AD3 operazione squalo bianco
Autres titres: Opération requin blanc / AD3 operation white shark
Real: Filippo Walter Ratti
Année: 1965
Origine: Italie
Genre: Euro spy
Durée: 81mn
Acteurs: Rod Dana, Franca Polesello, Janine Reynaud, Francesco Mulé, Alan Banthe, Lucia Modugno, Nino Vingelli, Giuliano Raffaelli, Louis Moore, Robert Kurt, Nando Angelini, Gianni Manera...
Résumé: Le super agent secret américain AD3 est envoyé en Italie pour tenter de retrouver un scientifique inventeur d'un détonateur nucléaire révolutionnaire qui a été kidnappé par une organisation criminelle...
Lorsqu'en 1962 arrivèrent les premières aventures du plus célèbre agent britannique des services secrets de Sa majesté, James Bond 007, l'Italie ne pouvait que s'emparer de leurs succès pour à son tour créer une multitude de clones de ce bon James. Un nouveau sous genre du cinéma d'exploitation venait de naitre, l'euro spy à l'italienne, fort prisé entre le milieu et la fin des années 60. Filippo Walter Ratti, essentiellement connu pour La nuit des damnés, un classique de l'horreur gothique, fut un des premiers à s'infiltrer dans ce prolifique filon avec les aventures du super agent AD3 qui ne risque guère de marquer les
mémoires. Si on a là un des tout premiers euro spy transalpins, c'est également un des plus mauvais.
Un scientifique inventeur d'un puissant détonateur nucléaire à été enlevé par une dangereuse organisation criminelle qui regroupe quelques grands malfrats autrefois ennemis. Les services secrets ont pour ordre de mettre sur l'affaire un de leurs plus brillants agents qui de surcroit doit être polyglotte, spécialiste en science nucléaire et se révéler excellent marin. C'est l'agent américain Mark Enders dit AD3 qui est désigné. Aidé d'une charmante collègue, Terry, Mark se rend donc en Italie et découvre assez rapidement qu'une chanteuse de cabaret, Frida, est une des têtes de cette organisation dont une partie des
membres sont aussi des femmes. Il doit donc la séduire pour récupérer le détonateur caché au fond d'une grotte sous marine. Il mettra hors d'état de nuire Frida et ses hommes et délivrera Terry que les bandits avaient kidnappé.
Difficile de s'étendre sur le résumé de l'intrigue tant elle est mince et manque de rebondissements. On pourrait même dire qu'il n'y en a pas tant on s'ennuie durant 80 petites minutes qui finissent par devenir bien longues. L'action pourrait faire sortir le spectateur de sa douce léthargie si toutefois elle existait. Mais là encore elle brille par son absence. Il ne se passe strictement rien. Nous sommes donc ici face à un film d'espionnage sans réelle
consistance scénaristique, sans action, sans aucun gadget indispensable à tout film du genre, sans rebondissement par conséquent sans suspens. A tout ces manques s'ajoute une mise en scène molle, peu imaginative aggravée par la pauvreté évidente des moyens dont a disposé Filippo Walter Ratti. Quelques coins de studio mal aménagés servent de décors dans lesquels se meuvent des comédiens peu convaincants qui font simplement leur travail et débitent des cascades de dialogues souvent très bêtes. Evitons de parler des prises sous marines floues et franchement hideuses. On oublie même assez vite l'objectif de la mission de ce cher AD3, qui lui même l'a peut être déjà oublié dés les premières
minutes du film puisque scientifique kidnappé et détonateur nucléaire sont délaissés au détriment de saynètes soporifiques sans grand intérêt. On bavarde beaucoup, on séduit beaucoup de manière très anodine bien entendu mais on ne fait pas grand chose d'autre. Et lorsque le mot Fin apparait, assez abruptement soit dit en passant, on serait presque étonné (soulagé?) car on a vu si peu de choses.
Que reste t-il donc au crédit de cette Opération requin blanc? Quelques scènes totalement décalées comme en ouverture cette bagarre dans un bar américain filmée comme si on était soudain dans un western au beau milieu d'un saloon, cette autre confrontation qui cette fois
semble un pastiche de film de karaté entre Terry et trois femmes-soldats d'une maladresse sidérante, quelques petits morceaux sympathiques comme cette chanson qu'interprète Frida au début du film qui à elle seule vaut le visionnage de cette pellicule aberrante, et l'hilarité que provoquent certains passages tel celui où une femme communique par signes au bord d'une plage. Si elle donne surtout l'impression de faire une séance d'aérobic au ralenti c'est surtout la réflexion de notre bon AD3 qui vaut tout son pesant d'or. "Mais avec qui peut-elle communiquer"? demande t-il solennellement à son associée. Après une profonde réflexion il trouve enfin la réponse: "Mais oui! avec le chef de l'organisation"! Elémentaire mon cher
Watson! Cette réplique résume à elle seule toute la profondeur du film.
L'interprétation est particulièrement anodine on s'en doutait. Qu'attendre de la prestation de l'américain Rod Dana, un simple générique dont ce fut pratiquement le seul véritable rôle de sa carrière? Pas grand chose. Il se bat beaucoup (pas comme Sean Connery mais comme un lourdaud), il tire beaucoup mais rate souvent ses cibles (pas comme Sean Connery) et séduit nos femmes-soldats sans pour autant avoir le charme de Sean Connery. Rod Dana est à l'image du film: drôle et transparent. Plus intéressant est la distribution féminine qui est une bonne excuse pour regarder ce spy movie. La blonde Franca Polesello, starlette des
années 50 et 60 issue du péplum et du western, est une très charmante assistante et la statuesque française Janine Reynaud, figure incontournable de l'exploitation et de l'érotisme tant italienne que tricolore est une affriolante méchante.
Pionnier du genre AD3 opération requin blanc reste un des spy movies transalpins les plus faiblards et miséreux, les plus vides également. A se demander encore aujourd'hui le pourquoi de son existence. Il reste donc une simple curiosité pour fervents admirateurs du genre et une simple pièce pour collectionneurs qui ne risquent pas vraiment de la sortir souvent de son étagère. AD3 opération requin blanc? AD3 opération somnifère serait plus juste.