Il medium
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Real: Silvio Amadio
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Fantastique
Durée: 86mn
Acteurs: Guido Mannari, Martine Brochard, Philippe Leroy, Sherry Buchanan, Mirko Ellis, Achille Brugnini, Stefano Mastrogirolamo, Loris Zanchi, Andrea Aureli, Susan Buchanan, Nicoletta Amadio, Vincenzo Ferro, Paolo De Manincor, Salvatore Martino...
Résumé: Un musicien américain et son jeune fils viennent s'installer dans une jolie demeure. Laura, une séduisante institutrice, s'occupera du garçon, sa mère étant morte quelques années plus tôt. Très vite d'étranges phénomènes se produisent dans la villa. Des murmures, des bruits, des voix résonnent la nuit. Paul commence à avoir des visions tout aussi inexplicables. C'est ensuite Alan qui devient étrange. En outre il déteste sans raison apparente Daniela, l'énigmatique épouse du scénographe de son père. C'est alors que l'enfant tombe malade de manière inexpliquée. Le médecin de famille, impuissant, conseille alors à Paul de faire venir un médium...
Après des débuts essentiellement consacrés au péplum (Thésée et le Minotaure) et l'aventure Silvio Amadio nous offrit dés le début des années 70 quelques bandes à l'érotisme sulfureux avant de rentrer définitivement dans l'histoire du cinéma de genre italien en découvrant une Gloria Guida encore mineure (La minorenne) avec qui il tournera pas moins de quatre films entre 1974 et 1976. A l'aube des années 80 à l'instar de bon nombre de ses confrères c'est vers l'horreur qu'il s'oriente et nous livre une petite pellicule aujourd'hui totalement oubliée, Il medium.
Paul Robbins, un grand musicien d'origine américaine et son fils Alan viennent d'emménager dans une jolie demeure en Italie. Son épouse Eleonora est morte d'une longue maladie quatre ans plus tôt. Très occupé par sa nouvelle composition, Paul vient d'embaucher Laura une jeune et belle gouvernante afin qu'elle s'occupe au mieux de Alan. Paul fait également la connaissance de Daniela, l'épouse de son nouveau scénographe, une artiste-peintre étrange qui semble connaitre Paul. Dés leur arrivée d'étranges phénomènes se produisent à la villa. Ce sont des cris, des murmures qui résonnent dans le silence de la
nuit. Un soir le musicien est attaqué dans le jardin de la villa par des chiens auxquels il échappe par miracle. Alors que Laura se prépare à soigner ses blessures elle s'aperçoit qu'il n'a absolument rien. Plus curieux on lui assure qu'il n'y a jamais eu de chien à la villa. Paul est de plus en plus mal à l'aise dans cette maison. Chaque fois qu'il pose le regard sur le tableau que lui a donné Daniela, trois visages qui symbolisent la douleur, la peur il est la proie de visions dans lesquelles il voit une femme prisonnière d'une voiture en flammes. Il finit par bruler la peinture. Dés cet instant Alan qui bizarrement déteste Daniela commence à devenir bizarre. Il prétend avoir une amie aux longs cheveux noirs toute habillée de blanc qui
vient le voir en secret au fond du bois qui jouxte la villa. Son comportement devient agressif. Puis il tombe malade. La fièvre ne cesse de monter mais étrangement le médecin de famille ne lui trouve aucun symptôme. Alan n'est pas malade au sens médical du terme. Le docteur soulève alors le thème du paranormal et conseille à Paul d'organiser une séance de spiritisme afin de découvrir quel esprit pourrait hanter la villa. Le médium sera une amie à lui, Anita. Malheureusement la séance se passe mal, Anita quitte la demeure en état de choc. Le docteur implore Paul de demander l'aide d'un médium américain mondialement réputé, le professeur Powers. Il organisera une nouvelle séance afin d'exorciser les lieux au plus vite,
Alan serait en grand danger. Lors de la séance à laquelle participe Daniela la vérité explose. Daniela est la soeur d'Eleonora qui a juré de se venger de Paul qu'elle tient responsable de sa mort. En effet Paul avait choisi entre elle et la musique, un choix qu'elle ne pouvait accepter car folle amoureuse de son mari. Lors d'une dispute en voiture Eleonora provoque un accident dans lequel elle trouve la mort. Paul n'avait jamais révélé ce secret. Eleonora par delà la mort a juré la perte de celui dont elle n'a jamais pu pardonner le choix. Elle a investi l'âme de Daniela et pris possession d'Alan afin qu'ils tuent Paul.
