Per sempre
Autres titres: L'auberge de la terreur / L'auberge de la vengeance / Jusqu'à la mort / Fino alla morte
Real: Lamberto Bava
Année: 1988
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 93mn
Acteurs: David Brandon, Gioia Scola, Urbano Barberini, Marco Vivio, Giuseppe De Sando, Roberto Pedicini...
Résumé: Un couple transporte un cadavre et l'enterre dans les bois. Il s'agit du mari de la jeune femme alors enceinte. Huit ans plus tard un étrange visiteur débarque une nuit à l'auberge que le couple gère. Très vite d'inquiétantes choses viennent troubler sa tranquillité. Tout dans l'attitude de cet étranger leur rappelle cette horrible nuit. Il semble en effet tout connaitre des évènements qui se sont passés quand ce ne sont pas des objets appartenant au mort qui réapparaissent. La jeune femme est cependant attirée par l'homme mais son compagnon voit très mal ce rapprochement. Il soupçonne en effet l'homme d'être un policier venu fouiner pour trouver des preuves de leur culpabilité. Lentement la peur puis la folie s'emparent du couple qui décide de se débarrasser de ce gêneur...
Après le succès mondial de Démons et Démons 2 le nom de Lamberto Bava devint une valeur sûre en Italie tant au cinéma qu'à la télévision qui en cette fin d'années 80 pouvait se permettre ce que le grand écran ne pouvait plus. Née d'une idée de Luciano Martino naquit en 1988 la série de quatre téléfilms intitulée Brivido giallo composée dans l'ordre de mise en scène de Una notte al cimitero / Outretombe, La casa dell'orco / La maison de l'ogre, ce Per sempre / L'auberge de la terreur connu également sous le titre Jusqu'à la mort et enfin A cena col vampiro.
Par une nuit d'orage Linda et Carlo, un couple dont la femme est enceinte, transporte dans sa camionnette un cadavre qu'il enterre dans la forêt. Le corps est celui de Luca, le mari de Linda. Huit ans plus tard le couple tient une petite auberge près d'un lac. Une nuit sous la pluie battante arrive à l'auberge un jeune homme étrange, Marco. Linda accepte de l'héberger mais très vite sa présence va devenir pesante. Il semble en effet connaitre beaucoup de détails sur leur vie et surtout leur passé tant et si bien que Carlo en vient à penser qu'il est un policier venu enquêter incognito sur leur secret afin de les piéger. Malgré le doute quant à sa réelle identité Linda l'embauche à l'auberge. La tension entre Carlo et
Marco ne cesse de croitre tandis que des évènements curieux s'enchainent. Des objets ayant appartenu à Luca réapparaissent bizarrement dont une bague portant l'inscription per sempre (pour toujours). Chaque nuit Alex, le fils de Linda, ne cesse de faire des cauchemars dans lesquels il voit son père sortir de terre pour le chercher. Ils en arrivent à penser que Luca n'est pas mort. Carlo, de plus en plus effrayé, persuadé que Marco connait son secret et que Linda est sa complice, perd son sang froid. Il s'en prend à Linda qui pour se défendre le frappe à la tête. Il meurt. Elle cache son amant dans la buanderie. Afin de trouver un peu réconfort elle va retrouver Marco dans sa chambre. Au moment où ils s'apprêtent à faire l'amour Marco révèle son véritable visage. Linda n'a plus qu'une seule idée en tête: sauver Alex des forces de l'Enfer.
Ecrit au départ pour Lucio Fulci qui devait en assurer la réalisation avec pour acteur principal Brett Halsey le scénario de Per sempre finit par échouer entre les mains de Dardanno Sacchetti qui en transforma les grandes lignes et en confia finalement la mise en scène à Lamberto Bava clôturant ainsi la quadrilogie Brivido giallo à la grande colère de Fulci qui ne pardonna pas cette trahison. Revu et corrigé par Sacchetti Per sempre devint alors un remake fantastique du Facteur sonne toujours deux fois, une sorte de séquelle horrifique auxquelles se mélangeaient les grandes lignes de Shock / Les démons de la nuit dont Sacchetti et Bava étaient très fiers. A la vision de cet ultime téléfilm force est de constater
qu'il est de loin le meilleur de la série, le plus abouti, le plus intéressant et surtout le plus angoissant. Malgré ses faibles moyens financiers Per sempre a les qualités d'un film cinéma qui du début à la fin tient en haleine le spectateur quant à la réelle identité de cet étranger venu à l'auberge et ce qui le lie aux phénomènes inexpliqués qui s'y déroulent.
