4...3...2...1 morte
Autres titres: 4,3,2,1 objectif lune / Mission stardust / Kampf der planeten
Real: Primo Zeglio
Année: 1967
Origine: Italie / Allemagne
Genre: Science-fiction
Durée: 95mn
Acteurs: Lang Jeffries, Essy Persson, Luis Dávila, Pinkas Braun, Stefano Sibaldi, Daniel Martín, Joachim Hansen, Janos Bartha, Karlsen, Ann Smyrner, Lisa Halvorsen, Tom Felleghy, Gino Marturano, Mirella Pamphili, Dakar, Gianni Rizzo...
Résumé: Une fusée avec à son bord trois astronautes commandés par Perry Rhodan se pose sur la Lune. Les trois hommes y découvrent un vaisseau spatial, un robot commandé par un vieil homme, Crest, et la charmante Thora. Crest et Thora sont les derniers survivants d'une antique race extraterrestre, les arkoniens. Afin de soigner Crest qui souffre d'une leucémie Rhodan décide de les emmener sur la Terre afin que le professeur Haggart le soigne. La fusée finit sa course en Afrique du Sud, où un industriel cupide souhaitant dominer le monde, tente de s'emparer des secrets technologiques des arkoniens...
Réalisateur connu pour ses petits films d'action tout au long des années 40 et 50 Primo Zeglio, pour son avant-dernier film, adapte pour le cinéma un des très nombreux romans allemands de Clark Darlton (quelques 275 récits) contant les aventures de Perry Rhodan présentées sous forme de fascicules hebdomadaires, ce depuis 1961. 4...3...2...1 morte connu en France sous le titre 4,3,2,1 objectif lune correspond en fait à la toute première histoire de Rhodan, de son fidèle compagnon le capitaine Bull et des extra-terrestres venus de la planète Arkon.
Une fusée a été envoyée sur la lune avec son bord trois astronautes dont le major Perry Rhodan et le capitaine Mike Bull. Le véritable but de cette mission est d'aller recueillir de précieux métaux découverts sur le cratère de la tranquillité. Ces métaux pourraient en effet remplacer l'uranium. Une fois sur la lune d'étranges évènements se produisent. Alors qu'ils en cherchent l'explication les astronautes découvrent un vaisseau spatial. Un robot les invite à entrer à l'intérieur. Ils font la connaissance de Crest et de la ravissante mais très hautaine commandante Thora, des humanoïdes venus de la pacifique planète Arkon. Non seulement leur vaisseau est en panne mais Crest est malade. Il souffre d'une leucémie, une maladie
que les arkoniens ne savent pas soigner. Rhodan leur propose de les accompagner sur Terre pour demander de l'aide au professeur Haggard dont le laboratoire se situe quelque part en Afrique du Sud. Repérée par l'armée mais aussi par le terrible Arkin qui compte bien utiliser les découvertes de Rhodan et la technologie des arkoniens pour devenir le maitre du monde la petite équipe est vite prise en chasse tant par les uns que les autres.
Ceux qui connaissent les romans risquent d'être un peu (beaucoup?) déconcertés puisque Zeglio n'a guère respecté l'histoire originelle dont il ne garde en fait qu'une partie pour ensuite l'assaisonner à sa sauce. Mais est-ce vraiment important vu le résultat? Le cinéaste
piémontais n'avait jusqu'alors jamais donné dans la série Z. C'est ici une première. 4,3,2,1 objectif lune est une véritable série Z, un film souvent aberrant, fait de bric et de broc, un grand moment d'hilarité du début à la fin. Dés les premières minutes le ton est donné. En trois minutes tapantes une fusée, soit une sorte de crayon monté sur trépied, alunit. A son bord l'équipe de Perry Rhodan très étonnée que tout semble fondre à l'intérieur de leur crayon spatial. "On dirait que ça brule". Cette pertinente remarque donne une idée des dialogues du film à partir de cet instant. Lorsque leur "Bic" disparait sous leurs yeux la seule réaction qu'ils ont est de trouver ça étrange! Même chez l'Oncle Picsou on est souvent plus
sérieux. Ils tombent alors sur un engin venu d'ailleurs, une superbe boule à facettes dans laquelle un robot portant un dentier les invite à monter. Ils sont accueillis par deux arkoniens, le vieux Crest et le commandant du vaisseau, la superbe mais très hautaine Thora qui passe son temps à rabaisser toutes les deux minutes les terriens. Une vraie vipère à qui Rhodan, vexé, ne peut s'empêcher de dire qu'elle mériterait une double fessée si elle était de notre monde. Thora est le prototype même de la féministe qui méprise l'homme, veut le soumettre mais reste une créature fragile qui succombe à la tentation même si elle le cache certes assez mal. Rhodan est le mâle qui se voit mal obéir à une femme mais qui saura au bout du
compte la dompter et la mettre dans son lit même au fin fond du cosmos. On a bel et bien là l'idéologie de toute époque et on adore.