Visiblement plus à l'aise dans la comédie dramatique Silvio Amadio signe ici une petite
pellicule d'horreur lambda, cédant aux impératifs de la mode d'alors. Il medium est avant tout plus une ghost story, une histoire de vengeance d'outre tombe, qu'un véritable film d'horreur. Amadio traite de parapsychologie, de vie après la mort, de la survie de l'âme, des thèmes pour lesquels il se passionnait. L'occasion de les mettre en scène se présentait enfin à lui. Le résultat est plutôt mitigé. Pour un passionné de spiritisme on ne peut pas vraiment dire que le cinéaste se soit beaucoup investi faute peut être à un budget qu'on devine dérisoire. Il livre une bande assez discrète, sans réelle âme, loin des débordements d'un Andrea Bianchi ou d'un Angelo Pannaccio, dans laquelle il rassemble les grosses ficelles du genre.
Une peinture maléfique, des voix et murmures dans la nuit, apparitions, un enfant possédé, des séances de spiritisme et un jouet diabolique, ici un petit robot que Daniela a offert à l'enfant. Tout est là et bien là sauf une vraie ambiance. Amadio peine à instaurer un réel climat de peur, d'angoisse propre à ce type de récit. L'ensemble se laisse simplement regarder de manière un peu détachée, frustré de ne jamais ressentir ces petits frissons qu'on aurait tant aimé ressentir malgré une interprétation correcte, un décor approprié joliment photographié et les musiques inquiétantes de Roberto Pregadio. Amadio essaie bien de créer un univers, un microcosme bien particulier, sombre, sinistre dans lequel ses
personnages évoluent, mais force est de constater qu'il n'y arrive qu'à demi... (au trois-quart?).
Outre l'absence d'une réelle atmosphère on regrettera également une mise en scène un brin trop monotone, peu énergique. Amadio semble avoir confondu film atmosphérique et réalisation mollassonne si bien que la première partie pourra finir par ennuyer d'autant plus qu'il ne se passe pas grand chose. Les fantômes d'Amadio sont bien présents mais ne risquent guère de nous faire se dresser les cheveux sur la tête. Dommage car cela empêche le film de vraiment convaincre. Si la seconde moitié est un peu plus prenante c'est surtout la partie finale qui est la plus réussie, la plus prenante grâce notamment à la fameuse séance
de spiritisme, l'exorcisme qui débouche sur les explications finales quelque peu inattendues. Amadio connait son sujet et nous invite à une séance réellement angoissante orchestrée par une Daniela haineuse, vindicative et le fantôme tout aussi venimeux de sa soeur qui manipulent l'enfant. On notera aussi un agréable petit clin d'oeil à L'exorciste lorsque le médium entre dans la chambre de Alan comme le fit autrefois le Père Merrin lorsqu'il pénétra dans la chambre de Regan.
Toujours au crédit du film son interprétation. Amadio a su en effet regrouper une jolie brochette de comédiens qui donne au film une partie de sa consistance. Guido Mannari dont
ce fut un des derniers films avant sa mort possède d'une part le physique de son rôle, d'autre part il est suffisamment convaincant pour donner corps à son personnage de père dépassé par les évènements. Le visage austère de Martine Brochard, son teint livide font leur effet surtout lors de la séance de spiritisme finale. La douceur et la beauté de la lumineuse Sherry Buchanan en font une jeune gouvernante parfaite. Mais c'est à Philippe Leroy que revient la part du lion dans la peau du fameux médium. Même s'il n'apparait que lors des vingt dernières minutes on appréciera son éternel professionnalisme, tout à fait convaincant et même angoissant dans ce rôle de super médium. On saluera aussi la prestation du jeune
Stefano Mastrogirolami qu'on reverra bien des années plus tard dans un petit film d'horreur tardif Il gioco della notte.
Il medium n'est certes pas le plus réussi des ghost story à l'italienne, encore moins le plus percutant. Pourtant malgré ses défauts et son manque de moyens évident il demeure un petit film d'horreur atmosphérique par instant efficace. Amadio n'est peut être pas parvenu à y transmettre tout son amour pour le paranormal mais pour son avant dernier film il signe une petite série B discrète d'autant plus sympathique qu'elle est aujourd'hui une véritable rareté. Une raison de plus pour l'amateur de la découvrir.