Fuga scabrosamente pericolosa
Autres titres: Fuga / Erotic escape / Fuga... die Schöne und der Gesetzlose
Real: Nello Rossati
Année: 1985
Origine: Italie / Colombie
Genre: Rape and revenge
Durée: 86mn
Acteurs: Rodrigo Obregón, Eleonora Vallone, Franky Linero, Roberto Reyes, Humberto Arango, Sergio Arevalo, Sergio Dow, Norberto García, Jairo Gonzáles Frijol, Julio Lara, Ricardo Mejía, Gabriel Mosquera, Franky Pinzon, Eliecer Tenorio, Sorina Osorio...
Résumé: Manuel, un prisonnier d'un camp de travaux forcés quelque part dans la forêt Colombie s'évade. Il échappe à ses poursuivants. Il prend alors en otage une jeune et riche femme afin de pouvoir atteindre la frontière. Durant leur longue traversée du désert colombien, sous un soleil de plomb, Manuel va donner libre cours à ses pulsions animales. Il finit par violer la malheureuse. Pourtant une étrange relation nait entre eux. Une fois la frontière franchie Manuel refuse qu'elle vienne avec lui. La vengeance de la jeune femme sera impitoyable...
Nello Rossati, réalisateur méconnu qui n'a jamais réellement réussi à recevoir la reconnaissance tant du public que de ses pairs, s'est surtout fait connaitre pour ses quelques drames érotiques morbides avec Eva Czemerys (Epouse le jour prostituée la nuit, La gatta in calore) et comédies polissonnes (Une nièce malicieuse, Défense de toucher avec Ursula Andress). Dés le milieu des années 80 pour relancer une carrière qui s'effiloche avec la l'inexorable agonie du cinéma de genre Rossati entame une petite série de films
d'action coproduite avec l'Amérique et la Colombie. Réalisé en 1985 Fuga scabrosamente pericolosa est le premier de la liste.
Dans un camp de travaux forcés pour prisonniers politiques quelque part dans la forêt colombienne certains envisagent une évasion. Manuel est l'un d'eux. Il réussit à s'enfuir et parvient à échapper à ses poursuivants après une longue poursuite à travers la jungle. Repéré il prend une jeune femme en otage, la propre fille d'un richissime gouverneur, et l'emmène avec lui dans sa folle évasion. Son but: arriver jusqu'à la frontière. Ils traversent le désert colombien sous un soleil de plomb. Les instincts bestiaux de Manuel se réveillent. Il
traite son otage qu'il a surnommée Carmen comme une véritable bête et finit par la violer à deux reprises. Malgré ce qu'elle subit Carmen commence à éprouver d'étranges sentiments pour son bourreau. Arrivés à la frontière Manuel lui demande de retourner chez son père. Il n'en veut plus. Elle refuse. Sa vie est désormais avec lui et non plus dans sa famille, trop honteuse de ce qu'elle a vécu. Manuel la tuera si elle ne lui obéit pas. A la frontière Manuel se fait arrêter par des soldats. Comme il ne peut expliquer la raison pour laquelle il a un pistolet sur lui ils l'emprisonnent afin de vérifier ses dires. C'est alors que Carmen se présente au poste. Elle séduit les soldats, leur fait l'amour devant Manuel qui la supplie de l'aider. C'est le
début de l'implacable vengeance que Carmen a ourdi pour se venger de Manuel. Sa vengeance accomplie elle retourne chez elle, se marie mais Carmen alias Amparo Vasquez de Pompo est-elle encore une femme?