On nage en plein délire, on assiste à une farce de science-fiction, un gag d'une autre époque à des années lumière des films de Margheriti. On est en effet plus proche ici de Ed Wood mais un Ed Wood sympathique qui malgré l'absence de moyens, le ridicule des situations et la totale absurdité des dialogues demeure sans cesse agréable à suivre car qui dit ridicule ne dit pas obligatoirement débile. Toute la partie lunaire est esthétiquement très jolie, très colorée, fortement estampillée fin années 60, aussi pauvres que soient les décors.
L'amateur sensible à cette époque sera forcément ravi de ce visuel fauché mais cependant accrocheur. Et si les effets spéciaux sont d'un autre âge, d'une autre ère diraient certaines mauvaises langues (on verrait presque les ficelles qui supportent la boule spatiale des arkoniens), cet amateurisme qu'on doit tout de même à Margheriti lui même, on reconnait définitivement son gout pour un certain visuel multicolore, a son charme. Les maquettes sont tellement drôles, le passage des faux décors lunaires aux décors naturels (un désert caillouteux charbonneux!!) fait assez mal, les transparences sont douteuses mais qu'importe! On s'amuse et on prend gout aux chamailleries de Rhodan et de Thora la peste
qui bien sur finiront par coucher ensemble, un happy-end qui reprend le chemin des romans puisque le terrien et l'extra-terrestre se marieront et de leur union naitra un enfant.
Si on pouvait penser que 4,3,2,1 objectif lune était une aventure lunaire à part entière, c'était là une erreur. Au bout d'environ vingt-cinq minutes on quitte définitivement l'univers spatial pour ne plus quitter notre Terre. Le film se transforme alors en une sorte d'euro-spy, un genre à la mode en cette fin d'année 60, avec son petit coté James Bond de pacotille. Les arkoniens, Rhodan et son équipe doivent faire face à l'armée qui veut détruire les extra-terrestres et surtout affronter les pièges du méchant Arkin, un homme machiavélique qui veut
devenir maitre du monde après s'être emparé de la technologie des arkoniens et des métaux très rares découverts sur la lune. Zeglio nous bidouille quelques gadgets électroniques préhistoriques, crée un faux professeur Haggart et nous offre quelques trouvailles hilarantes (le rayon qui fait voler les jeeps digne du trucage de l'araignée géante montée sur roulettes de L'invasion des araignées géantes). Mais reconnaissons qu'on ne s'embête pas une seule minute, l'action est omniprésente, le rythme ne baisse pas. Et sur fond de bruits bizarres, de bip et de zip en tout genre on rit toujours autant jusqu'à la confrontation de nos héros et du vilain Arkin qui finira aspirer dans l'espace, soit une belle poupée de chiffon qui
virevolte sur fond noir. Epoque oblige on soulignera ce zeste de racisme toujours aussi drôle et appréciable. Les domestiques sont noirs et parlent le "Bwana" avec un accent "petit nègre" qu'on n'oserait plus imaginer ici. Les soldats sont eux aussi noirs, forcément pleutres, bêtes et soumis aux blancs et parlent eux aussi le "Bwana". L'Afrique des années 60/70 lorsqu'elle sentait bon le colonialisme.
Internationale, la distribution est intéressante. La suédoise Issy Persson, plus connue chez nous pour avoir été la Thérèse de Thérèse et Isabelle de Radley Metzger et Lady Patricia dans Cry of the banshees, se glisse dans la combinaison moulante argentée et sous la
perruque blonde de l'insolente Thora à qui beaucoup rêveront de donner la fessée cul nu même si elle nous offre un superbe strip-tease tout en ombres chinoises. Venu du peplum, spécialiste de l'euro-spy, le canadien Lang Jeffries est Perry Rhodan. L'argentin Luis Davila est le capitaine Bull. L'helvète Pinkas Braun est le méchant Arkin. Le grand John Karlsen est Crest. Le hongrois Janos Bartha, figure récurrente du Bis transalpin, est le général Roon. On remarquera aussi la présence d'un tout jeune Dakar et de Tom Felleghy.
4...3...2...1 objectif lune n'est certes pas aussi jouissif que les films de science-fiction de
Antonio Margheriti de la même époque mais c'est un divertissement d'un autre âge parfaitement amusant, drôle, qui ne se prend pas vraiment au sérieux, une sorte de bande dessinée de l'espace sur laquelle James Bond aurait déteint. C'est con mais qu'est ce que c'est bon! Et rien que pour la chanson du générique, "Seli" chantée par Edda dell'Orso, totalement psychédélique, un vrai régal pour amateur, le film mérite une petite vision.