Vado a vivere da solo
Autres titres:
Real: Marco Risi
Année: 1982
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 92mn
Acteurs: Jerry Calà, Elvire Audray, Lando Buzzanca, Francesco Salvi, Alessandra Panelli, Franz Di Cioccio, Elsa Vazzoler, Stefano Altieri, Renato Scarpa, Sergio Di Pinto, Anna Cardini, Saverio Fischetti, Daniela Trebbi, Margherita Dafilo, Gaia Franchetti, Ilaria Gotti Lega...
Résumé: Giacomino a 26 ans. Il vit toujours chez ses parents hyper protecteurs. Il décide de prendre enfin son envol au grand dam de ceux ci. Il aménage dans un gigantesque loft mais Giacomino s'y ennuie très vite. Tout va changer lorsque le voisin de ses parents débarque chez lui suite à une grosse dispute avec sa femme. C'est ensuite une jeune et très séduisante petite française qui sonne à sa porte pensant y trouver l'ancien propriétaire. Giacomino tombe de suite amoureux d'elle mais la jeune femme ne voit en lui qu'un simple ami...
Fils du réalisateur Dino Risi Marco Risi est surtout connu chez nous pour son magnifique et poignant diptyque napolitain Mery per sempre / Ragazzi fuori. Avant de s'orienter essentiellement vers le documentaire et le court-métrage Marco Risi réalisa quelques films dont quelques comédies familiales dont fait partie Vado a vivere da solo, sa toute première mise en scène.
Giacomino a 26 ans et vit toujours chez ses parents hyper protecteurs. Fatigué de ne pas avoir son indépendance Giacomino au grand dam de son père et de sa mère, décide de
quitter enfin le nid familial. Il trouve un immense appartement dans le centre de Milan qu'un jeune hippie, Elio, cède car il part pour un long voyage spirituel en Inde. Il le transforme en loft à l'américaine mais il déchante vite. Giacomino est seul et s'ennuie. Il n'a ni ami ni petite amie. Il refuse pourtant de céder à la tentation de revenir chez ses parents. Un soir débarque avec son canari Giuseppe, le voisin de ses parents, que sa femme vient de mettre à la porte. Giacomino va l'héberger. Si la cohabitation se passe plutôt bien à l'exception du jour où Giuseppe ramène au loft deux filles légères qui les dépouillent tout va changer lorsqu'une jeune et jolie française du nom de Françoise sonne à la porte. Elle pensait y trouver Elio qui
l'avait invité à Milan avant son départ pour l'Inde. Cette arrivée inattendue va bouleverser la vie de Giacomino qui de suite tombe amoureux de Françoise. Malheureusement pour lui Françoise le voit comme un ami. Commence alors un défilé d'hommes à l'appartement puisque la belle cherche son âme soeur, l'homme juste comme elle l'appelle, un homme qui ne penserait pas qu'au sexe. Giacomino s'incline, dépité. Lorsque sa mère, fâchée avec son père, lui demande de l'héberger la vie au loft prend immédiatement une autre tournure surtout que tout le monde s'invite au même moment. Tout ce beau monde enfin parti la vie reprend son cours pour Giacomino. Françoise elle aussi quitte l'appartement décidée à
rentrer à Paris. Le pauvre garçon se retrouve seul lorsque la jolie française fait son retour non pas seule mais avec un napolitain austère qu'elle pense être l'homme parfait. Nouvelle erreur qui la mène à faire une tentative de suicide. Giacomino arrive à temps et la sauve. Vont ils enfin comprendre qu'ils sont faits l'un pour l'autre?
