Il mammasantissima
Autres titres: Tutti i figli di mammasantissima / Big mamma
Real: Alfonso Brescia
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Drame / Polar
Durée: 86mn
Acteurs: Mario Merola, Malisa Longo, Biagio Pelligra, Elio Zamuto, Lucio Montanaro, Marco Girondino, Walter Ricciardi, Anna Walter, Marina Viviani, Letizia d'Adderio, Fabiola Toledo, Cirio Giorgio, Nunzio Gallo, Pippo Volpe, Lino Mattera...
Résumé: Don Vincenzo est un brave père de famille qui vole au secours des pauvres gens. Son coté bon samaritain ne plait pas à tous, surtout pas à son rival contrebandier, l'Avvocato, et un petit usurier véreux, Don Bufalo. Tous deux s'associent pour faire tomber Don Vincenzo...
Troisième d'une série de douze films dont cinq polars réalisée par Alfondo Brescia avec pour principal protagoniste son acteur fétiche Mario Merola Il mammasantissima s'intéresse là encore au mal de vivre napolitain, à la contrebande notamment de cigarettes comme moyen de survie. Malgré un scénario qui le laisse sous entendre il ne s'agit pas vraiment cette fois d'un polar mafieux ni même d'un polizesco mais plus d'un mélodrame arrosé d'un nuage de lacrima-movie, un genre cher à Merola qui endosse une fois de plus le rôle d'un brave père de famille défenseur de la veuve et de l'orphelin qui ne tolère pas qu'on touche à sa famille.
Don Vincenzo Tramontano, honnête et respectable citoyen napolitain, a pour objectif de tendre la main aux plus pauvres, au petit peuple exploité par les escrocs et les groupes mafieux. Ils les aident à survivre et entretient lui même un petit réseau de contrebande de cigarettes. Ce bon samaritain, Il mammasantissima comme aiment l'appeler les napolitains, ne fait cependant pas l'unanimité. Il se met notamment à dos son rival, l'Avvocato, et un petit usurier pingre et malhonnête Don Salvatore Bufalo qui finissent par s'associer pour le faire tomber. Ils décident d'en prendre à sa fille Annunzia sur le point de se marier. Don Bufalo la fait enlever et la viole. Annunzia ne s'en remettra pas. Elle meurt. Don Vincenzo voit rouge.
Inconsolable il décide de faire justice lui même. Lors d'un repas organisé pour le Carnaval il s'incrustre et tue de sang froid les deux hommes.
Coincé entre Napoli serenata calibro 9 et Les contrebandiers de Santa Lucia Il mammasantissima écrit à quatre mains par Piero Regnoli et Ciro Ippolito, risque de bien décevoir ceux qui espéraient un film mafieux mouvementé puisque d'action il n'y en a quasiment pas, celle ci se limitant cette fois à quelques gifles, coups de poings et coups de pieds aux fesses donnés par un Mario Merola toujours aussi statique mais très en colère à ceux qui osent exploiter la misère du petit peuple. Ce qui est ici surtout mis à rude épreuve ce
sont les glandes lacrymales des protagonistes qui ne cessent de pleurer ou de s'attendrir. En fait Il mammasantissima est plus un lacrima movie, le premier d'Alfonso Brescia, qu'une réelle pellicule mafieuse, l'ombre de la mafia et de la contrebande restant sans cesse en arrière-plan, en filigrane.
Mario Merola incarne le rôle qui définit toute sa carrière, celui d'un brave père de famille, un homme d'honneur, qui malgré son petit réseau de contrebande de cigarettes qu'il met la nuit à disposition des plus pauvres, s'érige en Robin des bois napolitain puis en justicier lorsqu'on touche à sa famille soit les vingt dernières minutes du film. Il mammasantissima
s'attarde surtout à décrire l'univers napolitain entre folklore local (la fête du Carnaval qui traverse tout le métrage), l'ambiance populaire des petits quartiers et chants traditionnels lors de chaleureuses réunions familiales même si cette fois Merola n'interprète aucune chanson et en laisse le soin à son partenaire Ciro Giorgio. Ainsi ses détracteurs clameront qu'ils ont donc échappé au pire! Pour l'action il faudra se contenter de bien peu de choses, quelques bagarres dont celle dans le camp gitan où, armé d'un gourdin, Merola met chaos une bande de tziganes, et le final, la vengeance de Merola déguisé en polichinelle, un final qui s'étire en longueur avec son long repas musical, écho à l'interminable scène du mariage
traditionnel qui clôt Les contrebandiers de Santa Lucia.
A l'affiche aux cotés de Mario Merola on retrouve Elio Zamuto en vilain contrebandier, ennemi juré de Merola, Biagio Pelligra, pas toujours très crédible en usurier pingre et malhonnête, l'apparition de Lucio Montanaro, une des jeunes figures de la sexy comédie, en touriste, le temps d'une séquence comique, l'excellente Anna Walter sans oublier un des petits gavroches napolitains indispensables à ce type de bandes, Marco Girondino, l'enfant fétiche du metteur en scène, qui joue ici les indics pour Merola. Le point négatif de la distribution est la présence de Malisa Longo qui interprète l'épouse de Merola, un choix surprenant puisque
Malisa est à des années lumière d'incarner la parfaite napolitaine. Dissimulée sous une affreuse perruque, très certainement la coiffure la plus hideuse de toute sa carrière, elle prouve une fois encore quelle piètre actrice elle fut même si son rôle bien peu étoffé consiste essentiellement à pleurer et jouer les épouses modèle. Très tristes seront ceux qui attendaient quelques scènes de nu pour une fois Malisa ne s'effeuille pas. Pas même l'ombre d'un téton. Brescia ne lui a pas donné l'occasion de pratiquer la seule chose qu'elle ait jamais su faire devant une caméra: se dévêtir. Ajoutons un doublage napolitain qui ne lui sied absolument pas et on a une Malisa complètement "fuori luogo".
Tourné durant l'hiver 1978 à Naples Il mammasantissima peut paraitre sans grand intérêt avec ses séquences à rallonge qui sonnent l'impression qu'elles ont été tournées pour que le film atteigne les 90 minutes réglementaires. On est simplement face à une tranche de vie napolitaine de cette fin d'années 70, une vision folklorique de l'ambiance locale agrémentée d'un semblant d'intrigue afin de donner à l'ensemble un peu de consistance, le tout porté par l'inénarrable Mario Merola. Anecdotique dans la longue collaboration entre Brescia et l'acteur chanteur Il mammasantissima est une petite bande discrète à réserver aux invétérés du genre et aux fans de Merola enfin éditée en DVD dans un coffret consacré à l'acteur..