La noche de los brujos
Autres titres: The night of the sorcerers / Night of the sorcerers / La notte degli stregoni
Real: Amando de Ossorio
Année: 1974
Origine: Espagne
Genre: Horreur
Durée: 85mn
Acteurs: Simon Andreu, María Kosty, Loreta Tovar, José Thelman, Bárbara Rey, Jack Taylor, Kali Hansa...
Résumé: Lors d'une cérémonie vaudou quelque part en Afrique au début de notre siècle une femme est sacrifiée. Lorsque ses sauveurs arrivent il est trop tard. Ils massacrent la tribu. Des décennies plus tard une expédition scientifique arrive sur les lieux du drame. Depuis ces tragiques évènements une légende circule dans la jungle. Les cadavres de la tribu massacrée sortiraient de leur tombe chaque nuit et reviendrait hanter la forêt en quête de victimes. Au départ incrédule l'expédition va en faire la triste expérience...
Essentiellement connu et reconnu du moins en France pour sa célèbre quadrilogie des templiers aveugles l'espagnol Amando de Ossorio a cependant tourné une pléthore de petites pellicules toutes plus méconnues les unes que les autres dont le dénominateur commun est le plus souvent l'insipidité qui rime parfois avec médiocrité. Force est de constater qu'en survolant sa filmographie si on excepte cette fameuse quadrilogie et quelques titres tels que Las garras de lorelei difficile de trouver une oeuvre passionnante encore moins captivante. On reste le plus souvent dans la petite série B voire Z qui oscille
entre érotisme cheap et horreur sanguinolente. La noche de los brujos (littéralement la nuit des sorcières) ne déroge pas à la règle, parfait exemple du cinéma de De Ossorio.
Mumbasa - Un pays d'Afrique imaginaire au temps des colons. Lors d'une cérémonie vaudou une jeune femme, Agnes, est sacrifiée sur l'autel. Le rituel se termine par sa décapitation. Aussitôt étêtée elle revient à la vie sous la forme d'une vampire tandis que les indigènes se badigeonnent de son sang. Arrive un groupe de colons qui massacre la tribu. Il ne reste aucun survivant.
Mumbasa - De nos jours. Une expédition composée de trois jeunes femmes, Liz, Tunika et
Carol, des professeurs Rod Carter et Jonathan Grant vient enquêter sur les raisons de la disparition des éléphants dans ce coin du pays. A peine arrivés ils sont mis en garde par Tomunga, un autochtone blanc, des dangers qu'ils courent. Une légende dit que depuis ce carnage la jungle est désormais hantée par des zombis qui errent la nuit en quête de victimes. Aucun d'entre eux n'y croit. Poussée par la curiosité Liz s'aventure la nuit dans la jungle. Elle est capturée par les cadavres de la tribu autrefois massacrée revenus à la vie. Ils la sacrifient suivant le même procédé. Devenue à son tour vampire elle retourne au camp accompagnée d'Agnes. Elles tuent le professeur Grant puis envoutent Tunika qu'elles
emmènent avec elles. Tunika est elle aussi sacrifiée. Bien décidé à retrouver et sauver les jeunes femmes Carter rejoint l'endroit où les zombis sont enterrés. Lorsqu'ils sortent de terre il réussit à les exterminer au moment où Carol, prisonnière des vampires, allait être elle aussi tuée. Tous deux parviennent à s'enfuir mais il est trop tard pour Carol. Elle est devenue une vampire.
L'ouverture est alléchante et surtout prometteuse, représentative du cinéma d'exploitation ibérique d'alors: sadique et misogyne. Lors d'une cérémonie vaudou au coeur de la jungle africaine une jeune femme est attachée à un arbre, dévêtue à coups de fouet, violentée puis
portée sur l'autel des sacrifices sur fond de danse tribale. Elle est décapitée au sabre, un plan gore brutal très explicite et plutôt réussi. Aussitôt sa tête ressuscite. La victime est devenue un vampire aux canines acérées. S'ensuit un carnage, la tribu étant décimée par les colons français arrivés trop tard. La sensation de plaisir est malheureusement de courte durée puisque ensuite le film s'enlise dans le n'importe quoi enchainant des séquences mornes et répétitives dans la plus totale invraisemblance. Des décennies plus tard débarque à l'endroit même où eurent lieu les évènements deux scientifiques et trois sublimes photographes très peu vêtues venus enquêter sur la disparition des éléphants. Pourquoi pas
en effet. Si ce prétexte est abandonné au bout de cinq minutes tapantes c'est pour mieux réveiller les zombis, la tribu jadis massacrée et la femme vampire, au son des tam-tam vaudous. Si la petite expédition est bien peu crédible (les somptueuses photographes se promènent en bikini et paréos en pleine jungle) que dire de l'intrigue qui est un véritable micmac qui en ferait perdre son latin au plus féru des Van Helsing. Dans une histoire dont le titre évoque des sorcières (absentes du scénario bien sûr) nous avons donc des zombis qui sans explication aucune se transforment bizarrement en vampires. Par quel tour de magie noire une sacrifiée décapitée peut-elle devenir en deux secondes une vampire? Et pourquoi?