Après une ouverture macabre filmée de nuit sous une pluie torrentielle (l'enterrement du cadavre de Luca dans les bois marécageux) toute l'action du film se situe dans une petite auberge située au bord d'un lac qui rappelle par certains aspects La baie sanglante. Très vite Bava Jr instaure une atmosphère humide, palustre, froide entretenue par une
photographie automnale presque hivernale, un décor propice à faire surgir le coté le plus sombre des protagonistes, d'un coté ce couple et leur terrible secret, plus particulièrement l'amant, un homme violent, macho que les évènements vont précipiter dans la folie, de l'autre cet étranger particulièrement séduisant, presque fascinant qui semble tout connaitre d'eux, une sorte de parasite dont on ne se débarrasse pas. Entre eux l'enfant, pièce maitresse du film même si cette fois c'est lui la victime et non le bourreau comme dans Shock. Il est le fruit bien innocent d'une vengeance d'outre tombe dont les amants maudits sont à l'origine. Le fantôme de son son père, Luca, plutôt son zombi qu'il ne cesse de voir
dans ses cauchemars venant le chercher est également un personnage spectral important. Est-il vivant? est-il mort? Des questions qui trouveront enfin leur réponse en fin de film.
Outre cette atmosphère Per sempre dont le titre se justifie par l'inscription gravée à l'intérieur de la bague qu'avait offert Luca à sa femme doit également beaucoup à l'ambiguïté du personnage de Marco qui du début à la fin entretient son mystère. Avoir fait d'un fantôme, ou plus exactement une entité démoniaque, messager de mort intermédiaire de Luca dans le monde des vivants, un des protagonistes principaux apporte une note infernale de plus dans cet univers noyé dans la brume, facteur de terreur et de folie qui
lentement mais sûrement s'emparent des deux coupables n'arrivant plus à discerner le vrai du faux, la réalité du cauchemar jusqu'à les faire se retourner contre eux mêmes. C'est dans le feu et les flammes de l'Enfer que la damnation prendra fin lors d'un final explosif où les effets spéciaux et les maquillages tiennent une grande place dans sa réussite. La révélation de la véritable identité de Marco est un grand moment de bonheur, les visages de Luca et Marco se fondant l'un dans l'autre lors d'un effrayant morphing tandis que le zombi sort de l'eau pour venir chercher son fils et l'emmener avec lui dans les profondeurs glaciales du lac, une conclusion dantesque qui clôt à merveille ce téléfilm de grande qualité qui par
instant rappelle un peu la période morts-vivants de Fulci. Le zombi n'est pas sans s'apparenter à ceux du maestro tant dans son maquillage que lors de ses sorties de terre.
Sans être exceptionnelle l'interprétation est cependant correcte. David Brandon, le plus italien des irlandais, une des valeurs sûres du cinéma de genre transalpin depuis sa composition épileptique de Caligula dans Caligula la véritable histoire de Joe D'Amato, a sûrement le rôle le plus ingrat. Il est un amant odieux, brutal, antipathique qui maltraite une Gioia Scola, toujours très belle, qui obtient enfin un premier rôle dans un film après moult apparitions à la limite de la figuration dans bon nombre de petites pellicules et une carrière
essentiellement axée sur la télévision. La palme revient ici à l'excellent et ravissant Urbano Barberini aussi séduisant qu'inquiétant, énigmatique à souhait dans la peau de Marco. Urbano ou la beauté du Diable! On n'en dira pas autant de Roberto Pedicini, aujourd'hui un des maitres du doublage en Italie, totalement ridicule dans le rôle du zombi, le gros point faible de Per sempre. Un choix étrange de la part de Bava Jr admettons le.
Bénéficiant d'une magnifique photographie, d'un esthétisme ultra léché à l'instar de la plupart des films du réalisateur, d'une partition musicale signée une fois de plus Simon
Boswell qui sans être aussi envoutante que notamment celle de La casa dell'orco reste néanmoins agréable et atmosphérique Per sempre, malgré ses défauts et quelques incohérences, est un réel petit plaisir coupable, un téléfilm horrifique de faute facture qui remplit parfaitement ses fonctions. Il est également le film qui se rapproche le plus de l'oeuvre de son père avec ses nombreuses références et clins d'oeil. Voilà comment conclure avec brio une quadrilogie inégale mais à découvrir avec plaisir.