Falconhead 2: the maneaters
Autres titres:
Real: Michael Zen
Année: 1984
Origine: USA
Genre: X
Durée: 80mn
Acteurs: Paul Barresi, Blake Palmer, Brad Masson, Rick Taylor, Vito Bonetti, Steve Collins, Danny Combs, Paul Monroe...
Résumé: L'homme faucon est de retour hantant toujours les rêves d'hommes virils narcissiques en quête de plaisirs sadomasochistes brulants. Un homme va être entrainé dans son univers de débauche, destiné à devenir pour l'éternité un esclave dans un monde où ses fantasmes les plus sauvages prendront vie. Témoin de cette luxure qu'il découvre à travers le miroir il promet de ne pas succomber, de ne pas être une victime de l'Homme faucon...
Ode sulfureuse au narcissisme et aux plaisirs sadomasochistes extrêmes Falconhead présentait de façon quasi surréaliste un monde où plaisir et agonie se mariaient dans un cocktail de sexe sulfureux, sale, animal. A travers un miroir antique détenu par l'Homme faucon les protagonistes plongeaient dans un univers cauchemardesque dans lequel ils se perdaient et donnaient vie à leurs fantasmes sexuels les plus pervers. Le miroir n'est qu'un passage vers un enfer où règnent bondage et sadomasochisme extrême, le sexe étant un piège qui se referme sur l'homme et dont il pourra plus s'extirper, prisonnier de ses désirs,
de ses appétits. Dans un climat suffocant de sexualité crasse, brutale débouchant sur un final d'une étonnante violence Michael Zen signait un véritable petit joyau du cinéma hardcore gay. Autant dire que cette séquelle tournée huit ans plus tard devait être à la hauteur du premier opus. Indubitablement elle l'est.
On retrouve l'Homme à tête de faucon qui comme dans l'épisode précédent ouvre le film. Debout au bord d'une rivière que borde une forêt il se caresse, se donne du plaisir, entame une longue et névrotique séance de masturbation jusqu'à atteindre l'orgasme, frénétique. Un bel homme blond se réveille. Il s'agissait apparemment d'un rêve qui lui semblait si réel qu'il
en est encore troublé, si troublé, si excité par ces visions qu'il se donne du plaisir sous la douche, imagine qu'il fait l'amour sous une cascade à un autre homme qui deviendrait son parfait esclave. L'envoyé de l'Homme faucon tout de cuir vêtu, surgi de nulle part, lui apparait alors, lui promet d'une voix sépulcrale qu'à la nuit tombée il pénétrera à l'intérieur du miroir de l'homme faucon, deviendra un adepte de l'amour narcissique, verra ses fantasmes les plus secrets devenir réalité mais surtout qu'il sera à jamais son esclave, prisonnier pour l'éternité du miroir. L'homme se retrouve dans un club qu'il va visiter pour mieux découvrir et apprécier les rituels sadomasochistes. L'endroit est fréquenté par toute une faune hétéroclite: folles
prostitués, transsexuels, travestis, jeunes narcissiques... Des hommes y font l'amour, du sexe pour du sexe, sans âme, sans sentiment, dans le silence et la sueur, futures et parfaites victimes de l'homme faucon. Une madone impure travestie tend le fameux miroir à l'homme. Il y voit avec stupeur un adonis prendre la pose, se regarder entrain de se masturber, se faire photographier par sa propre image, se caresser avec une rose dont les épines lui griffe la peau, déchire son sexe. Il prend plaisir à cette souffrance extatique. Puis il observe un esclave donner du plaisir à son maitre, un noble masochiste qui ne vit que pour le sexe. Afin de se punir de ses propres excès il se fait envelopper le corps de cellophane se
transformant ainsi en un amas de plastique, une forme de mortification où la vie et la mort ne font plus qu'une. L'esclave déchire la cellophane tel un paquet tout en sodomisant son maitre qui agonise et meurt. Il est comme absorbé par son esclave qui devient lui. Les rôles sont inversés. Après d'autres visions d'ébats sadomasochistes que le miroir de cette madone qui a les traits désormais d'une mariée travestie laide et fripée lui renvoie l'homme transformé en guerrier est enfin prêt à affronter l'Homme faucon et pénétrer dans son monde de vices. Le rapace lui accorde une épée à son effigie et lui présente un jeune garçon, un séduisant esclave qui, ligoté, attend son maitre. Il s'en approche, lui offre son corps, le libère de ses
liens. Ils font tendrement l'amour et s'aiment. Il a défié le miroir de l'Homme faucon, a pris du plaisir à faire l'amour avec cet éphèbe dont il est tombé amoureux. Il a échappé ainsi aux griffes de l'Homme rapace à la grande colère de son envoyé qui cependant prévient le spectateur de prendre garde au miroir.
