Los diablos del mar
Autres titres: Les diables de la mer
Real: Juan Piquer Simon
Année: 1982
Origine: Espagne
Genre: Aventures
Durée: 84mn
Acteurs:
Résumé: Six adolescents et leur chien voyagent à bord du Waldeck quand leur navire est incendié par le pirate et marchand d'esclaves Van Hassel, Ils parviennent cependant à lui échapper. Après des jours à dériver sur l'océan ils sont recueillis à bord du Pilgrim, le baleinier du Capitaine Hull. Le capitaine et la plupart de son équipage trouvent malheureusement la mort alors qu'ils chassent une baleine, laissant le bateau sous le commandement du jeune mousse Dick Sand. A la suite d'une violente tempête Dick, les adolescents et l'équipage survivant s'échouent sur une ile le long des côtes africaines où les attendent fauves affamés, tribus hostiles, fourmis meurtrières et surtout des trafiquants d'esclaves menés par Van Hessel. Les adolescents vont non seulement devoir lutter pour rester en vie mais aussi combattre Van Hessel et ses hommes afin de mettre fin à son commerce d'esclaves...
Essentiellement connu en France pour son aguicheur Le sadique à la tronçonneuse, véritable série Z aussi fauchée que mal dirigée qui n'a d'intéressant que son titre, et un petit film subaquatique The rift le madrilène Juan Piquer Simon a passé la majeure partie de sa carrière à produire et réaliser toute une série de petits films d'exploitation dés le milieu des années 70 sans jamais se spécialiser dans un genre réellement précis. Du documentaire à l'horreur en passant par le film d'action, de super héros et de bestiaire Piquer Simon était un touche à tout qui en 1981 décide d'adapter un des nombreux romans de Jules Verne, Un
capitaine de 15 ans, que nous avons tous lu un jour durant notre adolescence. L'exercice était assez périlleux puisqu'il demandait tout de même un certain talent dont le cinéaste n'a pas toujours fait preuve. Fort est de constater que le résultat est contre toute attente une bonne voire très bonne surprise.
Six adolescents venus d'horizons différents, tous fils d'immigrants, Mark l'anglais, Gérard le français, Vittorio l'italien, Alvaro l'espagnol, Edson le portugais, Herman l'allemand voyagent à bord du Waldeck quand leur navire est incendié par Van Hassel, un pirate et marchand d'esclaves redoutable, Ils parviennent cependant à lui échapper en sautant à bord d'une
chaloupe. Après des jours à dériver sur l'océan ils sont recueillis à demi morts à bord du Pilgrim, le baleinier du Capitaine Hull. Le brave capitaine et la plupart de son équipage trouvent malheureusement la mort alors qu'ils chassent une baleine. Le commandement du Pilgrim revient au jeune fils adoptif du capitaine, le mousse Dick Sand, un garçon d'une quinzaine d'années. A la suite d'une violente tempête Dick, les adolescents et l'équipage survivant s'échouent sur une ile quelque part le long des côtes africaines où les attendent fauves affamés, éléphants colériques, tribus hostiles, fourmis meurtrières et surtout des trafiquants d'esclaves menés par Van Hessel. Les adolescents qui ne s'attendaient pas à
revoir le cruel pirate vont devoir lutter pour rester en vie et combattre Van Hessel et ses hommes.
Les diables de la mer s'inspire bien sûr de Un capitaine de 15 ans dont il reprend le personnage du jeune mousse Dick Sand, du capitaine Hull et son baleinier Le Pilgrim et quelques autres caractères du célèbre roman comme le maitre-queux Negoro. Piquer Simon conserve une partie du récit dont la partie de chasse au cétacé qui se termine en désastre avec la mort du capitaine, le naufrage des survivants sur les côtes africaines suite à la tempête, la trahison de Negoro et bien évidemment l'esclavagisme, thème principal du roman. Il y ajoute cependant quelques variations, quelques éléments qui rappelleront aux passionnés de l'écrivain certains autres de ses romans dont Deux ans de vacances pour la
présence de six adolescents qui s'échouent suite à leurs démêlés avec une bande de pirates. La fusion fonctionne parfaitement sans jamais trahir le récit originel mais là où Les diables de la mer s'éloigne des écrits de Jules Verne c'est sur la vision de l'esclavage qu'offre Piquer Simon. Si Un capitaine de 15 ans le condamnait fermement le cinéaste quant à lui en fait un élément de voyeurisme comme il se fait un plaisir d'appuyer l'aspect exploitatif du scénario. Ainsi il arrose l'ensemble d'une touche d'érotisme bon enfant en créant le personnage de Jenny, la charmante fille du propriétaire du Pilgrim, mais accumule surtout
les tueries animales (un lion, un éléphant et même le chien des adolescents ne trouvera pas grâce à ses yeux) dont l'apothéose est la chasse à la baleine, une longue séquence, nerveuse, joliment menée, parfois impressionnante durant laquelle l'océan va se teindre en rouge. Il multiplie les effets pyrotechniques, insiste sur les plans de cadavres, de squelettes putrescents, d'homme brulé vif... . Au bout du compte Piquer Simon transforme la jolie aventure de l'écrivain, le roman de notre jeunesse, en un véritable petit film d'exploitation qui risque à coup sûr de faire hurler les puristes mais faire mouche auprès des amateurs.
