Chely
Autres titres:
Real: Ramon Fernandez
Année: 1976
Origine: Espagne
Genre: Comédie dramatique
Durée: 83mn
Acteurs: Nadiuska, Fernando Fernan Gomez, Josele Roman, Pedri Mari Sanchez, José Maya, Ignacio Campos, Antonio Gamero, Tomas Zori, Beatriz Ellioreta, Mary Paz Pondal, Manuel Alexandre, Isabel Luque, Angel Menandez, Flora Maria Alvaro...
Résumé: Une bande de jeunes marginaux a pour passe-temps favori de dérober l'argent de riches messieurs après que la ravissante Pepi les ait dragué. Une de leurs amies a été arrêtée pour possession de drogue. Les voyous s'occupent de son père et lui organisent même un rendez-vous galant. Quelques temps plus tard les journaux annoncent sa mort. Alors que la bande multiplie les petits coups dans la bonne humeur sa fille, libérée, a l'idée de venger sa mort...
Du prolifique Ramon Fernandez on connait surtout La muerte ronda a Monica, un giallo à la Umberto Lenzi oubliable particulièrement fade et un curieux christploitation El cristo del oceano avec Leonard Mann dans le rôle du Christ surgi des océans. Parmi les nombreux films que Fernandez tourna on trouve également bon nombre de comédies à l'espagnole dont ce Chely qui ne marquera pas forcément les esprits.
Une bande de jeunes voyous, trois garçons, Tato, Paco et Tomas, et deux ravissantes filles, Asun et Pepi, vit de façon marginale. Ils ne sont pas méchants, ils veulent juste s'amuser,
profiter de la vie et surtout se faire une place dans une société où ils se sentent incompris. Leur distraction favorite est de dépouiller de leur argent de vieux et riches messieurs. Pour se faire ils ont recours aux charmes de Pepi qui les aguiche ou les drague pour mieux les voler au moment le plus opportun. Ils prennent soin aussi du père d'une de leurs amies condamnée pour possession de stupéfiants. Ils lui organisent même un rendez-vous galant qu'au final, amer, il décline. Quelques temps plus tard les journaux annoncent sa mort, tué par un bonnet de la drogue. Pepi et sa bande continuent leurs larcins et volent notamment une bijouterie et un couvent. Leur amie est libérée. Alors que la bande entreprend un autre
coup elle abat en pleine rue le meurtrier de son père avec un pistolet trouvé chez Pepi.
Cette comédie juvénile délinquante sur fond social aurait pu être intéressante, donner lieu à de croustillantes séquences, gentiment verser dans l'exploitation ou le trash de bon aloi. Malheureusement Chely est d'une gentillesse extrême, trop superficielle dans les thèmes abordés pour vraiment toucher. Nos jeunes marginaux sont de bons bougres, un peu foufous, un peu rebelles sur les bords qui pendant une bonne partie du film se contentent de piéger des hommes d'un certain âge au porte-feuille bien garni pour leur prendre leur argent. Pour se faire la très séduisante Pepi est passée maitre dans l'art de les envouter.
La méthode est toujours la même seul le déguisement change. Explosive auto-stoppeuse, femme légère accoudée au bar... tout est bon pour leur faire tourner la tête et le reste de la bande n'est jamais loin pour s'enfuir avec le butin une fois l'homme humilié mais toujours avec humour. Il y a peu d'originalité dans tout cela et le coté répétitif devient assez rapidement lassant d'autant plus que l'humour reste basique, en prime de vieux messieurs en marcel et slip n'ont absolument rien d'excitant. Certes le ton est allègre, la bonne humeur est de la partie, le rythme plutôt soutenu, l'interprétation correcte mais il manque ce petit quelque chose qui fait toute la différence, ce petit grain de folie propre à la comédie. Tout est un peu
trop lisse. Quant au message social il est étonnamment survolé et reste à l'état d'ébauche tant et si bien qu'il est relégué au dernier plan. L'amie de la bande, qui ouvrait pourtant le film, disparait vite du récit pour ne revenir que sporadiquement puis lors du final. Il en va de même pour le problème de la drogue, oublié la majeure partie du métrage pour ne resurgir que lors des ultimes vingt minutes, brisant ainsi le contenu émotionnel et dramatique de l'intrigue. C'est d'autant plus dommage qu'il y avait matière à marier humour et tragédie, rire et émotion. De ce fait le final, abrupt, indiffère plus qu'il ne touche d'autant plus que le film s'arrête net sur ce meurtre à tout juste 83 petites minutes. Frustrant.
L'érotisme est tout aussi sage. On est loin des sexy comédies graveleuses italiennes qui avec un tel sujet se seraient régalées. On ne dénombre quasiment aucun nu, seulement quelques tenues légères, quelques petites culottes et quelques poitrines dénudées. Il n'y a pas de quoi fouetter un chat. C'est d'autant plus regrettable que Pepi est interprétée par l'allemande Nadiuska, véritable sexy star en Espagne, qui dévoila ses charmes dans une multitude de films tout en les illuminant de son incroyable regard révolver durant plus d'une décennie. Elle est ici toujours aussi envoutante, parfaitement à l'aise dans ce rôle qui lui colle comme un gant mais tellement sage que Chely en deviendrait presque frustrant. Il ne
faut donc pas s'attendre à une comédie déshabillée désinvolte si on ne veut pas être déçu.
Autour de Nadiuska on a la chance de retrouver la blonde et pulpeuse Josele Roman, une des grandes spécialistes de la comédie espagnole, trois jeunes séduisants acteurs à la beauté estampillée années 70 venus de la télévision qu'on aurait aimé découvrir de manière plus intime, Pedro Mari Sanchez, José Maya et Ignacio Campos, et quelques vétérans du cinéma ibérique qui prêtent leurs traits aux vieux messieurs, le grand Fernando Fernan Sanchez en tête dans le rôle de Nicolas le père de l'amie emprisonnée qui donne à son
personnage une certaine épaisseur dramatique.
Petite curiosité pour les amateurs de comédies juvéniles ibériques Chely, rythmé par les chansons ensoleillées très années 70 signées Benito Moreno ("Espana hueble a pueblo" et "Silencio en Cartagen"), est un simple divertissement, un petit film enjoué malheureusement trop superficiel pour vraiment toucher mais qui a cependant son charme et quelques atouts dont la présence de Nadiuska.