La polizia sta a guardare
Autres titres: Le grand kidnapping / The great kidnapping / Ransom: the police is looking on
Real: Roberto Infascelli
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 93mn
Acteurs: Enrico Maria Salerno, Lee J. Cobb, Jean Sorel, Gianni Bonagura, Claudio Gora, Laura Belli, Luciana Paluzzi, Ennio Balbo, Ezio Sancrotti, Sergio Serafini, Francesco Ferrini, Remo De Angelis, Luigi Antonio Guerra, Philippe Hersent, Gianbattista Salerno...
Résumé: Impuissant face à la multiplication des prises d'otages dans une petite ville du nord de l'Italie, freiné par une législation bien trop souple, un commissaire démissionne. Son successeur, le commissaire Cardone, entend bien mettre fin à cette vague de crimes en durcissant les lois et les méthodes à employer sans se soucier de la vie des otages. Lorsque son propre fils est enlevé ses convictions sont remises en question...
Second et ultime film du producteur Roberto Infascelli à qui on doit le ludique Luana la fille de la jungle réalisé en 1968, La polizia sta a guardare est un des premiers polizeschi à être sorti sur les écrans italiens quelque temps avant que le genre ne connaisse son essor avec l'arrivée notamment des polars de Sergio Martino et Umberti Lenzi. Suite l'année précédente au succès de La polizia ringrazia / Société anti crime anonyme signé Stefano Vanzina (Steno) Infascelli, producteur du film, décida d'en réaliser une sorte de séquelle dans laquelle il traiterait cette fois du problème de la prise d'otages. C'est ainsi que La polizia sta a guardare vit le jour.
Dans une petite ville du nord de l'Italie les kidnappings, demandes de rançons et prises d'otages se multiplient. Désireuse avant tout de sauver la vie des otages la police freinée par une législation bien trop clémente se retrouve le plus souvent impuissante. a situation est telle que le commissaire démissionne. Il est remplacé par le commissaire Cardone qui compte bien changer les choses. Il durcit les règles quitte désormais à mettre la vie des otages en péril, à tenir tête aux kidnappeurs et enfreindre certaines lois afin de rétablir l'ordre. Une bande de malfrats vont lui tenir tête et kidnapper son propre fils Massimo. Déstabilisé dans ses convictions Cardone ne sait plus comment réagir. C'est un appel de son fils qui va
lui apporter la solution. Celui ci l'implore de ne pas payer la rançon et d'agir. Les preneurs d'otages s'enfuient avec Massimo à bord d'une voiture très vite prise en chasse par les hommes de Cardone. Les bandits éjectent Massimo hors de la voiture lancée à plus de 140km/h mais par chance il survit. C'est alors que Cardone a la désagréable surprise de découvrir que l'auteur du kidnapping n'est autre que l'ancien commissaire.
Le grand kidnapping, titre français de ce polar tardivement sorti dans nos salles plus de quatre ans après sa réalisation, se voulait une plongée dans l'actualité d'une Italie sous l'emprise de la violence, des prises d'otages et autres faits divers dramatiques, repris par les
médias qui en faisaient alors ses choux gras tout en appuyant l'impuissance de la police soumises à des lois bien trop douces. Du film d'action qu'on pouvait donc espérer se substitue une bande qui n'est rien d'autre qu'un long discours idéologique, analytique qui assez vite peut devenir ennuyeux. Sur quelques 95 minutes de métrage l'action n'entre en jeu que lors des dix dernières minutes, tout le reste de ce Grand kidnapping n'étant que dialogues et bavardages entre le commissaire Cardone, ses supérieurs et le procureur durant lesquels chacun exprime ses points de vue sur la manière dont la police doit faire face à la violence. Ses échanges verbaux sont certes intéressants, chacun aura son point de
vue, mais deviennent rapidement fastidieux. L'ennui gagne lentement le spectateur qui attend en vain un petit sursaut d'action, de quoi pimenter l'ensemble. Et lorsque celle ci semble enfin pointer le bout de son nez Infascelli l'avorte presque aussitôt (le hold-up à la banque). Tout aussi professionnelle que soit la mise en scène le temps peut commencer à paraitre bien long. C'est peut-être ce professionnalisme qui justement sauve le film. Les dialogues sont souvent justes, on sera d'accord ou non avec l'idéologie tendance extrême droite qu'ils véhiculent, l'interprétation est remarquable, Enrico Maria Salerno en tête de distribution qui incarne avec sobriété un commissaire plus humain, plus chaleureux, moins incisif que bien
de ses confrères "cinématographiques" tel Maurizio Merli. Au spectaculaire Infascelli a donc préféré l'analyse presque politique sans toutefois jamais tomber dans le film politique tout en appuyant sur le drame que traverse Cardone, plus exprimé par les expressions de son visage qu'à l'écran. En ressort un film honnête certes d'une lenteur excessive mais cependant sincère dans son approche et qui a le mérite d'être crédible dans le déroulement de son intrigue. Ce choix ne sera certainement pas du gout de ceux qui, consternés, attendent d'un polizesco action et violence. Leur attente sera tout juste récompensée lors des dix ultimes minutes lors de la spectaculaire course-poursuite en voiture entre la police et les
kidnappeurs lancés tels des bolides sur la route. De ce final sur les chapeaux de roues mené de manière admirable on retiendra plus spécialement deux moments: celui où Massimo est éjecté hors de la voiture et surtout, il fallait oser, celui aujourd'hui culte où la voiture des bandits percute un enfant à vélo, ce dernier s'envolant dans les airs avant de s'écraser au sol, mort. Un gamin en moins = plus de tranquillité! Merci Infascelli. Toute la puissance du cinéma italien qu'aujourd'hui on ne pourrait même plus imaginer.
Aux cotés de Enrico Maria Salerno on retrouvera Lee. J. Cobbs, plutôt discret dans son rôle de commissaire ambigu qui se révèlera finalement aussi torve que sinistre, Jean Sorel, tout
aussi discret mais tout autant convaincant en procureur. Luciana Paluzzi joue les épouses désespérées avec émotion. C'est le propre fils de Enrico Maria Salerno, Gianbattista Salerno, qui interprète Massimo.
Le commissaire Cardone, plus humain, moins expéditif mais aussi ferme que ses futurs fils, ne laissera pas un souvenir impérissable aux amateurs de polizeschi musclés qui lui préféreront une grosse partie de la production à venir. Le Grand kidnapping rythmé par une partition musicale rudement efficace de Stelvio Cipriani reste toutefois à découvrir ne serait-ce que pour son discours socio-politique même s'il ne laissera pas en tête un souvenir impérissable.