On flirterait presque par instant avec le mondo lors de brèves séquences qui traitent de l'esclavagisme, de la vente et de la maltraitance des esclaves noirs, fouettés, enchainés, torturés, leur village mis à sac, jusqu'à la révolte finale. Un véritable petit bonheur qui devrait réjouir un public friand de tels spectacles .
Malgré ses quelques excès qui risqueraient de heurter un jeune (très jeune?) public Les diables de la mer reste avant tout un très bon d'aventures exotiques mené tambour battant. Bénéficiant d'une mise en scène soutenue, alerte, sans aucun temps mort cette adaptation ibérique d'Un capitaine de 15 ans même si elle n'a pas réellement l'ampleur des versions
hollywoodiennes des romans de Jules Verne ni le souffle épique des grandes aventures océanes sait cependant marier l'humour bon enfant, le suspens, l'action et cette cruauté propre aux grands films de pirates le tout filmé dans les splendides décors naturels des côtes espagnoles et portugaises ainsi que Les Açores et de l'Afrique équatoriale où fut tourné Los diablos de las mar, leur faune (crocodiles, serpents, lions, éléphants, vautours, fourmis cannibales, buffles...) et leur flore, tandis quelques stock-shots de jungle judicieusement insérés tout au long de la pellicule apportent à l'ensemble une touche de crédibilité supplémentaire. On regrettera simplement la débilité profonde du personnage de
Benedito, le chasseur de papillons myope, et la présence de Jack, l'enfant insupportable qu'on rêve de voir disparaitre dés sa première apparition à défaut de lui mettre une bonne fessée avant de le bâillonner afin d'éviter qu'il ne parle du moins dans la version française qui accentue son caractère franchement irritant.
L'interprétation est des plus honnête, efficace, avec en tête dans la peau de Dick Sand Gabriel Jimenez, un jeune acteur venu de la télévision. A ses cotés on retrouve le comédien fétiche du cinéaste, présent quasiment dans tous ses films, Ian Sera, qui terminera sa carrière cinématographique dans l'érotisme (Christina y la reconversion sexual) avant de
passer à la production, ainsi que toute une pléthore de gueules incontournables du cinéma espagnol dont Aldo Sambrell, Frank Brana, Luis Barboo et Ricardo Diaz. C'est l'américaine Patty Sheppard, un nom là encore indissociable du cinéma ibérique, qui se glisse dans les robes de Mme Weldon. Alors dans sa période espagnole Gérard Tichy qui avait déjà interprété un héros crée par Jules Verne (il fut Cyrus Smith dans la série télévisée L'ile mystérieuse de Juan Antonio Bardem et Henri Colpi) incarne cette fois le capitaine Hull. Ultime atout et non des moindres la présence de jeunes acteurs fort séduisants (plus particulièrement Gérard, Alvaro et Vittorio) dont ce fut pour la plupart le seul rôle au cinéma
qui interprètent les adolescents embarqués malgré eux dans cette aventure trépidante. Un plaisir pour les yeux.
Loin d'être un des films les plus connus de son auteur Les diables de la mer est un très agréable petit film d'aventures pas toujours très familial mais fort divertissant, presque captivant qui satisfera sans nul doute tant les fidèles de Jules Verne malgré ses quelques libertés que les amateurs d'aventures teintée d'exploitation.