Si le narcissisme était en constante filigrane dans le premier volet dont le principal sujet était la domination/soumission, l'avilissement, la bestialité des rapports dans un monde où plaisir et agonie se mêlent avec extase, il est en revanche le principal thème de ce deuxième chapitre. Cette séquelle est en fait une véritable célébration du narcissisme comme l'étaient
bien des années auparavant Bijou de Wakepool Field ou Pink Narcissus mais d'une façon bien plus poussée puisque Zen marche cette fois sur les plates-bandes de Kenneth Anger dans la manière d'aborder et d'imager ses thèmes puissants.
Si pour Wakefield Poole le narcissisme faisait partie intégrante du plaisir homosexuel pour Zen il n'est qu'une étape vers d'autres formes de plaisir bien plus pervers, bien plus dangereux. Version cauchemardesque de Bijou Falconhead 2: the maneaters tend à montrer que le narcissisme pur est une porte ouverte sur le sadomasochisme. Il marie douleur et plaisir dépassant et de loin tout ce que le narcissique aurait pu imaginer dans ses rêves et
cauchemars les plus fous. Une fois de plus le miroir de l'Homme faucon, dieu tout puissant du narcissisme et des plaisirs extrêmes, n'est que le reflet de nos fantasmes les plus sauvages, une porte vers l'enfer dans lequel le sexe retient l'homme prisonnier, fait de lui son esclave, un monde de silence, de solitude empestant la sueur et le sperme, privé d'âme, de tout sentiment. La seule chose qui y relie les hommes entre eux est leur queue.
Comme pour le premier opus Falconhead 2 se présente sous forme de plusieurs vignettes qui s'enchainent parfaitement, la plupart commentées par une voix d'outre tombe. Dés lors que l'envoyé terrestre de l'Homme faucon, l'inquiétant homme harnaché de cuir, réponse plus
moderne à l'effroyable gourou hippie du premier film, invite sa victime dans ce club très étrange elle va observer à travers le miroir une série de scènes qui devrait la préparer à définitivement passer du coté obscur de son être. Si Falconhead se distinguait essentiellement par sa violence et surtout son aspect crasse, poisse (omniprésence de la salive, la bave...) sa suite délaisse quelque peu ce coté sale, abject. Aux fluides se substitue ici l'eau, omniprésente durant les vingt premières minutes. Elle coule, s'écoule, entre, ressort par tous les orifices de l'homme, présente sous forme de douche, cascade, rivière, symbolisant la pureté, celle de l'homme qui défiera le rapace et refusera son univers. On la
retrouve naturellement en fin de film puisque c'est dans l'eau que le couple s'aime d'amour toisant de loin leur bourreau vaincu. Cela ne signifie pas que les fluides humains en sont pour autant oubliés. Les amateurs se réjouiront de la séquence où un couple échange ses crachats et sa salive ou qu'un des deux hommes crache à l'intérieur de l'anus de son partenaire.
