La casa del buon ritorno
Autres titres: The house of the blue shadows / The house of the blue shutters / The come back house / Das Haus der blauen Schatten
Real: Beppe Cino
Année: 1986
Origine: Italie
Genre: Thriller
Durée: 87mn
Acteurs: Amanda Sandrelli, Stefano Gabrini, Fiammetta Carena, Lola Ledda, Francesco Costa, Stanis Leda, Fabrizio Capuani, Eloisa Cino, Eleonora Salvadori, Elvira Castellano...
Résumé: Lors d'une partie de cache-cache la jeune Lola, le visage dissimulé sous un horrible masque, effraie son frère Luca. Il s'enfuit. Tandis qu'elle le cherche quelqu'un la pousse du haut d'un balcon. Vingt ans plus tard Luca revient accompagné de sa fiancée dans la maison où a eu lieu le drame. Très vite des choses étranges se produisent. L'inquiétante voisine erre autour de la maison, Luca semble peu à peu posséder par l'esprit de Lola. Sa fiancée supporte de moins en moins cette ambiance. Les souvenirs obsèdent de plus en plus Luca alors qu'une silhouette portant le même masque que Lola le jour de sa mort hante les lieux...
Second film d'une carrière débutée trois ans plus tôt avec Il cavaliere la morte e il diavolo, un essai fantastique auteurisant passé inaperçu, La casa del buon ritorno suit les traces de son prédécesseur de manière tout aussi morne, soporifique, en jonglant cette fois entre le thriller, l'horreur et le film d'atmosphère, un titre à qui on peut tout de même trouver une qualité, celle de très bien résumer l'intrigue.
Quelque part dans les années 60. Luca et sa soeur Lola, deux adolescents, jouent à cache-cache dans leur vieille maison de campagne. En cherchant sa soeur Luca ouvre un placard
d'où surgit une silhouette dont le visage est recouvert d'un horrible masque de démon. Il se sauve, terrorisé. Ce n'était que sa soeur qui avait voulu lui faire peur. Alors que Laura le cherche elle est poussée du haut de la terrasse. Vingt ans plus tard Luca revient dans cette maison accompagnée de sa fiancée Margit. Rien n'a changé. Très vite les souvenirs reviennent. Avec eux Ayesha, la voisine étrange, inquiétante qui jadis était l'amie de Lola. Elle ne cesse de rôder silencieuse. Elle habite toujours la maison voisine mais avec un homme tout aussi étrange qui épie à la fenêtre. Margit trouve de vieux vêtements dont une robe et un chapeau ayant appartenu à Lola. Luca est furieux. Le souvenir de sa soeur le hante de plus
en plus, son comportement devient bizarre, violent. Il est fasciné par un mannequin qu'il a habillé comme Lola. Margit supporte de moins en moins Luca et cette maison jusqu'au jour où elle est attaquée par une silhouette dissimulée derrière le même masque que portait Lola le jour de sa mort. Elle quitte Luca qui s'enferme dans ses obsessions dévoré par un désir incestueux pour sa soeur disparue. Luca est-il devenu fou ou est-il victime d'un complot? Les réponses se trouvent chez Ayesha qui a installé dans une pièce un autel dédié à Lola. L'homme qui partage sa demeure n'est autre que Bruno le copain de Luca lorsqu'ils étaient enfants. Bruno était amoureux de Lola. Il a vu Luca pousser sa soeur adorée et l'a tué. Il s'est
vengé de lui en faisant resurgir ses désirs interdits et son sentiment de culpabilité qui l'ont finalement mené à la folie. Sa vengeance assouvie il n'a plus qu'à se suicider. Ayesha tel un fantôme veille toujours.
