36 ore all'inferno
Autres titres: 36 heures en enfer / Thirty six hours in hell / 36 hours in hell / 36 uren in hel
Real: Roberto Bianchi Montero
Année: 1969
Origine: Italie
Genre: Guerre
Durée: 90mn
Acteurs: Richard Harrison, Pamela Tudor, Alain Gérard, George Wang, Carlo Gaddi, Bruno Piergentili, Rodolfo Valadier, Luciano Catenacci, Vittorio Richelmy, Vincenzo Sartini, Goffredo Unger, Mario Bianchi, Italo Gasperini, Noburo Homma, Gaetano Imbrò, Franco Monterosa, Franco Marletta...
Résumé: Lors de la seconde guerre mondiale un groupe de marines mené par le capitaine Stern se rend sur l'ile de Rabaul dans le Pacifique pour une mission-suicide qui consiste à tuer un détachement de soldats japonais responsables du massacre de la population de l'ile...
Comme bon nombre de ses confrères Roberto Bianchi Montero est passé par la case film de guerre au début de sa carrière alors que le genre connaissait un certain succès à la fin des années 60 et ce jusqu'au début des années 70. C'est ainsi qu'il signe une petite trilogie de guerre qu'il réalise entre 1968 et 1969. Ouverte par Quella dannata pattuglia / Les 7 bâtards 36 ore all'inferno / 36 heures en enfer est le second film de ce triptyque qui se clôturera par Rangers attaco ora X.
1943. Un commando d'une douzaine de marines mené par le courageux capitaine Stern
accompagné du journaliste de guerre Henry Steward a pour mission de se rendre sur une ile du Pacifique située non loin des Philippines nommée Rabaul. Ils doivent exterminer le dernier bastion de soldats japonais responsable du massacre général des habitants de l'ile, morts lors d'un bombardement. A peine ont-ils débarqué sur Rabaul qu'ils sont repérés par le major Koshiro bien décidé à leur tendre un piège et les capturer. Koshiro retient également prisonnière une jeune infirmière appartenant à la Croix-Rouge suédoise, Ingrid Nilsson, très en colère suite à la décimation des autochtones de l'ile. Stern et ses hommes vont devoir déjouer les traquenards de Koshiro. Après moult aventures durant lesquelles bien des
marines trouveront la mort le capitaine Stern avec l'aide du journaliste viendra à bout des japonais. Vaincu Koshiro se fera hara-kiri.
Les films se suivent et se ressemblent. Ce qui avait été écrit pour Les 7 bâtards est valable pour ce second opus malgré tout plus intéressant. Premier point commun: difficile cette fois encore de résumer le film en plus de six ou sept lignes tant l'intrigue est mince. Dans Quella dannata pattuglia un groupe de soldats anglais devait se rendre dans le Sahara pour y détruire une base allemande lors d'une mission-suicide, ici c'est un détachement de marines qui doit se rendre non loin des Philippines pour une nouvelle mission-suicide, tuer
les derniers soldats japonais responsables de la mort des habitants de toute une ile. La mission est quasiment la même seul l'endroit change.