En France on appellerait Giacomino un Tanguy. A 26 ans le garçon vit confortablement chez ses parents qui sont plus que ravis d'héberger leur fiston chéri qu'ils choient comme un nouveau-né. Mais Giacomino-Tanguy a désormais des envies d'indépendance et souhaite surtout faire venir de jolies filles dans son futur petit home sweet home, départ d'une jolie
comédie familiale menée de manière alerte par un cinéaste talentueux qui prouvait déjà son sens de la mise en scène aidé par l'interprétation de deux maitres incontestés de la comédie italienne, Lando Buzzanca, égal à lui même, et Jerry Cala alors au sommet de son succès. Buzzanca dans le rôle du voisin envahissant fraichement célibataire en fait des tonnes avec le savoir-faire qu'on lui connait pour le plaisir de ses admirateurs. Jerry Cala plus sobre s'approprie ce personnage de Tanguy avant l'heure avec un certain brio et parvient à le rendre vite sympathique parfois même touchant. Il est d'autant plus sympathique qu'il n'a jamais recours à la vulgarité pour nous faire rire. Il use simplement de ses excès, de son
exubérance, sa maladresse et d'une jolie palette d'émotions justement contrôlées. Le tandem fonctionne à merveille et nous réserve de grands moments de rire et de sourire comme fonctionne tout aussi bien le couple que forment Elsa Vazzoler et Renato Scarpa, les parents de Giacomino. Elsa Vazzoler est tout simplement désopilante en mère hyper protectrice. Culte est la longue séquence où sous l'effet d'un joint elle se lâche, se désinhibe et se met à faire la fête. Difficile de jouer une telle scène sans tomber dans le ridicule ou l'excès. Elle y arrive à la perfection pour la plus grande joie du spectateur hilare. Culte également est l'appartement de Giacomino, un gigantesque espace situé au dix-huitième
étage d'un immeuble sans ascenseur qu'il a transformé en loft à l'américaine, un petit régal pop flashy si grand qu'il le traverse en trottinette et dont la grande trouvaille est ce magnifique WC. Dés qu'on s'assoit sur les toilettes un juke-box lumineux se met en route, un excellent moyen de couvrir les bruits incongrus.
Vado a vivere da solo ne serait pas le film qu'il est sans ses savoureux dialogues. Risi évite là encore le ridicule, l'absurdité, le vulgaire au profit de lignes intelligentes, parfois percutantes, souvent pétillantes, toujours drôles, amusantes, par moment teintées d'une ombre de tendresse. Quant à certaines répliques elles sont tout bonnement géniales.
L'interprétation est à la hauteur du film. Outre le duo Cala-Buzzanca et le couple Vazzoler-Scarpa on tombera sous le charme de la petite française Elvire Audray dont c'était là le tout premier rôle à l'écran. Elvire est tout à fait charmante et surtout très à l'aise dans la peau de Françoise, séduisante et attachante petite nunuche à l'accent français délicieux lorsqu'elle parle italien. Ce n'est pas pour rien qu'elle fit craquer l'Italie même si carrière ne fut pas par la suite à la hauteur des espoirs qu'on aurait mettre sur elle suite à cette comédie aussi légère qu'un nuage de lait. Le bissophile se souviendra surtout d'elle pour ses rôles dans La guerre du fer, L'esclave blonde et Crimes au cimetière étrusque avant qu'elle ne se suicide
dans des conditions restées énigmatiques à tout juste 40 ans.
Entre la farce, la pochade et le film juvénile Vado a vivere da solo est une comédie fraiche et innocente, une bouffée d'air frais dans l'univers du film populaire qui en ces années 80 semblait avoir tout dit, tout montré. Certes l'originalité n'est pas vraiment de mise mais le ton décontracté de l'ensemble, la joie et la bonne humeur des comédiens, l'humour toujours de bon gout, les dialogues piquants font de ce divertissement qui rencontra en Italie un énorme succès un petit must du genre.
Jerry Cala continuera sur cette lancée en tournant d'autres fleurons du genre dont Un ragazzo e una ragazza signé une fois encore Marco Risi, Sapore di mare et Vacanze di natale. Il eut malheureusement la très mauvaise idée de tourner bien des années plus tard, en 2008 (!) une bien inutile séquelle à Vado a vivere da solo intitulée Torno a vivere da solo. Un bel échec cette fois.