Et quel est leur objectif? Là encore mystère. Les femmes vampires vêtues d'une peau de léopard très sexy passent leur temps à courir au ralenti à travers la jungle, un effet qui rappelle bien sûr le procédé utilisé pour les templiers maudits donnant à leurs chevauchées un coté onirico-macabre particulièrement séduisant. Ici l'effet tombe à l'eau. Il est d'autant plus drôle qu'il évoque surtout un épisode quelconque de Super Jaimie.
Très peu inspirée l'histoire s'effondre dés la première demi-heure. De Ossorio en manque d'imagination multiplie les illogismes et erreurs de montage (la photographe partie seule en pleine nuit photographiée les zombis sans aucune arme et simplement vêtue d'un petit short,
l'abus de philtres pour faire croire qu'il fait nuit, De Ossorio les oubliant régulièrement d'un plan à l'autre) au détriment de longues scènes érotiques et bien inoffensives. Le professeur Carter ne pense qu'à faire l'amour à Carol au bord d'une rivière qui elle même s'est donnée à son confrère au bord de cette même rivière avant d'être courtisée puis violentée par Tomunga, le blanc local qui n'a d'yeux que pour elle (un point qui arrive comme un cheveu sur la soupe), toujours et encore près de ce cours d'eau. De Ossorio développe, époque oblige, une légère relation saphique entre Liz et Tunika qui restera malheureusement au stade embryonnaire. Le temps passe mais il ne se passe quasiment rien si ce ne sont les
sacrifices rituels qui reviennent à espaces réguliers toujours exécutés selon la même technique. Ces répétitions finissent par lasser et casser leur impact même s'ils restent visuellement parfaits.
Quant au final il bat des records d'absurdité détruisant ainsi le peu d'intérêt du film. Incapable de tuer les zombis avec son fusil (on ne lui a visiblement pas appris à viser la tête) Carter pour sauver sa peau et celle de la pauvre Carol finit par jeter sa ceinture de munitions dans le feu qui bien entendu explose. Ô miracle! Les zombis tombent comme des mouches! Depuis quand un mort-vivant meurt d'une balle dans le corps alors que deux minutes plus tôt les balles n'avaient aucun effet? Carter et la pauvre Carol n'ont plus qu'à monter dans la jeep,
foncer sur les zombis remplacés pour l'occasion par des épouvantails en paille. Le no happy-end est prévisible. Carol est devenue une vampire prête à mordre Carter. Générique de fin!
Tourné non pas en Afrique mais dans les régions boisées d'Espagne auxquelles on a rajouté de très jolis inserts de faune africaine pour faire plus réaliste (même si personne n'est dupe) La noche de los brujos, inédit en France, aussi faiblard et hilarant soit-il se laisse cependant visionner avec un certain plaisir coupable ne serait-ce que pour ses cérémonies vaudous fauchées mais attrayantes, ses effets gore lors des sacrifices, ses
jolies vampires en peau de fauve, son sadisme et cet érotisme léger inhérents aux bandes d'exploitation. La noche de los brujos est tout simplement un nouvel exemple d'un certain cinéma d'horreur espagnol de toute une époque, ces petites séries B voire Z qui reprenaient à sa sauce avec plus ou moins de moyens les grands mythes du cinéma et déferlaient sur les écrans. C'est ce charme de cette époque révolue qu'on retiendra avant tout et qui fera le bonheur de l'amateur, ravi de surcroit de retrouver quelques incontournables noms de l'exploitation espagnole: les blondes et affriolantes Kali Hansa et Maria Kosty, la rousse Barbara Rey, la brune Loreta Tovar, toutes quatre virevoltant autour de Simon Andreu visiblement en vacances et peu concerné par le film.