Si de prime abord on pourrait penser que La casa del buon ritorno est un énième film sur les maisons maudites, un thriller horrifique dont l'intrigue reposerait sur cette vieille maison où jadis une adolescente trouva la mort ce serait une erreur. C'est bien plus à un film d'atmosphère, un thriller psychologique auquel on assiste avec son lot de personnages mystérieux, une dame étrange, silencieuse et fantomatique habillée de noir (on pense à La
dame en noir), des protagonistes tourmentés au coeur d'une bâtisse campagnarde délabrée où le héros revient bien des années après le drame. Si la séquence d'ouverture fait illusion la suite n'est malheureusement plus qu'une lente et longue déception dont on ne retiendra que l'ennui qu'elle distille. Multiplier les ralentis, les silences, les jeux de miroir, le souvenir des jeux de fée et de sorcière de notre enfance, errer dans des pièces qui rappellent le passé au son d'une partition musicale lancinante ne suffit pas à créer une atmosphère, à faire naitre ce sentiment de peur diffuse encore moins le mystère. C'est à peu près la seule chose que sait faire Beppe Cino qui avec ce second film tente de signer une nouvelle oeuvre auteurisante,
complexe mais comme pour Il cavaliere la morte il diavolo il ne parvient qu'à générer l'ennui à travers un film d'une vacuité soporifère d'autant plus ennuyeuse que le scénario est dénué de suspens. Dés le départ il est très facile de deviner le pourquoi du comment, d'une simplicité désarmante malgré les efforts bien vains de Cino à tenter de brouiller les pistes en pointant la folie de ses caractères. Le final n'est donc guère surprenant il est même très décevant tant il est simplissime. Jusqu'au bout on aurait espéré un retournement de situation, un fait inattendu qui redistribuerait les cartes. Que nenni! Le seul vrai mystère de La casa del buon ritorno c'est de savoir ce qu'a fait Luca durant ces vingt années, pourquoi n'a
t-il aucun souvenir de son passé qu'il n'évoque jamais et ne reconnait même pas sa voisine qui n'a pas changé d'un iota ni même de vêtements (incroyable) ni son ancien copain?
Il ne faut guère compter sur l'interprétation pour rehausser le niveau de l'ensemble. Un jeu convaincant de bons comédiens aurait peut être pu relancer la machine, donner un peu plus d'intérêt et de crédibilité au film. C'est tout le contraire. Ils tuent une toile qui déjà était bien mal partie incapables de donner à leur personnage non seulement une quelconque épaisseur mais surtout une dimension psychologique, psycho-pathologique, indispensable à cette histoire de folie morbide. Que penser du pauvre Stefano Gabrini dont ce fut une des
rares apparitions à l'écran (on n'en est pas étonné) dans le rôle de Luca? Dénué de tout charisme, pataud, insipide, physiquement ingrat (aussi barbu qu'un ayatollah en première partie de film puis sosie de Freddie Mercury et enfin imberbe tel un nouveau né) Gabrini est simplement insupportable. Amanda Sandrelli est belle mais a un jeu d'actrice de télévision, ses réactions de gamine sont souvent stupides et en deviennent énervantes si ce n'est invraisemblables. Le récit en perd encore plus de sa logique. Comment imaginer un seul instant qu'après avoir été sauvagement agressée par la silhouette elle se contente de s'enfermer dans sa chambre au lieu de s'enfuir, qu'elle ne remarque pas que Luca est
blessé là où elle a elle même blessé son agresseur et décide finalement de rester sans plus jamais mentionner son agression? Lorsque enfin elle quitte la maison c'est pour mieux revenir se jeter dans les bras de son fiancé! On nage en pleine bêtise. Quant au voisin tout aussi barbu que Luca hormis de furtives apparitions à sa fenêtre il n'a aucune véritable scène à lui alors qu'il est la clé de l'intrigue, Cino éventant son secret de polichinelle en plein milieu du film. De son coté la fameuse dame en noir (l'anonyme Fiammetta Carena) échoue lamentablement à donner à son rôle une quelconque aura de mystère malgré ses dentelles, sa peau blafarde et son chapeau d'antan.
Incapable de créer la moindre ambiance dans ce récit qui tourne à vide Cino est tout aussi inapte à jouer sur les émotions, sur l'aspect morbide, macabre de l'histoire malgré quelques idées très mal utilisées comme le mannequin à l'effigie de Lola qui au fil des jours prend de plus en plus d'importance dans la vie de Luca, l'obsession de Luca pour sa soeur qui semble littéralement le posséder, l'autel que Ayesha lui a dédié et surtout ce désir incestueux qui surgit en lui, le ronge, la haine, la souffrance de Bruno, l'ex-copain et aujourd'hui voisin qui depuis toutes ces années attend sa vengeance. Tout est si maladroitement agencé, construit que la morbidité du récit s'efface, disparait comme balayée d'un simple revers de
la main. Et ce n'est pas le masque qui apportera un quelconque frisson, si son apparence est assez repoussante son coté déguisement de Halloween bon marché casse l'effet.
Resté inédit en salles en Italie mais présenté à certains festivals puis sorti en vidéo (et tout récemment en DVD) La casa del buon ritorno est un triste échec, un film raté d'un bout à l'autre, dont le seul effet qu'il produit est une lente léthargie que rien ne parvient à enrayer durant 90 minutes de vide. Restent à son crédit une agréable photographie, une bande originale sympathique et cette maison délabrée à l'image de la dégénérescence de ses occupants et voisins. Ca ne fait malheureusement pas un film. Ne s'improvise pas réalisateur de films d'auteur qui veut. Il faut un minimum de talent ce dont Beppe Cino était alors dépourvu. Alors la maison du bon retour? Peut être mais celle du marchand de sable surement.