LSD pochi dollari per l'inferno
Autres titres: Prisonniers du plaisir / LSD un atomica nel cervello / LSD Il piacere mortale / LSD droga del secolo / LSD flesh of devil
Real: Massimo Mida Puccini
Année: 1967
Origine: Italie
Genre: Espionnage / Action
Durée: 86mn
Acteurs: Guy Madison, Franca Polesello, Mario Valgoi, Lucio De Santis, Adriano Micantoni, Karin Skarreso, Luciano Rossi, Pier Annibale Danovi, Isarco Ravaioli, Virgilio Gazzolo, Enrico Ribulsi, Emilio Marchesini, Mimmo Darni, Mariella Zanetti, Ruggero Salvadori, Lucia Modugno...
Résumé: Le puissant Mister X, chef d'une organisation secrète nommé ECO, a pour objectif de devenir le maitre du monde grâce à une redoutable arme qu'il a mis au point. Elle utilise les effets du LSD qui peut ainsi anéantir les forces armées. L'agent secret Rex Miller s'infiltre dans l'organisation et va tenter de mettre en échec les plans diaboliques de X...
En cette fin d'années 60 deux styles cinématographiques s'imposaient alors sur les écrans, le spy movie très inspiré des aventures de James Bond et autres agents secrets et les films qui puisaient leur source dans le mouvement psychédélique. Massimo Mida Puccini, le frère de Gianni Puccini à qui on doit notamment Les 7 frères Cervi, tente avec un certain bonheur de marier ces deux genres. L'idée d'un James Bond sous acides est plaisante, le résultat n'est pas intéressant mais l'ensemble totalement improbable est surtout assez drôle.
Suite à l'assassinat de Sheila, une de ses collègues, dans un aéroport suisse, l'agent secret Rex Miller est chargé de découvrir les raisons de sa mort. Il s'avère vite que la jeune femme
avait mis à jour un réseau de trafic de LSD dont l'épicentre se situe en Calabre. L'ECO, une puissante organisation, a pour objectif de construire une arme secrète suprême à partir de LSD, afin de paralyser et réduire à néant les forces armées. Son chef, Mister X, a ainsi l'intention de devenir le maitre du monde. Après s'être fait implanté un transistor révolutionnaire sous la peau Miller se rend en Sicile sous une fausse identité afin d'infiltrer le réseau et le détruire. Il se fait passer pour un vendeur de LSD afin d'approcher Korba, un des bras droit de Mister X, qui, méfiant, enquête sur lui après lui avoir offert l'hospitalité. Miller y fait la connaissance de Francesca, une chimiste, dont il tombe amoureux. Après qu'il ait réussi à détruire une partie des approvisionnements en LSD de l'organisation la véritable identité de
Miller est malheureusement découverte. Tout se complique alors pour l'agent secret qui grâce à la complicité de Francesca et du transistor implanté dans son cou va cependant parvenir à mettre en échec l'organisation. Aidé des autorités il tue Korba et ses hommes avant d'anéantir Mister X lors d'un brutal affrontement. Francesca lui révèle alors qu'elle est aussi agent secret et travaille pour le même service que lui.
S'il est quasi certain que Vittorio Sindoni dirigea le film bien plus que Puccini lui même LSD l'inferno per pochi dollari vaut bien plus sur sa partie espionnage que pour celle qui tente bien maladroitement de traiter du LSD. L'agent secret Rex Miller dont on fait la connaissance
enfant lors de l'amusante séquence pré-générique parodique (un petit garçon anéantit avec du curare deux bandits avant de répondre à la fillette qu'il a sauvé du kidnapping: Je m'appelle Miller, Rex Miller. Quand je serais grand je ferais agent secret) n'est jamais qu'une version italienne du célèbre espion britannique qui s'il ne dispose pas des moyens de son fameux collègue est cependant assez bien équipé à l'image du chef de l'ECO visant le fauteuil très prisé de maitre du monde. Transistor révolutionnaire implanté sous la peau du cou et sa scène chirurgicalement bien détaillée, valise-fusil, salon piégé, grilles électrifiées, statue lance-flammes et son plan de combustion d'un corps... voilà un petit aperçu des
armes et autres diaboliques inventions sorti de l'imagination de Puccini qui use en outre de tous les principaux éléments du film d'espionnage traditionnel. C'est pour dire que LSD l'inferno per pochi dollari est plutôt riche en scènes d'action. Poursuites, bagarres, traquenards, trahisons, explosions s'enchainent à un rythme suffisamment régulier pour éviter que le spectateur ne s'ennuie. L'objectif est atteint même si l'intrigue en elle même est assez invraisemblable et prêtera souvent à sourire. En fait le film de Puccini n'est qu'une jolie bande dessinée, une sorte de Fumetti farfelu souvent jouissif qui se proposait de dénoncer les effets de la drogue plus précisément du LSD. Malheureusement le message social ne
passe pas, l'approche que fait Puccini étant beaucoup trop stupide pour avoir un quelconque impact.
