Commando Mengele
Autres titres: L'ange de la mort / Revanche commando / Angel of death
Real: Andrea Bianchi
Année: 1986
Origine: Italie / Espagne
Genre: Aventures / Action
Durée: 89mn
Acteurs: Christopher Mitchum, Suzan Andrews, Fernando Rey, Howard Vernon, Dora Doll, Jack Taylor, Jean-Claude Lerner, Shirley Knight, Anthony Parker, Marc Otting, Antonio Mayans, Draky Stainer, Carlos Spitzer, Emilio Linder, Annick Laine...
Résumé: Quelque part au Paraguay se cacherait le funeste Dr Josef Mengele qui durant la seconde guerre mondiale pratiqua les pires expériences sur les déportés des camps de la mort. Un commando juif anti nazi va tenter de le trouver et de le tuer. Mengele est bel et bien en vie et continue ses expérimentations dans sa villa entouré d'une bande de néo nazis fanatiques dirigée par un militaire, Wolfgang Von Backey.
Commando Mengele n'aurait jamais du être un film de Andrea Bianchi mais sa paternité aurait en fait du revenir à Jesus Franco qui en avait commencé le tournage. Lors d'un voyage au Brésil le plus affligeant des réalisateurs avait entendu parler d'une rumeur qui voulait que le tristement célèbre Docteur Mengele soit toujours en vie et vivrait caché au Brésil. Cette rumeur avait beaucoup intéressé Franco qui décida d'en faire un film. L'idée de Commando Mengele était née. Malheureusement les producteurs italiens exigèrent rapidement que Franco axe son intrigue sur Mengele afin qu'il en devienne le protagoniste principal. Franco
refusa net qu'un personnage aussi ignoble soit au coeur de son film. De graves démêlés éclatèrent alors entre le réalisateur édenté et la production tant et si bien que Franco quitta définitivement le tournage qui échoua à Andrea Bianchi. Le film terminé Franco écoeuré par le résultat final qui mettait en avant Mengele refusa catégoriquement tout crédit et renia le film. La question reste à savoir si le film aurait été meilleur si Franco l'avait dirigé. Franco? Bianchi? Avouons le. C'est du pareil au même. Commando Mengele est une pitoyable mais très amusante série Z italo-hispanique produite par la légendaire firme Eurociné. Tout un programme.
Quelque part au Paraguay une jeune fille est portée disparue après avoir fait la connaissance d'un certain Wolfgang Von Backey. Eva une amie avec qui elle travaillait dans la boite où elle avait rencontré Wolfgang tente de la retrouver avec l'aide de Mark, un membre d'un commando juif anti nazi dont la fiancée vient d'être abattue par des fanatiques néo nazis. Avec d'autres membres du commando ils se rendent dans l'immense propriété de Wolfgang qui selon une rumeur locale abriterait un groupe de fanatiques néo nazis allemands, à leur tête le Docteur Josef Mengele, célèbre pour ses atroces expériences humaines dans les camps de la mort durant la seconde guerre mondiale. Ils décident alors d'investir les lieux et
dénicher Mengele afin de le tuer. Le docteur est bel et bien là et pratique d'horribles expériences sur de jeunes vierges et l'insémination artificielle en vue de préparer l'avènement du quatrième Reich. Après avoir pris d'assaut le palais, tué les fanatiques, délivré Eva qui entre temps avait été faite prisonnière les chasseurs de nazis doivent maintenant affronter Mengele et Von Backey. Eva apprend qu'elle est enceinte suite aux expérimentations que Mengele a pratiqué sur elle.
