Eva la venere selvaggia
Autres titres: Eva la vierge sauvage / Jungle 2000 / L'esclave de l'ile aux gorilles / Jungla 2000 / King of Kong island / Kong en la selva perdida / Kong Island / Eva the wild woman
Real: Roberto Mauri
Année: 1968
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 88mn
Acteurs: Brad Harris, Esmeralda Barros, Marc Lawrence, Adriana Alben, Mark Farran, Aldo Cecconi, Paolo Magalotti, Gianni Pulone, Miles Mason, Mario Donatore, Gino Turini, Ursula Davis, Emilio Messina...
Résumé: Diana, son frère, leur ami Burt et quelques aventuriers partent en safari à la recherche du Singe sacré, une légende locale qui voudrait qu'une jeune fille élevée par des singes vivent nue u milieu de la jungle et aurait toute autorité sur les animaux. A peine sont ils arrivés que Diana est enlevée par deux gorilles qui obéissent à Muller, un savant qui créent des singes-robots afin de dominer le monde. Très vite Burt découvre que ce savant n'est autre que Muller, un mercenaire qui autrefois l'a laissé pour mort lors du vol d'un transport d'or...
Si Roberto Mauri après un passage presque obligé dans le film d'aventures et de pirates au tout début des années 60 s'est par la suite essentiellement fait remarquer dans le western-spaghetti il a toutefois égayé sa filmographie de quelques petits films de genre hétéroclites dont un très intéressant thriller érotique Madeleine anatomia di un incubo. Avec Eva la venere selvaggia il touche à un genre alors à la mode en Italie, le film de jungle qui a donné vie à quelques héroïnes, charmantes descendantes de Tarzan, au nom tous plus exotiques les uns que les autres. Apparurent notamment sur nos écrans Gungala, Samoa, Tarzana,
Luana et donc cette Eva surnommée la vierge sauvage pour lui donner son coté aussi tropical qu'érotique.
Au début des années cinquante quelque part en Afrique un groupe de mercenaires s'empare d'un transport d'or. Dés le trésor en sa possession Muller, un ancien nazi et chef des mercenaires, tue ses associés à l'exception de Burt qui laissé pour mort survit au massacre. Bien des années plus tard la jeune Diana organise avec son père, son frère Robert, leur vieil ami Burt et quelques aventuriers un safari en Afrique afin de trouver au coeur des territoires tabou "le singe sacré", un mythe local qui voudrait qu'une fille élevée par des singes vive au
beau milieu de la jungle. A peine arrivés sur place Diana est enlevée par deux gorilles et séquestrée dans la grotte d'un savant fou qui terrorise les peuplades. Le scientifique s'avère être l'ancien chef de Burt qui désormais mène des expériences de contrôle de la pensée sur les singes. Il leur greffe une puce électronique dans le cerveau reliée à un puissant ordinateur afin d'en faire des armes de guerre qui n'obéiront qu'à sa volonté. Il mène ses expériences sur des indigènes qu'il fait kidnapper par ses gorilles. Muller compte bien capturer Burt et le transformer en cobaye lui aussi. Burt et Robert sont capturés par des sauvages. Robert est tué. Eva sauve Burt et le mène à la grotte de Muller juste avant qu'elle
ne soit capturée par les gorilles-robots. Elle réussit à s'échapper au moment où Muller s'apprête à tuer Burt et le père de Diana. Eva retourne les gorilles contre leur maitre qu'ils tuent. Diana est libérée. Burt est vengé. Eva retourne dans la jungle.
L'Afrique, la forêt vierge, une jolie sauvageonne, un savant fou ancien nazi, des expériences diaboliques sur des gorilles, tous les éléments sont présents pour faire de Eva la vierge sauvage une très plaisante pellicule d'aventures dans la grande tradition des séries B de jungle d'antan. C'était oublier que le film est une production Dick Randall, le fameux producteur américain lunaire installé en Italie dés la fin des années 60 responsable d'une
multitude de séries Z fauchées toutes plus nulles et hilarantes les unes que les autres. Eva venere selvaggia ne fait pas exception à la règle même si le film reste une distraction exotique plutôt regardable dans la lignée de Afrika erotika / Une ile, trente filles et moi de Ken Dixon. Il y a en fait deux soucis. Le premier, le moins ennuyant, est un scénario qui part tout azimut auquel il est bien difficile de croire. Eva vierge sauvage ressemble à un patchwork qui emprunte ses thèmes à divers genres du film d'aventures au film de jungle en passant par le film de guerre et la science-fiction de pacotille, le tout grossièrement mélangé à des éléments alors à la mode tels l'ancien nazi, le savant fou qui du fond de sa caverne rêve de
devenir le maitre du monde et bien sur Eva, la belle Eva, la Tarzanne de Randall, celle qui donne au film son titre et devait être l'attraction principale de cette bande dessinée tropicale totalement farfelue. Eva n'a malheureusement aucun rôle précis et brille surtout par ses absences répétées. Elle n'apparait qu'à la quarantième minute puis par la suite de façon sporadique, le temps de brèves scènes où elle court en mini pagne panthère, seins nus, au milieu de la jungle, le sourire carnassier, entre deux câlins à son chimpanzé apprivoisé et trois caresses à ses fauves. Si Eva, née de l'union du soleil avec un arbre (!), n'avait pas été là le film n'en aurait absolument pas souffert d'autant plus que sa romance avec Burt reste au
stade foetal. A se demander pourquoi Mauri a tenu à créer ce personnage si c'était pour le laisser sur le banc de touche.
