Al filo del hacha
Autres titres: Edge of the axe
Real: José Ramon Larraz
Année: 1988
Origine: Espagne / USA
Genre: Horreur
Durée: 91mn
Acteurs: Barton Faulks, Christina Marie Lane, Page Mosely, Joy Blackburn, Fred Holliday, Patty Shepard, Alicia Moro, Jack Taylor, Conrado San Martín, May Heatherly, Elmer Modling, Javier Elorrieta, José Frade, Christina Lane...
Résumé: Une série de meurtres ensanglante une petite bourgade perdue dans les montagnes de la Californie du nord. Un psychopathe y décime à coups de hache les femmes. Après qu'ils aient découvert une des victimes deux jeunes garçons d'une vingtaine d'années passionnés d'ordinateur, Gerald et Richard, veulent en savoir plus. Gerald sort avec Lilian dont le père connaissait bien une des victimes, une prostituée. La jeune fille cache un secret qu'elle finit par révéler à Gerald. Lorsqu'elle était enfant elle a volontairement blessé à la tête son cousin Charlie en le poussant de la balançoire. Par sa faute il a du passer plusieurs années de sa vie dans un hôpital afin d'être soigné. Lilian vient de découvrir que Charlie est récemment sorti. Personne ne sait où il est. Elle est persuadée qu'il est le tueur, toutes les personnes retrouvées mortes ayant un lien avec lui...
José Ramon Larraz fut l'un des réalisateurs espagnols les plus subversifs des années 70, brillant cinéaste à qui on doit de petits bijoux de pure perversité tels Whirlpool / L'enfer de l'érotisme, Deviation, Scream... and die, La visita del vicio / Sodomia. La décennie suivante fut un peu plus calme, plus classique surtout puisqu'il se tourna essentiellement vers le film d'horreur traditionnel avec quelques intéressantes petites pellicules (Los ritos sexuales del diablo, Lady Lucifera). En toute fin de carrière il s'orienta vers le slasher en réalisant une poignée de coproductions américano-hispaniques sanglantes, Deadly manor, Rest in pieces et Al filo del hacha / Edge of the axe.
Dans une petite bourgade de l'Amérique profonde une femme est sauvagement assassinée à coups de hache dans une station de lavage. Puis c'est une prostituée bien connue des habitants de la petite ville. D'autres femmes vont être tuées de la même manière. Le shérif ne semble pas vraiment vouloir enquêter, soucieux de ne pas voir l'affaire s'ébruiter. Gerald et Richard, deux amis d'une vingtaine d'années passionnés d'ordinateur, ont trouvé le corps décomposé d'une autre victime. Ils aimeraient en savoir plus sur cette série de meurtres qui les intriguent. Gerald est le petit ami de Lilian, elle aussi passionnée d'informatique. Son père connaissait bien la prostituée retrouvée morte. Il serait même le dernier à l'avoir vu. Il
devient un potentiel coupable. Lilian a un secret qu'elle finit par avouer à Gerald. Enfant elle a gravement blessé son cousin Charlie alors qu'ils faisaient de la balançoire. Il a du passer de longues années en hôpital. Depuis son sentiment de culpabilité la ronge. Charlie aurait quitté l'établissement dans lequel il était soigné et personne ne sait où il est désormais. Elle est persuadée qu'il est à l'origine des assassinats. Il pourrait même être le tueur. Le jeune homme découvre finalement que toutes les femmes qui ont été tuées avaient un point commun. Toutes ont approché d'une manière ou d'une autre Charlie. Plus surprenant encore il découvre dans l'ordinateur de Lilian une liste de noms de psychiatres et de docteurs
spécialisés qui se seraient occupés de Charlie. En fouillant un peu plus encore il trouve des photos étranges qui lui font douter de l'existence de Charlie. L'identité du psychopathe à la hache devient assez rapidement une évidence à ses yeux. Il ne lui reste plus qu'à le mettre face à sa propre schizophrénie lors d'une sanglante confrontation. Gerald finit par blesser le maniaque qui parvient à fuir. A cet instant la police arrive. En possession de la fameuse hache sanglante le shérif le prend pour l'assassin et le tue. Le véritable coupable est libre.