Si c'est peut être bien là la faiblesse du film il serait fort possible que ce soit aussi un de ses points forts sans le sens où la vision que donne le cinéaste des effets du LSD est particulièrement hilarante. Il nous offre ainsi deux grands moments d'anthologie, deux longues séquences aujourd'hui cultes qui valent leur pesant de petites pilules. La première est celle où, à la façon des mondo movies, la voix off d'un scientifique explique de manière solennelle les méfaits de l'acide sur une troupe de soldats américains. Filmé en noir et blanc
à la façon d'un documentaire on y voit des Marines de Wellington qui rient l'air hébété, pleurent toutes les larmes de leur corps, dansent, prient ou comme pris d'épilepsie se roulent à terre, les yeux révulsés. La scène est particulièrement drôle et rappelle d'une certaine manière les futurs faux mondo à venir. La seconde séquence, interminable (elle avoisine les cinq bonnes minutes), est celle où une des assistantes de notre Spectre transalpin est contrainte d'avaler des acides afin de tester leur efficacité. La malheureuse est très vite prise d'hallucinations. Au son d'une musique franchement amusante la pauvre femme s'agite, roule des yeux de merlans frits, se déplace de façon saccadés avant de
sombrer en plein délire, imaginant que les gens qui l'entourent ont tous des gueules d'animaux avant de se défenestrer terrifiée par ces visions. C'est donc ainsi que Puccini met en images les effets du LSD, une succession inquiétante de têtes animales (un gorille, un cygne, un chien, un tigre...) qui apparaissent en surimpression sur le visage des acteurs. L'effet est irrésistible, fera beaucoup rire même si la scène, grotesque, a en elle même quelque chose d'angoissant. Elle aurait peut être gagné en force et surtout en crédibilité si elle avait été beaucoup moins longue. L'actrice Lucia Modugno se souvient de cette scène comme d'une scène spécialement intense où elle se donna à fond. A sa vision on n'en doute
pas une seconde!
Puccini reprendra la scène lors du final volontairement ludique cette fois lorsque Rex et Francesca, enfin tranquilles, peuvent enfin gouter à leur tour aux joies du LSD, le visage de la belle scientifique se transformant en une énorme rose rouge sous les yeux de notre agent secret en plein trip mais également sous celui hilare de leurs chefs, un moyen d'illustrer le thème principal du film chanté par Nicola De Bari Fiore rosso tandis qu'apparait ironiquement à l'écran le carton "Fine alla LSD".
La représentation des délires sous hallucinogènes, leurs dangers, tenter de convaincre le public qu'il s'agit d'un des pires maux ayant frappé notre société, un mal qui pourrait être
à l'origine d'un possible contrôle absolu de notre planète par un esprit diabolique, ne fait guère mouche. L'essai prend vite l'eau tant il manque de sérieux. Ce n'est pas le film de Puccini qui empêchera donc le spectateur de prendre des acides ou le fera réfléchir sur les périls qu'il risque d'encourir.
Toujours au crédit du film les très belles musiques et chansons qui imitent James Bond de Nicola De Bari qui enthousiasmeront tous les amoureux de psychédélisme et de mélodies estampillées fin années 60. En ce sens la bande originale est un petit régal.
On retiendra également du film une agréable interprétation de la part de Guy Madison, une
des gueules récurrentes du western spaghetti ici dans le costume de Rex, et la blonde Franca Polesello. A leurs coté toute une ribambelle d'acteurs qu'on a toujours plaisir à voir et revoir Isarco Ravaioli, le comédie fétiche de Polselli, Luciano Rossi, Lucia Modugno, Adriano Micantoni et Lucio De Santis, deux autres gueules du western italien, ou encore le globuleux Mario Valgoi.
A sa sortie en Italie LSD l'inferno per pochi dollari n'eut pas le succès escompté et n'encaissa que 76 millions de lires, bien peu par rapport au demi milliard que remporta l'année suivante Acid delirio dei sensi. Malgré son infortune le film de Puccini est une bien divertissante petite pellicule d'espionnage que l'amateur prendra plaisir à découvrir, un spy movie enlevé, ludique, un peu fou fou mâtiné de délires hallucinogènes bon enfant, porté par les thèmes superbes de De Bari.