Upperseven l'uomo da uccidere
Autres titres: L'espion aux dix visages / Espionnage à Capetown / The spy with ten faces / Het 5e masker van Upperseven
Real: Alberto De Martino
Année: 1966
Origine: Italie
Genre: Spy movie
Durée: 98mn
Acteurs: Paul Hubschmid, Karin Dor, Vivi Bach, Nando Gazzolo, Rosalba Neri, Guido Lollobrigida, Tom Felleghy, Tullio Altamura, Bruno Scipioni, Mario Maffei, Evi Rigano
Résumé: L'agent secret Paul Finney alias Upperseven, un as du maquillage et du déguisement, est chargé d'enquêter sur un trafic d'or et de diamants. Ce trafic mené par Kobras est destiné en fait à financer la construction d'une base de lancement de missiles en Afrique que doivent acheter la gouvernement chinois. Malgré les traquenards Upperseven va remonter jusque Kobras et tenter de mettre fin à ses noirs desseins...
Alberto De Martino souvent surnommé le plus américain des metteurs en scène italiens a tout au long de sa jolie carrière touché un peu à tous les genres avec certes plus ou moins de succès mais toujours avec savoir-faire et application. Du polar au thriller en passant par le film d'horreur, d'épouvante, le péplum et le western quelques soient ses réalisations toutes sont dignes d'intérêt, jamais déplaisantes. Upperseven l'uomo da uccidere ne fait pas exception à la règle. C'est au spy movie, un sous genre très à la mode dans les années 60 qui plagiait, copiait, allègrement les aventures de James Bond et autres célèbres espions,
que De Martino s'attaque avec cette agréable pellicule malheureusement méconnue.
Passé maitre dans l'art du maquillage et du déguisement Paul Finney alias agent Upperseven travaille pour les services secrets britanniques dirigés par M alias Sir Richards. Sa dernière mission est de démanteler une organisation de trafic d'or et de diamants dirigée par le terrible Kobras et son bras droit Santos. Les pierres précieuses doivent être expédiées en Afrique, à Johannesburg, afin de financer la construction d'une base de lancement de missiles appartenant à la Chine. Aidé par la jolie Birgit Upperseven va devoir déjouer les plans machiavéliques de Kobras, éviter les pièges que ses hommes de main lui tendent
pour s'en débarrasser. Après moult péripéties à travers l'Europe Upperseven parvient à pénétrer dans l'antre de Kobras où est retenue prisonnière Birgit. Fait à son tour prisonnier Upperseven réussit à s'échapper en se faisant passer pour Kobras lui même. Il retrouve Kobras au moment même où la base est sur le point d'exploser. Les deux hommes s'affrontent. La base est détruite. Upperseven peut retourner à Londres et roucouler auprès de Birgit.
Premier film de ce genre pour le réalisateur après sa longue période peplum Upperseven l'uomo da uccidere, connu chez nous sous deux titres différents Espionnage à Capetown et
le très explicite L'espion aux dix visages, s'avère une réussite, un des spy movies italiens les plus aboutis d'alors malgré une intrigue sans grande originalité, pas toujours très claire et souvent improbable... mais l'improbabilité dans de tels films n'est pas forcément un défaut puisque généralement ils font appel à l'imagination débridée du spectateur. Avec Upperseven De Martino se rapproche en fait bien plus de Fantomas que de James Bond. Notre agent secret est en effet un as du déguisement plus précisément du masque en latex. C'est sans aucun mal qu'il arrive donc à se faire passer pour quelqu'un d'autre grâce à cette
technique qui va lui servir tout au long du film. Il faut dire que c'est là le seul artifice dont De Martino use puisqu'il n'y a cette fois ni gadget, ni arme super puissante et autres inventions diaboliques si ce n'est un fantastique électro-aimant dans le bureau de Kobras capable d'attirer et donc désarmer quiconque possède une arme. Pour la touche science-fiction on se laissera séduire par les décors de la base de Kobras en forme de soucoupe volante.