Très à la mode durant toutes les années 80 depuis les succès mondiaux de Halloween puis de Vendredi 13 le slasher a connu ses hauts et ses bas, le pire et le meilleur, l'originalité
n'ayant jamais vraiment été une des grandes qualités du genre. Les scénaristes se contentaient de reprendre invariablement un groupe d'adolescents libidineux souvent niais qu'ils mettaient face à un tueur psychopathe qui n'avait plus qu'à les décimer. Seuls la manière de tuer et le lieu de l'action variaient. Un campus, un bois, un lieu de vacances..., un bel éventail d'armes blanches, beaucoup de sang, une dose de sexe et le tour était jouait. Reconnaissons à José Ramon Larraz d'avoir su un peu contourner les règles de base. Le lieu de l'intrigue est cette fois une petite ville de montagne perdue dans le nord de la Californie, de quoi donner au film un petit coté grindhouse. Exit les ados idiots, place à des
personnages plus adultes, moins formatés donc plus intéressants, deux amis passionnés d'informatique, un étudiant et un exterminateur de cafards qui se retrouvent malgré eux au coeur des meurtres, et une jeune fille au passé trouble qui se révèle être une des pièces maitresse du puzzle. Voilà qui change un peu à une époque où le slasher semblait avoir tout dit. Cela change d'autant plus que Larraz n'y inclut aucune scène de sexe, pas la moindre ombre d'érotisme à l'horizon de son film.
L'intrigue n'est pas forcément originale. Certes elle sent le déjà-vu mais il faut admettre qu'au fil du métrage elle parvient à retenir l'attention et force l'imagination quant à l'identité du tueur
masqué souffrant d'une schizophrénie qui ne lui permet plus de différencier le personnage qu'il s'est inventé de la réalité. Il n'y a pas plusieurs suspects, il n'y a aucune fausse piste pour égarer le spectateur, il n'y a qu'à tenter de deviner qui se cache sous le masque du tueur fou et quel rapport il entretient avec l'énigmatique, le fantomatique Charlie. On se laisse gentiment prendre au jeu et même si le dénouement n'est pas vraiment une surprise elle clôt ce petit slasher hispanique de manière plutôt crédible et surtout ouverte, un no happy end qui laisse le mal cette fois triompher. On ne s'en plaindra pas.
Solide, la mise en scène de Larraz en bon professionnel qu'il est ne laisse place à aucun
temps mort, régulièrement ponctuée par des meurtres d'une brutalité assez étonnante qui devraient plaire aux amateurs d'effets sanglants (réussis). Imposant, le visage dissimulé sous une cagoule blanche qui le fait ressembler à un funeste bonhomme de neige, vêtu d'un long imperméable à capuche et de gants noirs il manipule la hache avec dextérité et transforme en charpie ses malheureuses victimes sur lesquelles il s'acharne avec une sidérante violence.
L'interprétation sans être exceptionnelle est tout à fait correcte et contribue à la crédibilité du scénario. En tête de distribution le trio Barton Faulks, découvert en 1985 dans le Future kill
de Edwin Neal, Page Mosely que les fans du mythique soap Santa Barbara auront plaisir à retrouver mais sans sa barbe cette fois et la blonde Christina Marie Lane dont ce fut l'unique film. A leurs cotés quelques vieilles gloires du cinéma espagnol, Jack Taylor, un des acteurs fétiche de Jesus Franco, Patty Sheppard, Conrado San Martin et Alicia Moro (la petite amie de Richard) découverte dans Les exterminateurs de l'an 3000 de Giuliano Carnimeo.
Al filo del hacha est un slasher à l'espagnol qui a toute sa place sur l'étagère de l'amateur aux cotés des gros classiques du genre. Ramon José Larraz réalise une pellicule efficace, brutale, sanglante où traumatisme d'enfant et schizophrénie sont au coeur du récit. Toujours divertissant. Toujours prenant. Toujours effrayant... pour les plus sensibles bien évidemment!