Amore letti e tradimenti
Autres titres:
Real: Alfonso Brescia
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 96mn
Acteurs: Don Backy, Ugo Bologna, Marisa Mell, Malisa Longo, Sonia Viviani, Enzo Spitaleri, Franco Cremonini, Riccardo Parisio Perrotti, Roberto Giraudo, Paola Maiolini, Paola D'Egidio, Alfredo Adami, Aristide Bastiano, Luciano Martana...
Résumé: Un riche industriel veut construire un gris complexe immobilier sur une partie des terres des bergers de la région. Un d'entre eux, Baldo, refuse de vendre les terres où paissent ses chèvres. Afin de le convaincre l'industriel sous l'influence de sa jeune et très charmante épouse l'invite à passer quelques jours dans sa luxueuse villa afin de le convaincre de vendre...
En véritable touche-à-tout le besogneux Alfonso Brescia s'est essayé durant sa longue carrière à de nombreux styles cinématographiques avec plus ou moins de bonheur. Force est de reconnaitre que la comédie n'a jamais vraiment été son fort. Amore letti e tradimenti qu'il réalisa en 1975 en est une nouvelle fois la preuve flagrante.
Le commandeur Guido Mordacchia, vieux et riche industriel milanais en pleine spéculation, est très fier de son nouveau projet, tout un complexe immobilier qui s'élèvera sur une partie de la région. Il va malheureusement pour lui être confronté à Baldo Maraccioni, un jeune
berger récalcitrant qui refuse de lui vendre ses terres où paissent ses chèvres. Et tant qu'il ne cède pas le projet ne pourra avoir lieu. Les deux agents de Guido ont échoué à le convaincre de vendre. Greta, la jeune et affriolante épouse du vieux Guido lui souffle alors une idée: qu'il aille lui même voir Baldo et lui promette beaucoup d'argent et de nouvelles en terres en échange des siennes. Baldo refuse toujours et c'est le pied dans une bouse de vache que Guido rentre chez lui, furieux. Reste une solution. Jouer la carte de la séduction. Greta se dévoue trouvant là l'occasion d'échapper à son mari que le sexe n'intéresse plus vraiment, trop préoccupé par son projet, mais également Paola la fille communiste née d'un premier
mariage du commandeur, Même Maria, la plantureuse domestique, et Giulietto le valet homosexuel mettront leurs charmes à contribution pour essayer de faire changer d'idée le berger têtu. Baldo est ainsi invité dans la somptueuse villa du couple afin d'y passer quelques jours. Accompagné de son chevreau Baldo s'installe dans la demeure et découvre le charme du luxe mais l'hospitalité de ses hôtes ne le font pas changer d'avis quant à la vente de ses terres. Finalement Guido et Baldo vont les jouer aux cartes. Malheureusement pour Guido le berger s'avère très fort au jeu. Le commandeur finit ruiné. C'est Baldo qui va alors prendre la place du spéculateur et devenir à son tour un homme sans scrupules bien
décidé à acheter à son tour les terres de ses anciens camarades.
Amour coucheries et trahisons, traduction littérale du titre, cela ressemble à l'intitulé d'un quelconque soap ou d'une comédie graveleuse mais qu'on ne s'y fie guère puisqu'il s'agit en fait d'une banale comédie italienne qu'on a bien du mal à qualifier de sexy. Si trois ans avant le début de sa collaboration avec Mario Merola et Ciro Ippolito Alfonso Brescia donne à son film quelques vagues prétextes anti bourgeois et touches contestataires Amore letti e tradimenti n'est qu'une anecdotique petite production qui se veut drôle mais ne parvient jamais à décoller. Faire rire est un art. Force est de constater que Brescia échoue. Peu
inspiré semble t-il, il use et abuse des grosses ficelles du genre en alignant une série de gags téléphonés vus et archi vus qui ici ne fonctionnent pas ou si peu à moins d'avoir le rire facile Le manque d'originalité du scénario ne fait que renforcer l'insipidité de l'ensemble. Le gentil berger un peu niais mais déterminé et ses moutons face à un implacable spéculateur n'a rien de très nouveau. L'ensemble sent d'autant plus très rapidement le réchauffé que Brescia manque visiblement d'imagination. L'histoire traine en longueur, se répète. Certains gags s'éternisent, n'en finissent plus de se terminer. Pour preuve la longue séquence du repas familial et celle du bain moussant qui par instant paraissent quelque peu improvisées
afin d'atteindre les 90 minutes réglementaires. Ainsi le réalisateur comble le vide d'une intrigue qui n'en est pas réellement une jusqu'au final hautement prévisible et bien décevant. On joue le tout sur une partie de cartes que Brescia tente assez vainement de filmer comme un duel à la mode western. Le gentil berger deviendra aussi intransigeant que son ancien rival dont il a pris la place. Tout ça pour ca. voilà qui déçoit encore plus.
On ne se rattrape pas sur l'érotisme très peu présent cette fois d'où l'impossibilité de classer ce film dans la longue liste des sexy comédies. On se contentera d'une vision de la poitrine gratuitement dénudée de la domestique interprétée par une Malisa Longo toujours aussi
exhibitionniste mais mauvaise actrice, la danse du ventre de Sonia Viviani, la fille de Guido, qui avouons le à ici un rôle tout à fait décoratif et deux strip-tease avortés de Marisa Mell, certes jolie mais dont le jeu se limite à faire ce qu'on lui demande. Rien de plus. On devine le rôle alimentaire dans une carrière alors sur la pente déclinante. Reste Paola Maiolini qui s'exhibe en lingerie fine lors de ses quelques scènes franchement inutiles à l'image de son rôle de secrétaire facile. Signalons la présence furtive de Paola D'Egidio dans la mini-jupe d'une putain, son rôle fétiche avant d'être une des plus belles garces des futurs nazisploitations.
L'ensemble du film repose essentiellement sur les épaules du vétéran Ugo Bologna, parfait dans le costume du vieux spéculateur, et celles de Don Backy dans celui du berger. C'est là que le de nouveau le bât blesse. Don Backy n'a jamais été un grand acteur, plus à l'aise dans la chanson et la musique. Jouer les comiques n'est pas donné à tout le monde. Malgré une évidente volonté d'y parvenir il ne fait jamais vraiment rire ou sourire. Il passe le plus clair de son temps à rouler des yeux de merlans frits, grimacer et tomber, en costume ou en caleçon, doublé par une voix italienne parfaitement insupportable qui donne à son personnage particulièrement bavard bien vingt ans de plus que l'âge qu'il est censé avoir. A y
réfléchir Backy semble au début du film s'être échappé d'une décamérotique ou être la réincarnation du Serafino de Pietro Germi.
Réalisé sans grande conviction ni détermination, ni vraiment drôle encore moins pétillante, d'une simplicité extrême Amore letti e tradimenti est une comédie dispensable, tout à fait oubliable, qui finit assez vite par lasser. Restent les jolis paysages de Manziana, les luxueux décors de la villa Lumbroso di Casal où furent tournés grand nombre de films et la présence de Marisa Mell et Sonia Viviani pour leurs fans respectifs. Vite vu vite oublié Amore, letti e tradimenti n'aura guère laissé de trace dans l'histoire de la comédie italienne.