Pour le reste cet Espion aux dix visages est essentiellement un film d'action saupoudré d'un incessant zeste d'humour qui nous offre le plaisir de voyager aux quatre coins du globe, de
Londres à la Suisse, Copenhague en passant par l'Afrique dont Johannesburg et Capetown pour la touche exotique fort bienvenue. Et niveau action De Martino a le sens du rythme puisque dés l'ouverture du film il ne laisse aucun répit à son public qui suit avec plaisir les péripéties de cet agent qui a plus d'une ruse dans son sac. Mené sans temps mort Upperseven enchaine rebondissements, poursuites, traquenards et bagarres dans une atmosphère toujours bon enfant même si par instant on se perd un peu dans cette histoire de trafic et d'espionnage. Mais qu'importe on se divertit, on s'amuse, on sourit, on ne s'ennuie pas un seul moment comme on appréciera le zeste de misogynie dont le réalisateur fait preuve lors de deux séquences que n'aurait pas renié Umberto Lenzi, les
deux coups de poings successifs en pleine figure qu'assène Upperseven à la fourbe Pauline avant de la jeter sous le feu du pistolet de ses ennemis et la gifle gratuite que reçoit Karine Dor en fin de métrage. Une once d'imagination et c'est en soulevant sa robe qu'un malfrat cherche à étouffer Vivi Bach offrant ainsi un magnifique plan sur ses affriolants dessous en dentelles noires. Quant aux déguisements eux mêmes on s'amusera de ces masques en latex qui reproduisent le visage de la personne dont on veut usurper l'identité sortis droit des Fantomas de André Hunnebelle même si on sourira devant l'effet produit pas toujours très crédible ici. A se demander comment les protagonistes peuvent se laisser berner. Afin de
palier au problème De Martino a recours lors de certains plans à la double interprétation des acteurs mais quoiqu'il en soit ce coté désuet a son charme et confère au film cette note vintage si plaisante.
En tête de distribution le suisse Paul Hubschmid qui débuta sa carrière à la fin des années 30 avant de se tourner définitivement vers le petit écran dés 1970. Il endosse ici le costume de notre agent secret avec un profil à la Roger Moore, le charme et le flegme en moins, mais contrairement à Ken Clark qui interpréta trois fois de suite l'agent 077 dans la trilogie de Sergio Grieco Hubschmid est beaucoup moins balourd, plus leste et énergique que son
confrère. Un point non négligeable. A ses cotés on aura le plaisir de retrouver trois charmantes actrices, la blonde teutonne Karin Dor, la compagne du vilain Kobras, qui en 1967 sera la James Bond girl de On ne vit que deux fois, la brune danoise Vivi Bach (Birgit) et Rosalba Neri qui malheureusement disparait au bout de 15 minutes mais dont appréciera deux choses, l'hilarante scène où elle chante en play-back une bluette d'amour tout en faisant semblant de jouer de la guitare et surtout les deux coups de poings dans le visage que lui donne Hubschmid après avoir découvert sa traitrise. Culte. De quoi faire pester les féministes. C'est Nando Gazzolo qui interprète kobras, un méchant qu'on aurait aimé plus
vilain surtout, un peu trop gentillet ici malgré ses airs aryens.
Bercé par une efficace et plaisante partition musicale de Bruno Nicolai qu'agrémente la jolie chanson thème chantée par Paola Orlandi Upperseven l'uomo da uccidere est un spy movie à la Fantomas, à la Diabolik si on veut le rapprocher d'autres oeuvres italiennes, plus qu'honnête, un programme hautement sympathique, divertissant qui plaira sans nul doute à tous les amateurs de ce type de pellicules dont il représente un bel exemple. Voilà une gentille réussite qui laisse derrière elle le mitigé et plutôt ennuyeux car trop mollasson Mission spéciale Lady Chaplin que De Martino coréalisera la même année avec Sergio Grieco. Le réalisateur reviendra une dernière fois au genre en 1967, seul cette fois aux commandes, avec Opération frère cadet, un sous James Bond avec en tête d'affiche le propre frère de Sean Connery, Neil Connery.