisait sa mère.
Il n'est pas vraiment étonnant que le film de Tosini ne rencontra guère de succès lors de sa première sortie en salles puisqu'il s'agit là d'une des plus insipides adaptations des contes de l'Aretino. En tant que décamérotique le film ne fonctionne pas du tout. L'idée du ménestrel qui jeté en prison distrait ses compagnons de geôle en chantant les aventures de Nanna, elles mêmes contées au Pape par Pietro Aretino, était au départ plutôt bonne mais elle s'effondre très rapidement. Si le film s'intéresse uniquement au parcours de la jeune fille, novice devenue putain, il est cependant découpé en plusieurs épisodes, chacun s'intéressant à un passage de sa vie. Aucun ne parvient malheureusement à retenir l'intérêt
du spectateur qui en vain attend un peu d'égrillardise, quelques scènes cocasses, des retournements de situation bien immoraux et surtout de la nudité, clé de toute bonne décamérotique. Ces contes romains d'une ex-novice s'avèrent tout simplement insipides voire par moment ennuyeux et surtout jamais passionnants. Le premier segment faisait un brin illusion, l'arrivée de Nanna au couvent flanquée d'une abbesse obèse fort bonne vivante qui n'a pas peur de lui mettre la main aux fesses pour la mettre à l'aise. Le repas au réfectoire où toutes les soeurs se gavent, rient à gorge déployée et racontent des histoires salaces et immorales sous l'eil désespéré du Christ sur sa croix (un des meilleurs si ce
n'est le meilleur moment du film) promettait également tout comme l'énigmatique cadeau que Nanna se voyait offrir, un cadeau à n'ouvrir que le soir dans sa chambre, à savoir un joli phallus en bois. Ce premier conte prend alors une tonalité morbide qui laisse entrevoir quelques jolis moments érotiques d'autant plus que Nanna s'apprête à perdre sa virginité avec un moine réputé fort bien membré. Malheureusement Dame censure a joué du ciseau et la majorité des scènes érotiques ont disparu. Plus de godemiché ni de dépucelage le premier conte s'arrête de manière frustrante et tout s'affaisse.
Suivent des histoires sans grand intérêt, narrées de façon terne, sans entrain et dénuées de
tout érotisme. Pas l'ombre d'un sein encore moins d'une fesse. On cherche en vain le petit coté vulgaire, populaire et sadien du film de Pasolini et de ses ersatz, l'anachronisme de certains décors n'arrangeant pas vraiment les choses au même titre que la musique de Carlo Savini totalement décalée (souvent irritante. Bien difficile par moment de se croire en l'an 500! Il va falloir attendre les ultimes minutes pour retrouver un peu de nudité enfin intégrale par le biais de la fille de Nanna devenue elle aussi une magistrale putain qui avec l'aide de sa mère trousse ses amants de passage. Putain de mère en fille et fière de l'être ou l'apologie du putanisme et de la débauche. C'est là la morale du film et c'est également la seule chose qu'on retiendra de cette décamérotique.
Que dire de l'interprétation? Le grand Gino Cervi (l'inoubliable Don Peppone de la saga Don Camillo) la domine aisément dans le rôle du Pape Leone. Pour le reste elle est aussi fade que le film lui même. L'anonyme Karin Meyer est belle mais c'est le seul atout qu'on peut lui trouver ici. Ce fut d'ailleurs son unique prestation au cinéma avant qu'elle ne s'évapore. La présence de Francis Blanche dans la peau de l'Aretino n'apporte rien au film si ce n'est de faire suspecter une coproduction française occultée que renforce celle de Monita Derrieux. Tanya Lopert en tenue d'Eve, le sexe cachée par un diamant, est la fille de Nanna.
Jamais vraiment drôle ou amusant, privé de cette paillardise bon enfant et l'immoralité qui font le charme de ce type de films I racconti romani di una ex novizia est une décamérotique dispensable à réserver aux amateurs endurcis du genre et aux collectionneurs d'autant plus que son visionnage fut longtemps difficile, le film ayant disparu de la circulation, un souci récemment réglé puisqu'il fut miraculeusement diffusé sur les chaines italiennes lors d'un cycle "films disparus" mais sous sa forme censurée malheureusement.