Second point commun: une première partie plutôt insipide truffée de stock-shots de films de guerre où il ne se passe quasiment rien. Si l'action se faisait vainement attendre lors du premier volet, bavard et anémique, ce n'est qu'à la 35ème minute que celle ci pointe enfin son nez dans le second. Jusqu'alors Bianchi Montero se contentait de filmer sa troupe déambuler dans la jungle tout en échangeant des propos d'une banalité désarmante, une sorte de balade espagnole qui semble avoir fait oublier aux hommes leur mission tant ils ne
paraissent pas préoccupés ou même inquiets. On en arrive au troisième point commun, les protagonistes eux mêmes, dénués de dimension psychologique, de toute épaisseur, parfaitement interchangeables et anonymes, de simples silhouettes qui le moment venu mourront ou auront leur seconde de gloire lors de cette mission-suicide qui de suicide n'en a que le nom tant Montero filme l'ensemble avec légèreté. Aucun suspens, aucune tension dramatique. Si on ne tremble pas on rit régulièrement face à l'incompétence voire l'insouciance de ces soldats censés être des chiens de guerre mais qui agissent comme des amateurs tout en récitant des dialogues par instant absurdes. Que penser du journaliste
qui en pleine jungle infestée d'ennemis s'éloigne de son peloton pour tranquillement uriner sous un arbre? En quelques minutes il se retrouve seul, peu embarrassé d'être perdu mais rapidement capturé par les japonais, et personne ne semble s'en soucier. Mais est-ce étonnant de la part d'un capitaine expérimenté qui quelques minutes auparavant divisait sa troupe en trois parties: une prendra à gauche, la deuxième à droite et l'autre au milieu! Une telle précision en pleine jungle donne non seulement un aperçu du niveau stratégique du film mais également celui de nos braves soldats supposés experts dans l'art de la guerre. Mais face à des japonais peu futés peut-être n'y a t-il rien à craindre. Il faut dire que le major
Koshiro passe une partie de son temps à observer à travers ses jumelles, un rôle qui n'a pas du beaucoup épuiser son interprète Georges Wang, acteur chinois vu dans bon nombre de westerns spaghettis, et ses hommes ne sont guère plus futés que nos marines.
Tout est simple, tout est facile, aussi improbable que dans Quella dannata pattuglia mais 36 ore nell'inferno est cependant largement supérieur à son prédécesseur grâce avant tout à une seconde moitié assez palpitante rondement menée. Le film décolle enfin, prend sa vitesse de croisière pour notre plus grand bonheur. Montero enchaine les péripéties qu'il met en scène de façon consciencieuse, professionnelle, alerte, tout en insistant sur les plans
sanglants voire gore. Sables mouvants, orages tropicaux, explosions, corps brulés vifs, éventrements, soldats pris au piège dans un filet qu'on transforme en charpie, corps transpercés, explosés... jusqu'au suicide de Koshiro qui se fait hara-kiri face à la caméra, des effets spéciaux et maquillages réussis, crédibles qui donnent au film tout son intérêt.
Autre atout de ces 36 heures en enfer son décor naturel. Si le magnifique désert de Lybie donnait au premier film un coté exotique non négligeable la jungle des Philippines est ici un atout visuel certain qui donne à l'ensemble un petit air de série B tropicale agréable. C'est la grande force de ce second film qui sans ce décor sylvestre et cette deuxième partie joliment
échevelée serait tel une plaque de plexiglass, translucide.
Contrairement à Quella dannata pattuglia il n'y a cette fois aucune véritable gueule du Bis à l'affiche à l'exception du solide Richard Harrison, égal à lui même, dans l'uniforme du capitaine Stern, et Luciano Catenacci (Caporal Landing) déjà présent dans le film précédent. Le français Alain Gérard joue le journaliste Steward qui conte cette mission en voix off monocorde et devient malgré lui le héros du film. On remarquera la présence de Mario Bianchi, le fils du réalisateur, dans un court rôle.
Discrètement sorti en France au printemps 1970 36 heures en enfer est un bon petit film de
guerre anodin, un petit budget qui comme le premier volet de la trilogie à laquelle il appartient se noie dans la production d'alors. Il se situe fort heureusement bien au dessus grâce à ses éclats sanguinolents qui remplissent une seconde partie réellement plaisante, une douce fureur qui fera le bonheur des amateurs de plans gentiment gore. Entre film de jungle et film de guerre, voilà un programme certes vite vu vite oublié mais parfaitement divertissant qu'on aurait peut être souhaité plus vraisemblable.
Dans la foulée Montero tournera Rangers attaco ora X qui propulsera cette fois un groupe de soldats dans l'univers nazi.