Space men
Autres titres: Le vainqueur de l'espace / Uomini spaziali / Assigment: outer space
Real: Antonio Margheriti
Année: 1960
Origine: Italie
Genre: Science-fiction
Durée: 85mn
Acteurs: Rick Von Nutter, Gaby Farinon, David Montresor, Archie Savage, Alan Dijon, Franco Fantasia, Anita Tedesco, Giuseppe Pollini, Josè Nestor, David Maran...
Résumé: Le pilote de la navette spatiale Alfa 2 décède subitement. La capsule est désormais hors de contrôle et menace de rapidement entrer en collision avec la Terre. Une équipe d'astronautes et un intrépide journaliste en quête d'un scoop vont tout tenter pour empêcher l'imminente catastrophe...
L'Italie n'a jamais été très friande de science-fiction , un genre cinématographique qu'elle a souvent délaissé. Les exemples de ce style bien spécifique sont donc assez rares de ce coté des Alpes à l'exception de quelques titres qui sans être révolutionnaires ont tout de même eu le mérite de représenter le genre notamment dans les années 60 lorsque les Etats-Unis vivaient au rythme des invasions extra-terrestres et autres catastrophes stellaires. Si Space men / Uomini spaziali fait partie de ces exemples il est surtout et avant tout le tout premier film de science fiction italien à voir le jour, une sorte de pionnier aujourd'hui bien vieillot mais
qui possède ce charme désuet propre à ces oeuvrettes spatiales que l'amateur aime visionner d'un oeil plein de nostalgie.
A l'heure de la grande conquête spatiale l'impétueux journaliste Ray Peterson vient de rejoindre une des stations qui gravite autour de la Terre en quête d'une histoire sensationnelle. S'il se met très vite à dos le commandant de la base pour son arrogance et son inconscience un évènement inattendu lui offre le scoop dont il rêvait. A la suite de la mort subite de son pilote le vaisseau spatial Alfa 2 s'est mis automatiquement en pilotage automatique mais il est devenu malheureusement incontrôlable. En pleine chute libre il
navigue désormais de manière totalement folle autour de notre système solaire. Lors de sa prochaine révolution Alfa 2 s'approchera très prêt de la Terre à une distance de 3500 miles et risque de la percuter occasionnant ainsi d'énormes dégâts sur notre planète. Sa course doit être donc stoppée et le vaisseau détruit. Les astronautes de la base vont devoir tout mettre en oeuvre pour éviter la catastrophe. Ils essaient dans un premier de détruire Alfa 2 à l'aide de missiles mais la tentative est vaine. Face à l'inéluctable c'est le journaliste qui va alors tenter de détruire le vaisseau au péril de sa vie. Il parvient à entrer dans Alfa mais s'y retrouve bloqué. En manque d'oxygène il agonise lentement. Le commandant tente alors le tout pour
le tout pour le récupérer. Mission réussie. La terre est sauvé. Peterson retrouve ses esprits, possède son scoop et file le parfait amour avec la belle Lucie.
Grand amateur de science-fiction on doit à Antonio Margheriti qui se verra offrir l'opportunité de travailler sur 2001 l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick la saga intitulée Gamma 1 du nom de la base spatiale où se déroulent les quatre films de cette série destinée au départ au marché américain. Cinq ans avant sa création le futur grand cinéaste réalisa ce Space men / Le vainqueur de l'espace qu'on peut voir comme une sorte d'ébauche, un avant-gout de ce que sera sa saga. Avec très peu de moyens Antonio Margheriti nous concocte un petit
film de science-fiction dans lequel on retrouve déjà bien des éléments de sa future tétralogie tant dans les décors que le design de ses fusées archaïques, le style de ses cosmonautes flottant devant un fond d'étoiles en carton et les effets spéciaux rudimentaires mais fonctionnels.
Aucune surprise donc si ce n'est la pauvreté des effets spéciaux, plus spécialement des maquettes et surtout cet aspect documentaire ressenti dés les premières images. Margheriti invite son spectateur à monter à bord d'une base spatiale afin de lui faire découvrir la vie des astronautes, leur quotidien dans l'espace tout en tentant une petite
approche psychologique de l'homme au milieu des étoiles, sur la condition humaine plongée au coeur de l'univers (la déshumanisation, la perte d'identité, l'homme réduit à un matricule, les erreurs commises par les machines, l'ordre et l'obéissance en milieu inconnu...) et quelques réflexions philosophiques sur l'ambition humaine avec pour fil conducteur les raisons qui poussent pousse l'Homme à connaitre les secrets de l'univers avant de se connaitre lui même. une réflexion qui reste bien sûr minimaliste mais donne un coté humain, apporte une certaine tendresse à l'ensemble plutôt agréable.
La présence d'un narrateur sur certaines séquences évoquerait même par instant le pseudo
mondo. L'idée d"un néologisme traverserait même l'esprit, le space mondo! La tentative est donc intéressante parfois même touchante d'où cette éminente sympathie ressentie pour ce petit film fauché ponctué de quelques scènes d'action et de suspens toujours aussi naïves trop peu nombreuses malheureusement cette fois.
C'est là un des gros défauts de ce Vainqueur de l'espace dont la lenteur pourra en rebuter certains. Il est vrai qu'il ne se passe pas grand chose d'autant plus que l'intrigue déjà assez faible au départ ne connait guère de rebondissement. Pour passer le temps on doit donc subir de longues plages de dialogues peu intéressants, de prises de bec entre l'impétueux
journaliste et le commandant fort peu aimable et de transmissions radio entre base et vaisseaux auxquelles s'ajoutent les commentaires du narrateur et une bluette bien mièvre entre Peterson et Lucie la jolie scientifique. C'est pour dire que les rares séquences d'aventures sont les bienvenues entrecoupées des inévitables sorties dans l'espace des astronautes toutes filmées bizarrement en noir et blanc. On notera bien entendu moult incohérences, invraisemblances (les astronautes qui fument dans le vaisseau pour se détendre) et drôleries mais nous sommes en 1960 dans un petit budget qui sur le plan scientifique ne se prend pas forcément au sérieux.
L'interprétation n'a rien d'extraordinaire, plutôt transparente. Autour d'une poignée de comédiens éphémères l'ex-mari d'Anita Ekberg, Rik Van Nutter dont on se souvient surtout pour son rôle dans Opération tonnerre, prête son regard de bellâtre au journaliste impétueux et si humain. David Montresor est un commandant peu aimable. L'acteur de couleur Archie Savage, danseur réputé dont on a tient les cheveux en blanc neige, est le pilote X15. L'atout féminin est ici confiée à Gabriella Farinon.
Aussi fauché soit il ce tout premier film de SF italien s'il est loin d'être un chef d'oeuvre n'en demeure pas moins une intéressante petite pellicule d'une touchante naïveté qui vaut avant
tout pour son coté humain, la tendresse qui en émane, ses idées, son coté tant philanthrope que philosophe qui en fait sa force principale. On regardera donc ce Vainqueur de l'espace avec un oeil attendri et nostalgique en gardant à l'esprit que Margheriti bien avant son heure de gloire était à ses débuts un cinéaste déjà prometteur, talentueux qui se distinguait de ses confrères.
Il est utile de signaler que comme souvent pour les films de SF que Margheriti a tourné il existe quelques différences notoires entre les versions américaines et italiennes. Pour ce qui concerne Space men la version italienne est beaucoup plus longue (85mn) que la version américaine (75mn), le montage est également différent tout comme certains dialogues sans que cela ne change rien à l'histoire.