Si le cinéma d'exploitation n'était plus depuis de longues années déjà que l'ombre de ce qu'il fut, terrassé par la lente agonie de l'industrie cinématographique italienne, s'il avait perdu de sa force et surtout cette incroyable audace qui si souvent le caractérisa il lui arrivait parfois de retrouver son panache le temps d'un film, d'offrir au spectateur féru de pellicules aussi
violentes que malsaines de petites pépites en souvenir d'une ère révolue. Fuga scabrosamente pericolosa fait partie de ces petites séries devenues malheureusement trop rares. Etonnant condensé de film de jungle et de rape and revenge le film de Rossati est un pur sexploitation qui n'a rien à envier à certains joyaux du genre tels que Les évadées et Les tortionnaires du camp d'amour 2 signés Edoardo Mulargia auxquels il fait définitivement songer. L'ouverture du film plonge le spectateur au coeur de la forêt colombienne dans un camp de travaux forcés où des prisonniers suent sang et eau, le corps lacéré par les coups de fouet de gardiens sadiques. C'est dans ce climat de terreur moite que Manuel prépare
son évasion avec l'aide de complices. Il abat à coups de hache un des gardiens. La voie est libre, il peut s'échapper. Commence une traque haletante à travers la jungle. Manuel échappe à ses poursuivants. Il ne lui reste plus qu'à atteindre la frontière. Le ton est donné. On devine que Rossati n'est pas là pour rigoler, Manuel non plus d'autant plus que ces années passées dans ce camp l'ont transformé en un animal déchainé prêt à tout pour atteindre l'objectif fixé. Du film de jungle on passe rapidement au film de survie puis au rape and revenge lorsque Manuel prend en otage la fille d'un gouverneur. Ensemble ils vont devoir traverser le désert colombien sous une chaleur écrasante traqués par les hommes du
gouverneur. Commence pour la jeune fille un long calvaire. Epuisée, enchainée, ligotée, humiliée, elle n'est plus qu'une pauvre loque qui se traine lamentablement derrière son kidnappeur à qui elle refuse de parler. A cheval puis à pieds ils se trainent tout deux lamentablement dans les arides paysages colombiens, une fuite hyper réaliste qui donne froid dans le dos malgré la chaleur accablante ponctuée par les accès de fureur de Manuel qui finit par violer sa captive, un viol sodomite bestial dans la lignée de ceux que connaissent les prisonniers dans ces camps de travail inhumains. Contre toute attente celle qu'il surnomme Carmen va se rapprocher de son tortionnaire, prendre lentement gout à leurs
ébats sexuels jusqu'à décider de rester avec lui, l'implorant de la laisser venir avec lui pour refaire sa vie une fois la frontière franchie.
Rossati traite de la relation souvent ambigüe qui peut naitre entre un otage et son kidnappeur, le fameux syndrome de Stockholm, un sujet régulièrement traité au cinéma qui ici peut surprendre, étonner car rien ne laissait envisager un tel lien. Pas assez développé, laissé en l'état embryonnaire difficile d'y croire un seul instant. Il donne surtout l'impression de n'être qu'un simple prétexte pour orienter l'ultime bobine vers le rape and revenge. Le pauvre Manuel est décidément malchanceux puisque arrivé à la frontière il est arrêté par deux
officiers peu loquaces qui malgré ses explications trouvent étrange le fait qu'il ait un revolver sur lui. Il finit donc enchainé au poste lorsque arrive Carmen. Une réapparition peu crédible comme l'est le plan qu'elle a manigancé. D'une les policiers ne semblent guère surpris de voir apparaitre une jeune femme hirsute, en haillons, quasi muette. De deux ils ne cherchent pas à comprendre qui elle est, d'où elle vient, ce qui lui est arrivée mais ils se laissent par contre aussitôt séduire devant un Manuel aux yeux exorbités. Tout en ombres chinoises il assiste à la séduction des deux officiers, au dépucelage du plus jeune qui semble n'être encore qu'un adolescent, une longue séquence aussi trouble et malsaine que moite et
excitante qui se clôturera par la mise à mort de Manuel, violente, implacable mais troublante comme peut l'être la fin du film. Revenue à une vie normale, désormais mariée, Carmen/Amparo semble être frigide. On la laisse le regard dans le vague, froide comme un glaçon, étendue sur son lit, après que son mari lui ait fait l'amour. Tout cela manque un peu de psychologie. Certes on lit entre les lignes mais un tel scénario aurait mérité d'être un peu plus détaillé. On est et reste dans la plus pure exploitation. Il ne faut guère chercher plus loin.
Mis en scène avec une certaine vigueur, mené tambour battant, Fuga scabrosamente pericolosa outre sa fureur et sa violence doit beaucoup à son interprétation. Pour son tout
premier rôle à l'écran le franco-colombien Rodrigo Obregon, futur acteur fétiche du réalisateur, régulier des productions Sidaris, sosie de Giuliano Gemma jeune, est explosif. Le regard enflammé, déchainé, il est une bête sauvage en liberté dont les accès de violence sont particulièrement spectaculaires. Non négligeables sont également ses quelques plans de nu. L'italienne Eleonora Vallone, starlette qui ne laissa guère de trace dans l'histoire du Bis, plus connue pour ses prestations télé et musicales, est très bien en loque humaine, joliment nue, mais on l'aurait surtout voulue plus expressive.
Inédit chez nous même s'il fut présenté au marché du film de Cannes, resté inédit en salles
en Italie mais édité en vidéo Fuga scabrosamente pericolosa est un surprenant film de pure sexploitation qui se classe facilement aux cotés des meilleures productions du genre de la décennie précédente. Filmée dans de magnifiques et austères paysages colombiens cette pellicule ultra brutale ne décevra pas les amateurs de "Sex and violence" qui y trouveront tous les éléments pour satisfaire leur instincts les plus bas. En un mot: un must!
Une question demeure cependant: la version vidéo italienne est-elle intégrale ou fut-elle amputée de quelques plans à caractères sexuels? Le doute subsiste au vu du montage. De petits coups de ciseaux semblent en effet avoir été donné notamment lors de la fellation du premier viol.