Fracchia contro Dracula
Autres titres: Fracchia Vs Dracula
Real: Neri Parenti
Année: 1985
Origine: Italie
Genre: Comédie fantastique
Durée: 87mn
Acteurs: Paolo Villaggio, Edmund Purdom, Gigi Reder, Ania Pieroni, Federica Brion, Giuseppe Cederna, Susanna Martinková, Andrea Gnecco, Filippo De Gara, Paul Muller, Romano Puppo, Isabella Ferrari, Daniela Ferrari, Lars Bloch, Giucas Casella, Plinio Fernando...
Résumé: Fracchia, quarantenaire toujours puceau, est agent immobilier. Comme il ne parvient à conclure aucune vente son patron le met pied au mur. Il doit absolument en réussir une sinon il est renvoyé. Son client est un vieux comptable exigeant, Arturo Filino. Fracchia doit lui vendre une immense bâtisse. En faisant quelques recherches il tombe sur un château à vendre en Transylvanie, celui du comte Vlad et de sa soeur la comtesse Oniria. Accompagné de Filini Fracchia se rend en Transylvanie. Ils ignorent encore que le comte Vlad n'est autre que Dracula lui même. De nombreuses péripéties les y attendent...
Quelques années après ses débuts à la réalisation marqués par l'insolite John Travolto... da un insolito destino Neri Parenti signe deux épisodes des aventures du fameux Ugo Fantozzi, le personnage crée et incarné en 1968 par Paolo Villaggio. Petit comptable grotesque frappé par la déveine, au langage très personnel, Fantozzi fut au centre d'une longue série de films dés 1975. Giandomenico Fracchia n'est jamais que son alter ego, un homme tout aussi malchanceux et maladroit que Villaggio va incarner dans deux films, Fracchia la belva humana en 1981 et Fracchia contro Dracula en 1985. Et Neri Parenti va mettre en scène ses aventures.
Fracchia a plus de quarante ans est encore vierge et de surcroit au chômage. Il trouve un emploi dans une agence immobilière mais il ne parvient jamais à finaliser une vente; son patron lui donne un ultimatum. Il doit absolument vendre une maison sinon il sera renvoyé. Fracchia reçoit Arturo Filini, un vieil homme exigeant qui désire une très grande demeure. En faisant des recherches sur son ordinateur Fracchia découvre qu'un château est à vendre en Transylvanie. Il s'agit du château d'un certain Comte Vlad. Fracchia voit là sa chance. Il doit absolument réussir cette vente. Accompagné de Filini il part en voiture pour la Transylvanie. Ils arrivent dans un petit village où le simple fait d'évoquer le nom du comte fait fuir tout le
monde. Ils parviennent tout de même au château, sont invités à y passer quelques jours par le comte lui même. Ils ignorent qu'il s'agit en fait de Dracula qui chaque nuit accompagné de sa soeur Oniria se transforme en chauve-souris pour s'abreuver de sang. Malgré les mises en garde Fracchia, qui ne se rend compte de rien, est bel et bien décidé à acquérir le domaine et ainsi garder sa place. A peine arrivée au château Luna, une séduisante chasseuse de vampires décidée à venger la mort de son frère tué par Dracula, est faite prisonnière. De son coté Oniria veut épouser Fracchia non seulement pour sa virginité mais surtout pour éviter de convoler en justes noces avec Frankie l'avocat de Dracula, le monstre
de Frankenstein lui même. Dracula s'y oppose mais Oniria lui tient tête. L'heureux élu sera donc choisi suite à une série de défis. Frankie perd. Boris, le valet difforme, amoureux de Luna, la libère. Le jour du mariage face à une foule de morts-vivants ils sauvent Fracchia et Filini des griffes des vampires et prennent tous ensemble la fuite. Le soleil levant aura raison de Dracula. C'est alors que Fracchia se réveille dans une salle de cinéma. Mais tout cela était il bien un rêve ou...?
Les inconditionnels des aventures de Fantozzi reconnaitront leur héros tant les deux personnages se ressemblent. Ils ne seront donc pas dépaysés. Si le premier épisode
réalisé en 1981 était une parodie de polar ce second volet est quant à lui un pastiche de film d'horreur, une comédie horrifique qui prend pour personnage central Dracula contre lequel Fracchia va être confronté. Sans être un fan de Fantozzi et de ses fantaisies, son humour, difficile de vraiment apprécier cette farce fantastique à sa juste valeur. Toute la verve, les excès de Paolo Villaggio, ses exubérances, son langage qui lui est propre, risquent de laisser le novice de glace d'autant plus que Parenti ne fait preuve d'aucune originalité. Tout a déjà été vu, tant les situations que les gags, jamais réellement drôles encore moins percutants. On nage simplement dans la banalité. Parenti rate son principal objectif: faire
rire. On sourit simplement et ce grâce non pas à Fracchia mais à son compère l'hyper myope Filini interprété par le "fantozzien" Gigi Reder (ici dans le plus pur style Mister Magoo) notamment lors de la seconde partie du film, la plus réussie, la visite du château, la rencontre avec Dracula et tout son petit monde et les diverses aventures qui la jalonnent.