Absent par contre du N°1 est l'hérésie dans laquelle une partie du film baigne. Outre quelques passages musicaux joués à l'orgue apportant à l'ensemble un coté solennel, religieux, c'est une Madone impie transformée en figure travestie païenne qui est détentrice
du miroir et attire bien cyniquement l'homme dans son effroyable univers narcissique. Elle se transforme ensuite en mariée tout aussi travestie, vieille et hideuse, un homme revêtu de la robe de mariée de sa mère qui incarne laideur et vieillesse, le rejet de tout être narcissique pour qui la beauté doit être éternelle, un des points fondamentaux du narcissisme qu'incarne à la perfection l'adonis à la rose, une des séquences les plus marquantes du film, une des plus belles également, une des plus oniriques, référence aux oeuvres du célèbre artiste peintre Sayadian. Au milieu d'un décor entièrement blanc un charmant garçon s'admire entrain de se caresser sensuellement, de se masturber, une rose à la main, pendant que
son double, sa propre image prend des clichés de ces précieux instants d'onanisme. Les épines de la rose commencent à lui griffer le torse puis son sexe. Le garçon éprouve un bonheur fou face à cette délicieuse souffrance quasi extatique qui le mènera à l'orgasme.
Cette magnifique séquence toute empreinte de poésie, totalement surréaliste, envoutante tranche bien évidemment avec le reste des séquences hardcore bien plus virulentes sans pour autant atteindre la brutalité du film précédent. Les sexes sont énormes, lourds, puissants. Les ébats, les corps à corps sont virils, torrides, représentation même d'une masculinité suprême. L'homoérotisme est toujours aussi intense à l'instar des scènes de
sexe certes moins animales et surtout moins trash que dans Falconhead, toutes renvoyant néanmoins à une certaine imagerie gay fantasmatique brut de décoffrage. Zen abandonne l'aspect arty pour mieux glisser ici vers l'avant-gardisme, plus en adéquation avec son époque, les années 80. On songe par exemple à Café flesh et Nightdreams lors de la visite du club avec son décor de néons froids et ses créatures inhumaines dont une semblant droite issue d'un volet de la saga Hellraiser.
La bande son est tout aussi importante que dans le film original, renforçant là encore le climat inquiétant de la pellicule. Aux volutes planantes, atmosphériques de Falconhead
succèdent ici un score essentiellement synthétique très années 80 et l'utilisation de morceaux qui pourront étonner. On reconnaitra en effet deux compositions de Vangelis issues de l'album "Albedo 0.39", deux tubes de l'année 1976, Pulstar et le sublime Alpha, et encore plus surprenant l'indémodable Oxygène de Jean-Michel Jarre. L'affiche est elle intéressante. Si l'interprétation était anonyme dans le premier film on retrouve cette fois quelques noms incontournables du X américain d'alors tant hétéro que gay tels que Paul Barresi (l'envoyé en cuir noir de l'homme faucon), Blake Palmer (l'Adonis à la rose) et Steve Collins (l'homme cellophane) entourés de quelques étoiles filantes du hardcore homo.
Directement sorti en vidéo Falconhead 2: the maneaters est une digne suite du modèle initial, une oeuvre moins violente que son prédécesseur mais tout aussi envoutante, fascinante, un nouveau rêve/cauchemar pièce maitresse du hardcore gay extrême réalisé à une époque où le Sida commençait à faire parler de lui, à des années lumière de l'insouciance et de la complète liberté sexuelle des années 70. Un exploit de plus qu'on peut applaudir loin du sexe sous plastique fade et si peu excitant désormais de rigueur. Les plus endurcis trouveront peut être dommage d'avoir conclu ce fabuleux diptyque sur une note d'amour, le triomphe du bien sur le mal mais ils pourront se consoler en gravant dans leur
esprit cette déclaration sentencieuse de l'Homme faucon, notre Dieu, qu'ils appliqueront à la lettre aussi souvent que possible: "Dépassez les limites de la réalité, saluez l'Homme faucon qui vit dans le reflet de chaque narcissique et baisez moi jusqu'à ce que je saigne pour vous."
Homme faucon ici au Maniaco nous te vénérons.