Faccia da schiaffi
Autres titres: Nino i Nano
Real: Armando Crispino
Année: 1969
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 90mn
Acteurs: Gianni Morandi, Laura Belli, Duilio Cruciani, Enzo Cannavale, Luca Sportelli, Grit Freyberg, Maria Zehetner, Renato Pinciroli, Derio Pino...
Résumé: Nino survit en faisant de petits boulots qu'il ne parvient jamais à garder. Un jour sa route croise celle d'un petit orphelin, Mario. Ils deviennent vite amis. Nino lui offre le gite. Ensemble ils vont mettre au point mille petits larcins pour gagner de l'argent facilement et pouvoir manger à leur faim. Leur amitié s'assombrit le jour où Nino décide de courtiser la fille du cafetier dont il est amoureux...
Essentiellement connu pour ses deux gialli, L'etrusco uccide ancora et Frissons d'horreur, Armando Crispno est également auteur de quelques autres films tout aussi intéressants mais malheureusement méconnus du grand public. Après une affriolante proto décamérotique, Les nuits facétieuses, un étrange western christique, Johnny le bâtard, et un film de guerre, Commandos, Crispino s'essaie à la comédie en réalisant cette fois une sorte de proto lacrima-movie, un genre qui dés le milieu des années 70 connaitra en Italie un grand succès en Italie, Faccia da schiaffi, littéralement Tête à claques en français.
Nino est un garçon romain d'une vingtaine d'années qui vit au jour le jour au gré des emplois qu'il trouve. Maladroit, gaffeur, il ne parvient pas à garder un travail plus d'une journée. Un jour il rencontre Mario, un petit orphelin d'environ 10 ans qui vient de s'échapper de l'orphelinat. Nino se prend d'affection pour l'enfant et l'invite à partager son toit. Une complicité nait très vite entre eux. Ensemble ils vont inventer mille astuces pour gagner de l'argent illégalement et pouvoir ainsi manger jusqu'au jour où Mario est arrêté et envoyé dans une maison de correction. Nino le fait s'évader et la vie reprend son cours. Tout irait pour le mieux si Nino n'était pas amoureux de la belle Annamaria, la fille du cafetier qui ne cesse de le repousser.
Un concours de circonstances la fait changer d'avis. Ils débutent une belle romance au grand désespoir de Mario qui craint d'être abandonné, de ne plus avoir toute l'attention de celui qu'il considère comme son grand frère. L'enfant va tenter de faire échouer leur idylle. En vain. Mario décide alors de quitter Nino. Il prend le train et s'en va. C'est à cet instant que Nino ressent le vide laissé par le départ de son petit compagnon. Mais il semble être trop tard. A moins que...
Souvent classé dans la catégorie comédie musicale Faccia da schiaffi n'en est absolument pas une. L'erreur vient du fait que son principal protagoniste n'est autre que Gianni Morandi,
alors chanteur play-boy très connu en Italie qui jusque là n'avait tourné que des comédies musicales. Avec Faccia da schiaffi Morandi tentait de passer à autre chose et s'essayait à la comédie populaire prolétarienne. Le film de Crispino met en scène deux garçons dont un enfant orphelin que le hasard réunit un jour au détour d'une rue de la banlieue de Rome en cette fin d'années 60. L'histoire tourne autour de leur amitié, leur complicité et se contente de les suivre au fil de leurs mésaventures. On se rapproche clairement des futurs lacrima-movies, ces pellicules à l'eau de rose dégoulinantes de bons sentiments, d'une grande tristesse, dont un enfant est souvent au centre d'une intrigue écrite tout spécialement pour
activer les glandes lacrymales du spectateur. Et quelques larmes il en versera ici du moins le plus sensible car Faccia da schiaffi est avant tout une comédie populaire fraiche, légère, sympathique avec ses petits moments touchants.
Le sujet n'est pas très original. On pourrait même lui reprocher d'être un peu répétitif. En fait une bonne partie du métrage plus exactement la première bobine s'intéresse aux petits larcins et astuces du tandem pour gagner facilement de l'argent en provoquant notamment des accidents de voiture. L'enfant s'infiltre dans l'automobile repérée, enlève le frein, s'en extirpe discrètement. Il n'y a plus qu'à attendre que le véhicule percute le scooter de Nino que
le conducteur devra lui rembourser. L'idée est drôle mais enchainée à répétition durant presque 20 minutes cela donne le sentiment que les scénaristes n'ont guère fait preuve d'imagination. Le gag devient ronflant. S'ensuit en général une scène de "grosse bouffe" où les deux complices se goinfrent de spaghettis et autres énormes paninis.
La seconde partie est plus axée sur Nino et ses amours déçues. Mais là encore on sent un certain manque d'imagination. L'idée d'avoir transformé Nino en guide touristique bien malgré lui suite à la rencontre avec deux jolies touristes allemandes est étrange, semble ne pas vraiment avoir sa place dans cette histoire. N'a t-on pas soudainement l'impression
qu'elle n'est pas là que pour combler un certain vide scénaristique pour ensuite rebondir sur la romance entre Nino et Annamaria.
Malgré la faiblesse de son scénario Faccia da schiaffi est une comédie plaisante, divertissante, agrémentée de moments drôles voire très drôles (le pétard dans les fesses du curé). Elle vaut essentiellement pour l'éminente sympathie des deux protagonistes, leur relation d'amitié presque fraternelle, cette tendresse qui les unit. Toujours agréable aussi est revoir la Ville Eternelle en cette fin de décennie, de surcroit très joliment photographiée. L'amateur ne pourra que noter et apprécier les clins d'oeil cinématographiques que Crispîno
accumule tout au long du film. Les deux héros vont voir et débattent sur Corri uomo corri / Saludos hombres de Sollima, passent devant l'affiche de L'empreinte de Frankenstein, Maciste contro Ercole, Ursus... . Quant au duo Nino-Mario il fonctionne parfaitement. Gianni Morandi n'est peut être pas un grand acteur mais il s'en sort plutôt bien et ne peut s'empêcher de pousser la chansonnette. Il interprète notamment Storia d'amore, un titre qui appartient à son rival d'alors, le grand Adriano Celentano, et la chanson générique Ma chi se ne importa. Vu le nombre de cigarettes que Gianni fume durant tout le métrage il est certain qu'il a du être sponsorisé par une certaine marque de tabac. Quant au petit garçon c'est ici la
seconde surprise du film. Il s'agit du petit Duilio Cruciani dont c'était le tout premier rôle à l'écran. Surprise car Duilio fait partie de ces rares enfants-acteurs tout à fait supportables à l'écran. Jamais niais, jamais mièvre il joue avec justesse et talent sans tomber dans le stéréotype et sait charmer sans en faire des tonnes. Duilio connaitra un certain succès par la suite. Il saura séduire l'Italie avant de tragiquement disparaitre dans les années 80 victime d'une overdose.
Totalement inédit en DVD comme une bonne partie des films du cinéaste Faccia da schiaffi est une gentille découverte, une légère bouffée d'air pur que l'amateur de comédies saura apprécier. Les admirateurs de Morandi seront eux aussi au rendez-vous. Sans aucun doute.