Der hund von Blackwood castle
Autres titres: Le château des chiens hurlants / Giallo cobra
Real: Alfred Vohrer
Année: 1968
Origine: Allemagne / Italie
Genre: Epouvante / Krimi
Durée: 89mn
Acteurs: Heinz Drache, Karin Baal, Horst Tappert, Siegfried Schürenberg, Agnes Windeck, Ilse Pagé, Mady Rahl, Uta Levka, Hans Söhnker, Otto Stern, Alexander Engel, Tilo von Berlepsch, Harry Wüstenhagen...
Résumé: Un homme est tué par un effroyable chien noir aux crocs acérés aux abords de Blackwood castle la nuit même où la belle Jane Wilson arrive au domaine dont elle vient d'hériter à la mort de son père. Si dans un premier temps elle refuse cet héritage elle finit par l'accepter. Dés lors toutes les personnes intéressées de près ou de loin par le château sont assassinées par le mystérieux chien. Un inspecteur de Scotland Yard vient mener l'enquête...
Spécialisé un temps dans le krimi, le thriller à l'allemande, la firme teutonne Rialto offre avec Le château des chiens hurlants sa vingt-cinquième adaptation des écrits de Edgar Wallace même si le film en a les caractéristiques l'intrigue pour être tout à fait exact, n'est nullement rattachée à un des romans de l'écrivain. Elle fut concoctée par le scénariste Herbert Reinecker déjà responsable de quelques films produit par la Rialto d'après une idée originale de Frantz Seitz.
Par une sombre nuit non loin du domaine de Blackwood Castle, un homme se fait agresser
et tuer par un effroyable doberman aux canines démesurément longues. Au même instant la jeune et séduisante Jane Wilson, la fille d'un capitaine au long cours récemment décédé, arrive au château afin d'hériter du domaine. Peu décidée à reprendre les rênes du château elle décline l'offre jusqu'au moment où elle surprend le notaire proposer à un homme de lui vendre le domaine. Du moment où elle accepte cet héritage une série de personnages tous logés à l'auberge Old Inn et intéressés par Blackwood Castle meurent assassinés par le terrible chien noir qu'on entend hurler la nuit dans les bois. Un inspecteur de Scotland Yard et son assistante débarquent pour mener l'enquête. Une chose les surprend très vite. Si les
victimes ont bien été mordues par un chien elles sont cependant mortes empoisonnées par un venin de serpent. Au fil de leurs investigations ils vont se retrouver au coeur d'un véritable imbroglio d'énigmes dont le dénominateur commun est un vol de bijoux commandité par le défunt père de Jane et ses complices, tous réunis incognito au château, afin de s'emparer du butin...
Tourné durant l'hiver 1967 Le château des chiens hurlants, tardivement distribué en France, est bien plus qu'un simple krimi, c'est un amusant, certains diront ludique, mélange de genres alors en vogue. Le film de Alfred Vohrer emprunte beaucoup au cinéma d'épouvante
gothique tant anglais qu'italien. Il y a tout d'abord le lieu de l'action, un sinistre château dressé au milieu de la campagne brumeuse, et son décor tout aussi lugubre avec sa cohorte de pièces mystérieuses et leurs chandeliers, ses statues, ses tableaux, ses toiles d'araignées, ses fenêtres qui s'ouvrent par les nuits d'orage, ses passages secrets et bien sûr sa crypte où repose le corps du capitaine. Il y a la vieille auberge et ses portes dérobées, l'inquiétant homme à tout faire borgne du défunt qui s'occupe avec dévotion de sa collection de serpents et bien entendu le fameux chien noir, un doberman aux crocs acérés dont les hurlements se perdent dans la nuit, un véritable vampire qui attaque ses proies. L'élément
gothique est la composante essentielle du film sur lequel se greffent donc les rouages du krimi, une intrigue plutôt complexe dans laquelle se débat une pléiade de personnages, tous susceptibles d'être autant victimes que coupables. L'intrigue est ici d'autant plus alambiquée qu'il n'y en a pas moins de quatre qui au final s'emboiteront comme les pièces d'un puzzle aussi improbable soit-il lors d'une ultime partie où Vohrer multiplie les rebondissements et les coups de théâtre à un rythme infernal. Autant dire qu'il faut être attentif et rester en éveil si on veut suivre sans mal cette fausse histoire d'épouvante sans trop s'y perdre.
Outre ces deux grandes directions Le château des chiens hurlants s'inspire bien sûr du
Chien des Baskerville, l'influence est flagrante, mais il lorgne également du coté des thrillers à l'anglaise avec l'intervention de Scotland Yard et son atmosphère "so british" même si le film est tourné en Allemagne. On songe même de temps à autres aux Fantomas de André Hunnebelle notamment Fantomas contre Scotland Yard dont Vohrer vole quelques scène comme celle où l'un des protagonistes enlève son faux visage en latex. Mais c'est surtout son aspect humoristique qui le démarque du krimi habituel. Le film de Vohrer est en fait une parodie des styles cinématographiques dont il s'inspire. L'humour, le comique sont omniprésents de manière parfois discrète mais le plus souvent bien mis en évidence sous
forme de gags, de situations quasi burlesques, dans ses différents personnages et évidemment dans ses dialogues aussi réjouissants qu'absurdes. L'ensemble est par moment tout aussi absurde. Certains pourraient l'apparenter à des oeuvres telles que le stupide Bourreau écarlate de Massimo Pupillo pour son non sérieux. C'est peut être là le principal défaut de cette coproduction italo-germanique. Cet évident parti pris pour le comique, le pastiche risque de déplaire voire d'irriter ceux qui sont imperméables à l'humour dans les films d'autant plus que Vohrer est incapable de créer une réelle atmosphère, une ambiance inquiétante, donc de provoquer le moindre frisson. Ce qui visiblement n'était de
toutes façons pas son objectif ici. Les quelques rares tentatives tombent vite à l'eau désintégrées justement par cet humour et plus encore par une bande originale assez laide essentiellement composée de guitare électrique, une musique totalement anachronique entre rock et jazz rock sautillant bien peu en adéquation avec ce sombre château et ses landes embrouillardées dans lesquelles se perdent les hurlements des chiens. Difficile donc d'accrocher dans ces conditions si on est un fervent amateur de frissons mais les amateurs de comédies horrifiques, eux, devraient se régaler.
L'interprétation s'en donne à coeur joie et semble réellement s'amuser et surtout investir
dans cette histoire qu'elle fait vivre à un rythme trépident. Aucun temps mort donc aucune raison de s'ennuyer si on aime rire bien sur. En tête d'affiche les acteurs récurrents aux films de la Rialto Siegfried Schürenberg et Ilse Page dans les rôles respectifs de Sir John et de son assistante, Heinz Drake est un inspecteur façon Sherlock Holmes et notre futur inspecteur Derrick, Horst Tappert, joue ici un brigand. C'est Karin Baal qui trois ans plus tard sera l'épouse de Fabio Testi dans Mais qu'avez vous fait à Solange qui se glisse dans les nuisettes de la blonde héritière.
Bénéficiant d'une superbe photographie qui met en valeur ses magnifiques décors gothiques Le château des chiens hurlants est un divertissement parodique fort sympathique si toutefois on apprécie l'humour et la dérision. Si on préfère frémir dans des ambiances sombres et inquiétantes on risque de trouver l'ensemble un brin fastidieux. On aura également le droit de lui préférer les Fantomas sus cités si l'humour teuton nous indiffère. A chacun sa tasse de thé.