Il faut reconnaitre que Parenti a très bien su retranscrire à l'écran l'atmosphère de ce petit village transylvanien, tout à fait crédible. L'arrivée des deux hurluberlus est un des moments forts du film. Tout aussi vraisemblable est le château de Dracula et ses nombreuses et inquiétantes salles que visitent nos deux compères plans en main, allant de surprises en
surprises jusqu'à la découverte des deux cercueils dans la crypte où dorment Dracula et Oniria. Cette insolite relecture du roman de Stoker où apparait même le monstre du Frankenstein de Shelley, Nosferatu et une horde de nobles zombis à la Romero a su garder l'esprit et le look gothique de ses illustres ainés. Château perdu dans la brume hivernale, transformations en chauve-souris, morsures au cou, canines acérées, cercueils... autant d'éléments autours desquels gravitent un valet difforme qui a tendance à perdre sa main gauche, un domestique aveugle et une dynamique chasseuse de vampires blonde dont la voiture hennit et se cabre comme un cheval au son d'une resucée des Aventuriers de l'arche perdue. Finis les croix et les pieux même s'ils sont présents dans le film, Luna détruit
les vampires à coups de rayons laser et c'est la pointe d'un parapluie qui aura raison de Dracula. Le film doit beaucoup, voire tout, à la sublimissime photographie de Luciano Tovoli qui met en valeur de superbes décors tous baignant dans une mer de lumières qui vont du bleu au rouge, au jaune d'or, l'orange et le vert. Esthétiquement parlant Fracchia contro Dracula est tout simplement un pur régal visuel au même titre que les costumes des comédiens et leurs maquillages tous très réussis. Dracula himself ne fait pas désordre au milieu de ce tableau poético-morbide puisqu'il respecte lui aussi l'imagerie traditionnelle du vampire classieux généralement incarné par Christopher Lee. Costume et longue cape,
visage blafard, yeux injectés de sang et canines prêtes à mordre Edmund Purdom est un comte Vlad tout à fait crédible à mi-chemin entre Lee et Bela Lugosi. Quelques scènes émergent elles aussi de cette seconde partie comme celle du mariage et de sa horde de zombis invités, la folle fuite de Fracchia et de ses amis aidés par Boris, la plupart des scènes où les vampires sont de sortie. Il y a également quelques belles trouvailles.
La distribution est intéressante. Hormis Villaggio et Reder on retrouve donc Edmund Purdom qui semble bien s'amuser à jouer de la canine. Isabella Ferrari en chasseuse de monstres est la blonde de service (à cette époque elle n'était pas encore brune) mais, mal utilisée, elle
n'est malheureusement guère présente si ce n'est lors de l'ultime bobine. Giuseppe Cederna alors à ses débuts quelques années avant d'être une star en Italie est Boris le valet. Paul Muller est le domestique aveugle affublé de jolis yeux blancs. L'atout charme (sexe?) est Ania Pieroni, ex-Mater Lacrimarum de Inferno, désormais forcie malgré ses robes ultra ceintrées, est peut être l'erreur de casting. Certes Ania est jolie, elle a toujours ce regard hypnotique qui sied si bien ici à son rôle de vampire mais ses talents d'actrice sont eux toujours aussi faibles. On la sent gauche, maladroite, presque vulgaire là où elle devrait être altière. Ce fut son ultime apparition à l'écran.
A mi-chemin entre Le bal des vampires de Polanski et Dracula mort et heureux de l'être de Mel Brooks Fracchia contro Dracula ravira les amoureux des aventures de Fantozzi qui jubileront devant cette expédition de leur héros en Transylvanie. Les autres se gorgeront surtout de son éblouissante esthétique, véritable délice pour les yeux, content d'y voir évoluer ces personnages mythiques dans un contexte parfois un peu puéril (la partie de tennis). Cette farce fantastique sortie en Italie pour les Fêtes de fin d'année fut une des comédies de Noël 1985, un spectacle somme toute agréable que chacun jugera selon son sens de l'humour.