Le second souci du film est sa lenteur, son total manque d'action. Disons le de suite il ne se passe pas grand chose et l'ennui s'installe très vite. On attend en vain qu'il se passe quelque chose qui puisse nous sortir de notre douce torpeur. Mauri donne l'impression d'être très souvent à court d'idée, de ne pas savoir comment nourrir son intrigue. Afin de pallier à son manque d'imagination il remplit son film de scènes inutiles, sans importance qui renforcent finalement encore plus le sentiment d'ennui que la pellicule distille. On a donc tendance à
vouloir faire avance rapide jusqu'au moment où un semblant d'action pointe enfin le bout de son nez pour être aussitôt avorté. Frustrant. Il faut simplement attendre l'ultime bobine, soit les vingt dernières minutes autrement dit l'assaut de la grotte de Muller pour que l'action prenne enfin le dessus. Mais il est un peu tard... et le final vite balancè n'est guère surprenant tant il est prévisible. Quant à l'érotisme il est lui aussi quasi absent du récit et se borne à deux furtives petites culottes vertes, une courte séquence bain et bien sûr Eva nue qui court au ralenti à travers la jungle.
C'est d'autant plus dommage qu'au milieu de toute cette ringardise et de cet ennui moult
bonnes idées surnageaient notamment celle des gorilles-robots crées par ce tout aussi intéressant savant fou, un ex-nazi qui souhaite dominer le monde du fin fond de sa grotte à l'aide d'un ordinateur géant et de quelques loupiottes multicolores. Ses expériences sur les puissants primates ont quelque chose de glauque et de fascinant à la fois même si le résultat est des acteurs sous des costumes de gorille. Et il y a bien évidemment tout le charme exotique des faux paysages africains puisque le film fut entièrement tourné aux abords de Rome dans de belles forêts verdoyantes qui font illusion, encore plus illusion avec les nombreux inserts d'animaux sauvages (éléphants, boa, hippopotames, fauves...) qui
truffent le métrage. Ajoutons à cela l'évident racisme du propos toujours aussi jubilatoire aujourd'hui bien impensable, une époque où on appelait encore les noirs des nègres considérés comme des êtres primitifs, sauvages, démunis d'intelligence. Si bêtes qu'ils arrivaient à prendre une femme blanche pour une... vraie guenon d'où la légende de Eva! Il y a bien qu'en ces temps là qu'on pouvait traiter une femme de guenon en toute impunité... de quoi faire exploser de colère toutes les ligues féministes. Comme on trouvera toujours aussi jouissif ce colonialisme outrancier caractérisé par ses tribus sauvages inutiles à l'intrigue (mais indispensables à ce type de récits) et ses sherpas aussi couards que superstitieux
qu'on fait parler "petit nègre" avec un accent qu'on n'oserait même plus imaginer aujourd'hui sans être lynché.
Il y a également la distribution avec en tête l'imparable Brad Harris ex-Monsieur péplum que tous ses inconditionnels seront ravis de revoir toujours aussi musclé et inexpressif, le vétéran américain Marc Lawrence en savant fou, la grande comédienne de théâtre et chanteuse Adriana Alben en traitresse qui nous offre un petit cat-fight avec la brésilienne Esmeralda Barros. Esmeralda! C'est elle qui incarne cette vierge sauvage sans réelle grâce. Certes Esmeralda a un joli corps propre à faire luire l'oeil du spectateur mâle de base mais
qu'est il donc arrivé à son visage plus porcin que jamais? De quoi désenchanter à chaque gros plan sur son faciès. On est loin du charme et de la sensualité de la malheureuse Kitty Swan, un des destins les plus tragiques de l'exploitation italienne, brulée vive sur le tournage de Tarzan y el arco iris, de Femi Benussi, Edwige Fenech et l'asiatique Mei Chen Chalais, future épouse de l'écrivain François Chalais, plus attrayantes en reines de la jungle. On la préférera et de loin dans Les mille et une nuits érotiques et surtout Les vierges de la pleine lune aux cotés de Rosalba Neri.
Malgré ses bonnes idées, quelques scènes accroche-l'oeil, sa petite atmosphère jungle
sympathique Eva la vierge sauvage est un des "She-Tarzan" movies les moins captivants, les moins ludiques, un des plus indolents aussi, un des plus fauchés surtout mais cela est la marque de fabrique de toute production Dick Randall. Le film de Roberto Mauri reste donc une simple curiosité d'un autre âge, une série Z exotique pour férus de ce type de bandes qui lui préféreront et de loin ses vénérables consoeurs.