Eurociné n'a jamais rimé avec succès mais plutôt avec médiocrité, hilarité. Commando Mengele ne fait pas exception à la règle. Si par de son intrigue on peut rattacher cette série Z
au filon du nazisploitation bas de gamme on est loin très loin, à des années lumières de ce que ce sous genre fut dix ans plutôt. Hybride entre le film d'action/aventures et ce filon subversif le film de Franco, pardon de Bianchi, partait pourtant sur de bonnes bases. Mettre en scène le fameux docteur qui serait selon certaines sources encore en vie, caché quelque part en Amérique du sud, afin d'étaler à l'écran une série d'abominables expériences humaines sur fond de fanatisme néo nazi. Malheureusement ne reste pas grand chose de telles attentes. Hormis le décor exotique, une des incontournables touches Eurociné, rien de très clinquant ici. Le scénario d'une totale incohérence, truffé d'invraisemblances, met en
scène Mark, un chasseur de nazis juif mais paraguayen (!) particulièrement pataud, le grassouillet et totalement inexpressif Antonio Mayans qui fait plus penser à un indien inca dodu qu'à un membre d'un commando anti nazi. Chaussé de mocassins blancs, de jolies chaussettes bleues pastel aux pieds (la tenue idéale), il enfourche sa moto accompagné entre autres d'un acrobate gitan et d'un ancien militaire vieillissant afin d'affronter Mengele et ses sbires dans sa somptueuse villa. Avant l'affrontement il va falloir subir de longues et monotones séquences flash-back où Eva, l'amie de la jeune disparue, raconte en voix off comment elle a connu l'affreux Wolfgang. On s'ennuie ferme mais on rit, c'est tout le charme d'un Eurociné.
On rit encore plus en découvrant Mengele et quatre pauvres fanatiques réunis dans une salle bien vide où est accroché un drap rouge décoré de croix gammées et d'un portrait d'Hitler, un écusson estampillé 4ème Reich très visiblement (et maladroitement) peint à la main. Quelle surprise de découvrir l'indétrônable Howard Vernon dans l'uniforme de Mengele planté droit comme un bâton, hypnotisé par le portrait du Fürher, tout en savourant quelques chants allemands. Howard y croit. Howard joue toujours très bien les méchants et l'uniforme lui sied à merveille. C'est pour ça qu'on l'aime. Le plus désespérant est peut être la découverte du laboratoire de Mengele, aussi minuscule qu'un cabinet de toilette, où traine quatre pauvres
lits occupés par un joli chimpanzé assis en tailleur et trois figurants mal maquillés censés incarner des victimes mutilées de Mengele. Tout s'effondre alors tant le résultat est grotesque trahissant l'inexistence de budget. Les quelques piécettes dont a disposé Bianchi ont du servir à payer les quelques effets pyrotechniques lors de l'assaut de la villa, un monument d'improbabilité là encore. Notre bon Mengele, pris au piège par Monsieur Grassouillet qui le tient en joue, ne trouve pas mieux que de faire exploser une grenade dans sa main. La villa se transforme en quelques secondes en un amas de ruines fumantes. Miracle! Des débris sortent indemnes nos chasseurs nazis et la belle Eva. Si les voies de
Dieu sont impénétrables celles de Bianchi le sont aussi! Par contre le scénario ne dit pas si Mengele est mort ou pas. Mystère!
Cette "zederie" rythmée par une partition musicale électronique aux accents incas réunit un trio qui témoigne qu'à l'origine le film était de Franco. Aux cotés de Vernon on retrouve en effet Jack Taylor et Shirley Knight, starlette déjà à l'affiche de quelques bisseries exotiques du réalisateur. Le vétéran Fernando Rey (le chef du commando juif anti nazi) complète la distribution espagnole. On pleurera par contre le monolithique Chris Mitchum réduit à un rôle de mercenaire recruteur de femmes hargneux, boiteux, le vilain Wolfgang. Tout au long du
film il traine la jambe et se bat au ralenti dans des combats chorégraphiés, entraine une élite nazie autrement dit cinq pauvres figurants en short avant d'être abattu net en fin de bobine puisque lui aussi a miraculeusement survécu à l'explosion.
Commando Mengele furtivement sorti au printemps 1986 uniquement en province sous le titre L'ange de la mort (titre également de l'édition vidéo française) est comme beaucoup d'Eurociné une franche rigolade qu'on regarde entre amis afin de passer une soirée un peu fofolle, ce genre de petit plaisir coupable qu'on apprécie décortiquer tant il y a d'âneries à la chaine. L'idée était bonne mais le résultat n'est qu'un pur divertissement Z pimenté de quelques uniformes SS et d'images des camps de la morts pour les nostalgiques de trashploitation et surtout de nazisploitation.